Chapitre 16

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Il est bientôt 20h lorsque je pars dans ma chambre. Ma mère passe la soirée chez une amie, ma sœur et moi sommes donc seuls pour la soirée. Je repense à cette après-midi passée avec Newt. Je dois dire que l'évolution de notre relation me surprend mais que je n'en suis pas mécontent. Non pas que je veuille changer qui je suis, ou ma manière d'être, quoi que... je sais simplement que être en bons termes avec Newt me fait sentir plus à l'aise. Ce qui semble être réciproque.
Alors que je monte les escaliers, j'entends ma sœur m'interpeller depuis la cuisine.
-Thomas ! On est mercredi, c'est à toi de faire la vaisselle !
-Hurf ! Je soupire. Tu ne peux pas la faire toi juste pour cette fois ?
-Thomas ! Se plaint-elle
-D'accord, j'arrive. Dis-je en redescendant les marches à contre-cœur
Lorsque que j'arrive dans la cuisine, j'y retrouve ma sœur qui me tend une éponge et le liquide vaisselle.
-Allez, va dormir canard. Dis-je en m'emparant de ce qu'elle m'offre.
-Bonne nuit. Me dit-elle en sortant de la cuisine.
Je lui souhaite bonne nuit à mon tour puis me mets à faire la vaisselle. Si il y a bien une tâche que je déteste faire c'est celle-là. Avoir les mains dans l'eau, gratter les poêles, sentir les restes de nourriture sur des doigts... tout ce que je déteste. J'entends soudain une notification sur mon téléphone. Je m'essuie la main de manière approximative sur mon jean et sors mon téléphone de ma poche. C'est un message de ma mère dans lequel elle m'indique qu'elle a trop bu et que, par sécurité, elle dormira chez son amie. Je lui indique qu'il n'y a pas de problèmes et lui souhaite de passer une bonne soirée. Puis je range mon téléphone et retourne à ma tâche initiale.
Je viens seulement de reprendre ma tâche lorsque l'on sonne à la porte.
- Mais c'est pas possible ! Laissez-moi faire ma vaisselle !
Je sors les mains de l'eau et regarde ma montre : 20h07. Qui vient chez nous à cette heure-ci ?
Je prends un torchon pour m'essuyer les mains puis me dirige vers la porte. Et lorsque j'ouvre cette dernière, je suis pris d'un léger sursaut ; de peur et de surprise.
Sur le palier se trouve Newt, le teint livide, les yeux suppliants avec sa sœur en pleurs dans les bras.
Je reste quelques secondes hébété, sans savoir quoi dire.
-Newt ? Finis-je par dire.
-Je... on...
Je remarque alors que sa voix tremble au moins autant que son corps.
-On peut rentrer ? Arrive-t-il à articuler.
-Heu, oui oui bien sûr, entrez ! Dis-je en m'écartant de l'encadrement de la porte. Tout va bien ?
Newt rentre alors, en hochant la tête, sa sœur toujours dans ses bras et la tête baissée. Il s'essuie les pieds puis retire ses chaussures dans un silence olympien.
Il dépose ensuite Lizzie au sol, elle qui pleurait jusqu'à maintenant silencieusement, se met à émettre quelques sanglots, tandis que Newt lui retire ses chaussures. Je notifie seulement maintenant que elle n'a pas de manteau et que Newt à seulement sa légère veste habituelle. Ni l'un, ni l'autre ne dit un mot. Seuls les sanglots de Lizzie viennent briser le silence.
Il me semble entendre Newt renifler lorsque il se tourne vers moi.
-Est-ce que... est-ce que elle peut monter avec Émilie ?
-Oui bien sûr, elle ne doit pas encore dormir.
Il se tourne vers sa sœur.
-Ça te va Lizzie ?
Cette dernière hoche la tête tandis que Newt essuie ses larmes. J'indique à Lizzie la chambre d'Émilie, bien qu'elle soit déjà venue, puis elle se dirige vers cette dernière, toute tremblante elle aussi. Une fois Lizzie rentrée dans la chambre et donc hors de portée de voix, je me tourne vers Newt.
-Tout va bien ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
-Rien, ça va je... je veux juste qu'elle... qu'elle pense à autre chose, qu'elle soit avec son amie. Dit-il, visiblement secoué.
-Mais pourquoi ? Il s'est passé quoi ?
Newt secoue la tête et agite une main devant lui, sans arriver à dire un mot, toujours les yeux rivés au sol.
-Tu veux quelque chose à manger ?
Il secoue la tête.
-Quelque chose à boire ?
Il secoue la tête de nouveau.
-Tu veux qu'on monte dans ma chambre.
Il ferme les yeux, expire, puis hoche la tête. Je m'approche alors de lui et le saisit légèrement par les épaules puis l'aider à se stabiliser en vue de ses tremblements qui ne cessent pas. J'éteins toute les lumières, abandonnant ma vaisselle là où elle est. Newt respire difficilement et se tient à la rampe pour monter les marches. Je l'aide du mieux que je peux.
Je reste perplexe devant cette situation. Je n'arrive pas à savoir ce qu'il se passe, ni pourquoi il est là mais ce qu'il m'inquiète le plus est l'état de Newt. Il en fait presque peur. Il tremble. Sa peau est gelée mais il est pourtant trempée de sueur. Son teint est très pâle, ses yeux désormais vides... je ne le reconnais presque plus.
On arrive dans la chambre. Je dépose Newt le plus délicatement possible sur mon lit. Il rentre sa tête dans ses épaules et jette son regard dans le vide. Je m'agenouille devant lui. Je m'apprête à prendre la parole mais je me ravise. Qu'est-ce que je suis sensé dire dans cette situation ? Je ne sais même pas ce qu'il se passe. J'ai peur d'être maladroit dans mes propos, de dire ce qu'il ne faut pas. Ce qui est ironique vu mon comportement habituel. Newt garde toujours le silence. Sa respiration est légèrement bruyante, il semble avoir des difficultés à respirer. J'essaye de capter son regard mais celui-ci m'évite. Ses yeux brillent à cause des larmes qu'il refoule.
-Hey... dis-je en posant une main sur son genou, causant un frisson chez Newt.
Un sanglot s'étouffe dans sa gorge puis il ferme les yeux. Je me sens impuissant. Qu'a-t-il ? Que puis-je faire ?
Sans savoir quoi faire et voulant éviter le malaise, je me redresse et part dans un coin de la chambre sans savoir ce que je vais y faire... Quand j'entends un nouveau sanglot refoulé derrière moi ainsi qu'une voix brisée.
-Thomas...
Je me retourne et retrouve Newt, la tête toujours baissée mais cette fois, une larme dévale le long de sa joue ; et d'autre semblent la suivre. Je reprend alors ma position initiale, toujours une main sur son genou.
-Thomas... dit-il plus fort alors que un sanglot s'échappe de sa bouche, bientôt suivi par d'autres.
-Je suis là.
-Aide moi. Dit-il au travers des pleurs. Pitié, aide moi.
Puis dans un sanglot, il vient plonger sa tête dans le creux de mon épaule puis tout son corps vient bientôt se réfugier dans mes bras.
-Chht, je suis là.
Ses pleurs continuent sans qu'il n'arrive à les stopper. Je lui caresse alors doucement le dos et les cheveux. Il se blottit encore plus contre moi, comme pour se protéger d'une menace extérieure. Mais quoi ?
-C'est bien que tu extériorises...
-J'suis désolé Thomas, je savais pas où aller ! Crie-t-il légèrement.
-Chht, tu as bien fais de venir ici.
Avait-il réellement bien fait ? Allais-je vraiment réussir à arranger la situation et à l'aider ? Peu importe. Ce n'est pas ce à quoi je dois penser pour le moment. Je dois me préoccuper de Newt. Il se retire de mon étreinte afin d'essuyer ses larmes.
-Tu es tout transpirant. Tu ne veux pas aller prendre une douche ? Ça te ferait du bien.
Il renifle puis hoche la tête.
J'ai l'impression d'être à la troisième personne, d'être spectateur de la scène tellement elle me semble irréaliste. Newt redevient alors comme il était il y a quelques minutes ; vide d'émotions, le regard mort.
Je me redresse et l'aide à se relever puis l'emmène jusqu'à ma salle de bain. Nous avons le luxe d'avoir une grande salle de bains qui compte une baignoire ainsi qu'une douche, ce qui, pour être honnête, ne m'a jamais vraiment paru nécessaire, mais passons. Une fois là-bas, je l'assois sur le rebord de la baignoire et le laisse seul quelques instants le temps d'aller lui chercher une serviette.
Lorsque je reviens, Newt n'a pas bougé. Je pose la serviette sur le bord de l'évier. Il ne semble pas décider ni capable de bouger, je décide alors de l'aider. Je m'accroupis de nouveau.
-Je vais t'aider à te déshabiller, d'accord ?
Newt hoche la tête. Je commence alors à lui retirer délicatement sa veste, pour ne pas le brusquer. Il suit mes mouvements sans broncher. Je retire ensuite son pantalon puis son T-shirt. J'oblige mon regard à ne pas s'attarder sur le corps presque nu de Newt puis me relève. Je dépose ses affaires sur une étagère puis m'apprête à sortir lorsque Newt m'interpelle à nouveau.
-Thomas...
Je me retourne et croise le regard suppliant de Newt.
-Reste s'il te plaît.
Je reste perplexe quelques instant puis je comprends à son regard qu'il veut que je reste tout le long, qu'il a besoin d'aide. Je le regarde droit dans les yeux puis hoche la tête.
-D'accord. Dis-je en retournant de nouveau à ma position.
Je commence alors moi-même à me déshabiller puis, une fois nu, retire le caleçon de Newt. Une fois encore, j'interdis mon regard de s'arrêter sur son corps. Je lui prends la main et le mène jusqu'à la cabine de douche, dans laquelle je vais avec lui. Newt garde le regard baissé sans pour autant s'attarder sur mon corps non plus. Son esprit semble être trop préoccupé par quelque chose pour penser à une autre. J'allume ensuite la douche et l'eau commence à ruisseler sur nos deux corps nus. N'importe qui qui verrait cette scène pourrait trouver ça romantique mais, bien que je ne puisse nier l'aspect érotique de la chose, la situation n'a rien de romantique. Je me sens confus, Newt semble vide. Aucun de nous n'a la tête à ça actuellement. Les larmes de Newt continuent à ruisseler sur ses joues en silence et se confondent maintenant avec l'eau de la douche ; que j'éteins afin de le savonner. Tandis que je passe sur son corps, je remarque seulement maintenant les dizaines de bleus et autres contusions que comporte son corps. Je relève le regard vers lui mais Newt reste impassible. Je tourne le regard vers son poignet. La marque est toujours là, encore plus visible que cette après-midi. La même question revient alors dans ma tête. Newt s'inflige-t-il ces blessures ? Je ne peux pas lui poser cette question maintenant. Je me contente de finir de le savonner puis commence à me laver moi-même.
Puis je rallume l'eau afin de nous rincer. C'est alors que Newt fait un premier geste vers moi en posant sa main sur mon torse, toujours sans croiser mon regard. Je baisse mon regard vers sa main puis le regarde lui. Newt à lui-même le regard fixé sur sa main. Puis il se blottit de nouveau contre moi en fermant les yeux. L'eau de la douche continue d'inonder nos deux corps tandis qu'il me fixe dans les yeux, pour la première fois depuis le début de la douche. Je sens son regard dériver vers mes lèvres alors que je fais de même. Je ne peux pas faire ça. Pas maintenant. Newt est dans un état de faiblesse. Je ne peux pas profiter de lui. Je ne sais même pas si j'ai des sentiments pour lui. Ou peut-être que si, je le sais. Peut-être que je les refoule. Tout se bouscule dans ma tête. Mais Newt coupe court à cet instant hors du temps en se reculant et en stoppant tout contact physique avec moi. Je sors alors de ma rêverie puis coupe l'eau et nous fait sortir tous les deux de la cabine de douche. J'enroule Newt dans sa serviette et le laisse une fois de plus seul dans la salle de bain pour aller lui chercher un caleçon et un T-shirt propre. Une fois revenu, et moi-même habillé, je lui enfile le caleçon et le T-shirt, encore une fois, sans qu'un mot ne soit échangé entre nous. Je l'aide ensuite à se relever et nous retournons à ma chambre. Doutant que Newt veuille rester éveiller plus longtemps et voyant qu'il ait besoin de sommeil, je décide de le coucher tout de suite. Je l'amène jusqu'au lit et l'aide à se glisser sous la couette. Je traîne ensuite ma chaise de bureau à côté du lit afin de rester à côté de lui un petit moment. Une fois bien installé, Newt me fixe dans les yeux sans que j'arrive à discerner ses pensées. Par réflexe je viens passer une main dans ses cheveux. Newt ne tique pas. Nos regards restent ancrés l'un dans l'autre, comme s'il n'y avait plus que nous dans l'univers, jusqu'à ce que Newt ferme les yeux et plonge dans le sommeil.
Je me glisse alors à mon tour dans le lit, à côté de Newt. Je n'ai jamais partagé de lit avec quelqu'un, pas même avec ma sœur. Mais étrangement, cela ne me déplaît pas. Au contraire, j'aime sentir cette présence presque réconfortante à côté de moi. Mais n'est-ce pas sensé être moi la figure réconfortante dans la situation actuelle ?
J'essaye pendant de longues minutes de déterminer la venue de Lizzie et Newt ici mais je ne trouve rien de concret. J'essaierai de questionner Newt demain mais il ne me parlera que lorsqu'il se sentira prêt.
J'éteins alors la lumière et, lorsque je m'endors, je n'arrive toujours pas à déterminer si tout cela est réel.

***
Voilà enfin le chapitre 16, qui est celui que j'avais le plus hâte d'écrire. J'espère sincèrement qu'il vous plaît. C'est cette scène en particulier qui, au départ, m'avait donnée envie d'écrire cette histoire. J'ai hâte de voir vos réactions (quoi que un peu nerveuse).

Désolée pour les fautes qui peuvent être présentes.

.Celwea

Different Secrets / NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant