La marque : Le cri des anges (Tome 1 - Réécriture)

Chapitre dix - Déchéance

Le prince Avalon poussa un long soupir, les yeux fixés sur la lame qu'il tenait fermement entre ses doigts. Il n'était pas peu soulagé de pouvoir enfin être chez lui. Le jeune homme n'avait pas perdu de temps, après avoir tout expliqué à son tuteur, il était remonté dans ses quartiers, désireux de se reposer. Son état s'améliorait, il guérissait de plus en plus vite et bientôt il deviendrait immortel.

Ainsi, le jeune démon était de retour dans son immense chambre, tout en haut de la tour du palais des catacombes. Assis à son atelier, il observait les armes qu'il créait. Sa seule véritable passion. En fermant les yeux, il suivit la lame du bout des doigts. À la recherche d'une imperfection à polir.

Mais, il n'arrivait pas à se concentrer. À chaque fois qu'il fermait les yeux, tout ce qu'il parvenait à voir était ses longs cheveux d'un roux éclatant, sa peau mate, et ses yeux bruns en amande qui le fixaient. Il chassa ces pensées en se mettant debout. Calmement, il entreprit de faire les cent pas et d'un geste de la main, et commença à jouer avec une de ses mèches de cheveux.

Voilà près d'une semaine qu'il n'avait pas revu sa douce âme sœur, et il sentait la tension irradier tout son corps.

Avalon avait besoin de prendre l'air.

Le jeune homme s'approcha de la porte pour rejoindre son balcon. L'air frais fouetta son visage et il en savoura la sensation, heureux de sentir quelque chose. N'importe quoi. Seigneur, il était si vide à l'intérieur.

La vue sur les catacombes était magnifique. Effrayante, mais magnifique. Lui qui pensait ne jamais pouvoir revenir ici, il était terriblement soulagé de savourer à nouveau la beauté de cet endroit.

— Parle-moi, exigea une voix.

Le jeune homme se tourna pour faire face au nouveau venu. Son tuteur. Le démon fit un pas vers lui. Il était menaçant, portant une immense cape noire qui épousait chacun de ses mouvements.

Il s'agissait de son père adoptif. Il l'avait recueilli des années auparavant.

— Pour ajouter quoi, père ? Tu sais tout ce qu'il y a à savoir.

Son tuteur haussa les épaules, ses longs cheveux noir ébène soulevés par la brise.

— Comment te sens-tu ? Je sais que ce qui t'es arrivé est... humiliant.

Avalon réfréna un sourire.

— Comme si cela t'intéressait, lui répondit-il calmement.

—Je peux faire un effort, pour toi. Ne le dis pas à Blay, en revanche.

Il eut un rire discret tandis que son interlocuteur s'avançait pour s'appuyer sur la rambarde avec lui. Ils restèrent quelques secondes dans le silence, occupés à admirer la vue. Les catacombes grouillaient de vie, aussi sombre que tout le reste. Et pourtant, il s'agissait de l'endroit le plus agréable qu'il n'avait jamais vu.

— Tu guéris bien, continua son tuteur.

— Pas assez bien, soupira le jeune homme.

Pour appuyer ses propos, il fit craquer son genou, encore abimé par la chute qu'il avait faite. Quelques plaies parcouraient encore son visage.

— Tu seras bientôt prêt à prendre la parole. As-tu réfléchi à ce que tu allais le dire ? Je te rappelle que le peuple attend ta décision.

Avalon put à peine masquer la surprise sur son visage, ses yeux s'écarquillèrent.

— Ma décision ? répéta-t-il d'un ton faussement calme.

Il se sentait bouillonner à l'intérieur. Il contenait trop de choses pour être stable. Son âme sœur lui manquait, il avait été humilié par les anges. À cette pensée, il étouffa un grognement, Avalon était un guerrier, un prince, pas un prisonnier.