Le roi Caspion n'était pas du genre à perdre ses mots. Et il savait que sa seconde non plus.
Ils se connaissaient depuis presque cent ans, et avant de la trouver, il était extrêmement solitaire. Un enfant prince dont personne ne voulait, aux parents partis à la guerre. Il se rappelait tout juste sa mère, et absolument pas de son père.
En revanche il se souvenait à la perfection du jour où il avait rencontré Téhia.
Caspion avait alors une dizaine d'années. Des rumeurs courraient au palais, disant qu'une petite ange de seconde génération grandissait sur Terre. Il avait refusé de les croire, mais sous la pression du conseil, avait fini par envoyer une mission de reconnaissance.
Depuis, il ne s'était jamais séparé. Elle lui disait souvent qu'il l'avait sauvé, mais ce n'était pas vrai. L'inverse en revanche...
— Caspion, qu'as-tu fait ?
Il reposa son regard sur elle. Téhia était superbe. Bien au-delà de son physique, elle dégageait tout ce qu'il aurait aimé avoir. Même couverte de poussière et de sang, elle avait l'allure d'une reine. Charismatique, confiante, le regard assuré, elle le fixait attendant une réponse.
— Je te donne une porte de sortie, lui expliqua-t-il.
Évidemment, elle ne semblait pas approuver son idée géniale.
— Non Caspion, on réglera le problème du trône plus tard. Qu'est-ce que tu as fait ?
Il la regarda s'approcher de lui, folle de la rage. La voix vibrante, le regard plein de sens. Ses cheveux d'un roux presque rouge retombaient en lourdes mèches autour de son visage, et épousait la courbe audacieuse de ses traits.
La première fois qu'ils l'avaient ramené au palais elle n'était guère plus vieille que lui. Toute aussi perdue, sans famille. Née d'un père de sang-pur et d'une humaine.
Aimer les humains était leur plus grand pêché.
— Tu as été déchu ? continua-t-elle.
Sa voix montait dans les aigus. Elle était sous le choc et avait l'impression de se répéter, mais peu lui importait.
— Qu'est-ce que tu as fait ?
Caspion la fixait, des larmes commençaient à remplir ses beaux yeux bruns. Il posa deux mains sur ses épaules, et elle parut se calmer.
Il regardait son visage comme pour l'imprimer sur sa rétine, désireux de ne jamais l'oublier. Bien qu'il sache que ce ne soit pas possible.
— Tu sais ce que je fais, dit-il d'une voix douce.
Un sanglot la parcourut et elle parut lâcher toute résistance, elle tomba dans ses bras, la tête appuyée sur son torse. Pleurant son sort et celui de Caspion.
Il y avait réfléchi pendant des heures. Cherché une solution de finir cette guerre sans mourir ou tuer, et il n'en n'avait trouvé qu'une seule : perdre son trône. Cela ne le dérangeait pas particulièrement, il n'y était pas attaché. Non, le souci était tout ce qui venait avec.
La loi des anges ne permettait pas aux rois d'abdiquer.
— Tu seras la première reine, lui murmura-t-il doucement.
Il frottait son dos d'un geste qu'il espérait rassurant.
Il n'y avait qu'une seule façon de quitter son trône : mourir. Cependant en y réfléchissant, Caspion avait trouvé autre chose.
Les anges pouvaient être déchus, contrairement aux démons. Ils avaient des lois et des règles ancestrales à ne surtout pas transgresser. La première, la plus importante, les interdisait d'avoir des relations avec des humains. Aucun rapport n'était permis, qu'il soit physique ou sentimental.
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La marque : Le cri des anges (Tome 1 - Réécriture)
FantasiaSi Avalon, prince des Démons, avait su que cette petite sortie au cinéma dans le monde des humains se terminerait en bain de sang - principalement, le sien - sans doute se serait-il abstenu. Mais le sort s'en est mêlé et le voici sauvé de justesse p...