Chapitre dix-huit - Jusqu'au sang

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— Es-tu prête ?

Téhia prit une profonde inspiration, pour se donner une forme de courage factice.

— Physiquement ? Oui. Mentalement ? Probablement jamais.

Avalon esquissa un sourire en se tournant vers elle. Puis un soupir lui échappa tandis qu'il s'avançait pour lui embrasser la joue. Cela faisait presque un mois que Téhia était tombée des cieux, et le prince venait de décider qu'il était temps de la présenter aux siens.

Le fameux bal dont il parlait quelques jours plus tôt. Téhia le savait désormais, ils célébraient un phénomène lumineux ayant lieu chaque année dans les Catacombes.

Toute la cour serait là. La jeune femme n'avait pas l'habitude d'en côtoyer, car Caspion n'en possédait pas.

— Tu es superbe, chuchota-t-il, ils vont t'adorer, ne t'inquiète pas.

Elle devait admettre se sentir confiante, mais...

— Je suis un ange Avalon, ils vont me haïr.

Le démon haussa les épaules. Il ignorait quelle réaction aurait son peuple en la voyant à ses côtés. Mais ils avaient intérêt à l'aimer, car il ne la laisserait jamais partir. Il ne pourrait sûrement pas le supporter même s'il le voulait.

Il tendit la main pour qu'elle s'en saisisse. La jeune femme hésita quelques secondes, puis la prit. Elle était magnifique, portait une longue robe noire qui épousait ses courbes à la perfection, et qui retombait à l'arrière en une traine brillante et presque transparente. Ses cheveux roux étaient remontés en une sorte de queue de cheval qui retombait dans son dos et se balançait à ses mouvements. Son maquillage léger, bien qu'elle n'en ait pas besoin, soulignait la finesse élégante de ses traits.

Avalon secoua la tête pour chasser ces pensées. Puis il l'invita à s'avancer, la trainant hors de sa chambre, malgré elle. Téhia lança plusieurs regards anxieux derrière elle.

— Tout ira bien mon cœur, murmura-t-il en posant la main au creux de ses reins.

Il sentait son trouble et son inquiétude. Un grand banquet avait lieu le soir même. Il avait absolument insisté pour qu'elle vienne, désireux de la présenter à son peuple. Désireux de l'intégrer à sa vie, une bonne fois pour toutes.

— Tant que tu restes avec moi, ça devrait aller...

Mentalement, il le lui promit. Avalon comprenait son inquiétude, toute sa vie, les autres l'avaient repoussée. Ce n'était pas étonnant qu'elle ne désire plus se mêler à la foule.

La salle où se déroulait le bal et le banquet était dans l'aile est du palais, une immense pièce tout en longueur, aménagée avec gout par ses seconds. Une bonne centaine de personnes s'y pressaient, se mélangeaient, se parlaient. Et un brouhaha ambiant l'étouffait déjà.

Tout devint silencieux lorsqu'ils entrèrent, et il leur sourit. Prononça quelques mots que Téhia ne comprit pas tandis que tous la détaillaient du regard. Puis, tout recommença normalement.

Avalon descendit les marches, faillit se cogner à l'une des nombreuses décorations tombantes du plafond. Puis, du regard, il chercha des alliés. Il ignorait à qui présenter Téhia en premier. Aussi il hésitait à lever la voix pour que tous l'entendent en une seule fois.

Puis il eut à peine le temps de réagir, que déjà une main chaude l'attrapa pour le serrer dans ses bras. Il reconnut rapidement cette personne, Marena. Une démone de seconde génération, qui était amoureuse de lui depuis plusieurs années. Son fort parfum artificiel l'enveloppa et il refréna un haut-le-cœur.

La marque : Le cri des anges (Tome 1 - Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant