Nouvelle conscience

Paolo, le hacker espagnol

L'appartement de Paolo était au 4e étage sans ascenseur. Son ascension nécessitait une certaine santé. Deux à quatre fois par jour il gravissait l'escalier. Cette activité sportive, lui permettait de ne pas se pencher sur la façon dont il gérait son alimentation. Il aimait boire de temps à autre, mais savait rester sobre. Il aimait fumer à l'occasion, mais un paquet lui faisait largement la semaine.

— Salut mon amour ! Je suis rentré, clama-t-il en refermant la porte derrière lui. Je mets la bouffe dans le frigo.

— Par la bouffe, tu veux dire que tu es passé chercher des pizzas ?

— Et des légumes bios, et des chips, c'est ça.

Il aimait sa petite amie, Irène qui le lui rendait bien. Tous les deux dans le milieu informatique, ils avaient réussi à préserver leur appartement de l'invasion technologique qu'ils redoutaient.

Pas d'appareils connectés dans chaque pièce, pas d'objet de geeks. Tout était bois et campagne, à l'image de leur future destination. Celle qu'ils prendraient une fois l'âge de la retraite atteinte, hypothétiquement dans trente-cinq ans.

Tout en étant parfaitement au fait de ce qu'il était possible de faire avec un ordinateur, Paolo restait méfiant des nouvelles technologies. Un trait de caractère qu'il partageait avec Irène.

Son ordinateur était équipé d'un environnement système qui ne sortait pas du studio des grandes firmes américaines. Un firewall en bon état empêchait les intrusions potentielles et ce qu'il fallait d'antivirus complétait l'écran total numérique du couple.

Paolo avait déjà œuvré en sous-marin pour des organisations à but non lucratif afin de les aider soit à se développer, soit à se faire connaître. Parfois, quand elles avaient besoin de se faire oublier... Paolo répondait présent.

Il aimait Eminem et Bourvil, Citizen Kane et Le Roi lion. Le grand écart culturel.

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Son grand rêve s'était rapproché depuis le jour ou il lut l'annonce de recrutement d'I.G. Corp. En intégrant l'équipe, il souhaitait mettre ses idées au service d'une IA. Il était lucide quant à leurs futures capacités, mais gardait l'espoir que peut-être un jour, elle sauverait les humains d'eux-mêmes. Néomessianisme numérique.

— Comment s'est passée cette première journée Pao ? demanda Irène très intéressée.

— Esta chupado, mon amour. Les doigts dans le nez. Le dernier membre de l'équipe est arrivé ce matin. Il a l'air sympa à première vue. Il a déjà signé un article dans un magazine que j'achète de temps en temps, sous son pseudo : Versus. Il s'appelle François en fait. Je le voyais plus grand.

— Et l'autre... Ah je me rappelle plus. Comment tu m'as dit qu'il s'appelait ?

— Jérém. Non pardon... Môôsieur Jérémy. Il a pas l'air facile çui-là. Ir de gorra... Je vais devoir le garder à l'œil. Un peu guindé dans son costard. J'sais pas trop. Et il a pas l'air d'apprécier François justement. On verra.

— On regarde quoi ce soir ?