détestable lotus

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ça avait sonné
fallait que je me lève avec lenteur et douleur. même marcher était trop pour mon corps abbatu de couleurs. de gouache. j'étais jaune, j'avais peint mes mains en jaune puis rouge un mélange orangé comme un coucher de soleil
fini les étoiles j'étais un coucher de soleil. j'étais un artiste ensoleillé. 

- tu m'ouvres pas mon pote ?
- t'es qui ?

puis j'avais senti l'odeur c'était pas moi qui puait non moi je sentais la peinture et les couleurs, j'avais fait exprès pour mentir au monde, leur faire croire qu'il me restait encore un peu de vie, pour dire oui aux sourires disparus.
mais lui il puait l'alcool.

"- t'étais le frère de Rose toi non ? enchanté l'artiste moi c'est Liam, avec la belle on était amis 'parait"

14h. il était 14h et c'était déjà l'après midi soleil dans le ciel je l'avais même pas vu arriver, le soleil et lotus. c'était  lotus. la fleur pâle aux sourires roses. elle l'appelait lotus. Ma rose.

" on dirait que tu vis comme si elle était jamais morte, c'est quoi ces tableaux l'as bas ?

- dis tu veux pas qu'on ouvre une bière plutôt?

pas de verres mais bouteilles sur bouteilles

ça flottait dans l'atmosphère comme une ambiance euphorique. sentiments cassés et rires jolis, l'alcool ça t'oubliais, ça te rendais beau mais laid, vivant mais mort, heureux parmi les morts. dehors il faisait beau mais à l'intérieur c'était noir comme yeux noirs comme coeur noir, et mes mains ressemblaient déjà plus à rien. à force de tenir la boisson ça se troublait comme dans un mirage.

puis ça m'étais revenu en pleine figure, ma mélancolie et mes étoiles vides.
j'étais brisé, âme brisée d'impuissance en crescendo. les plaies ça sonnait comme le sang mais ça paraissait bleu, ou odeur crépuscule plutôt.

lui il avait les cheveux blancs les yeux creux, il semblait même plus faire semblant d'espérer.

puis même le ciel s'était mis à fredonner notre chant d'agonie, couvrant ses deux yeux devant le spectacle des dépravés de vie, dépravés d'ailes et d'elle, le coeur ouvert le cerveau plein.

et j'avais réalisé

c o m b i e n

il était tard dans ma vie noire.

les roses meurent le soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant