nénuphar pluvieux

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ce jour là je t'ai oubliée
j'avais juste un grand vide en mon âme les phalanges saillantes et la lèvre supérieure mordue. il pleuvait. en mon coeur dans le ciel les nuages et l'intensité du monde. il pleuvait et les éclaircies n'y faisaient rien. j'avais le sang bouillant les yeux rouge la gorge sèche. j'avais enfilé un de ces pulls jaunes trop larges et laissé mes cheveux ébouriffés. j'étais parti marcher dans la nuit noire. sans toi Rose.

il était 12h et mes coudes étaient toujours bleus, le soleil brillait fort maintenant. et moi j'étais là à me souvenir
tu sais
je suis coincé dans le passé tellement que j'en oublierai de respirer parfois pour laisser encore quelques secondes, à cet aujourd'hui ravageur. parce que maintenant n'existe plus, et que plus tard attendra. que je suis dans cette infinité sombre et opaque, parce qu'il me manque jambes pour courir et voix pour crier. il me manque, de quoi briller. je deviens autre chose masse informe qui n'est plus moi

Rose, c'est alarmant tu sais je vois plus la beauté du monde

surtout ici dans ce salon trop étroit.

j'avais décidé de m'essayer à la peinture je me croyais artiste, j'avais oublié que l'inspiration fanait comme ma rose, en un soupir. j'avais continué dans des ébauches vides, j'étais vide, vide d'amour.

pourtant j'avais tenté le secours dans ces rues bondées qui redonnent vie, qui rappellent la misère et l'ennui, le sexe et l'argent les cris des gamins à qui on a crevé les yeux rêveurs et le ciel gris. pas gris de pluie non gris de tout, du gaz mortel et de nos coups, à la mort à l'espoir.
à nos bras dans le noir.
et j'ai crié à la masse informe de disparaître de mon coeur car elle me ronge et m'assasine le soir.

car Nénuphar meurt le soir

les roses meurent le soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant