Prologue

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Il était une fois un monde éteint. Dans ce monde vivait une femme.

Son histoire débuta avec un prince. Il était beau, fort, époustouflant, presque irréel. Il venait de loin pour se trouver une épouse. Sa beauté faisait pâlir toutes les femmes. Elles ne désespéraient pas de le séduire en le couvrant de compliments. Mais aucune ne le fit même rougir. On disait que le prince s'aimait trop lui-même pour en aimer une autre.

Mais il en fut autrement.

La femme qui vivait en ce monde lut en lui le mal égoïste. Mais elle l'aima. Le prince jamais ne lui accorda un regard.

Alors la femme trahit, et la femme apprit.

Elle l'embrasa, et il devint fou d'elle. Certains dirent qu'elle l'avait manipulé à sa guise, d'autres qu'elle avait honteusement usé de son sens. Le prince les supplia de croire à leur amour, mais ce fut en vain. Les Aînées la condamnèrent à mort. Elles la révélèrent à la Lumière.

La colère de la femme grandit, et elle s'en nourrit. Elle créa le feu.

Le feu jaillit, et le feu brûla. Tout, absolument tout.

Quand il s'en fut, la femme appela le prince à elle. Elle hurla, et elle hurla, et elle hurla. Pendant des heures, elle hurla. Mais il ne vint pas. Tout dans ce monde était mort.

Elle s'aventura jusqu'aux falaises, jusqu'aux rochers, jusqu'à la plage.

C'est là qu'elle l'aperçut, gisant sous un tas de débris. L'amour qu'elle croyait perdu, était peut-être vivant. Elle voulut crier son nom, mais le mot se perdit.

Elle n'avait plus de voix.

Le prince se redressa légèrement. De soulagement, le cœur de la femme s'emballa. Il s'embrasa.

Elle aurait pu courir vers lui. Elle aurait pu se jeter à son cou. Elle aurait pu l'aimer encore.

Mais elle devint le feu. Un feu qui prit de la hauteur, encore et encore. Un feu si puissant qu'il éclaira le monde.

Le prince, ébloui, s'éveilla:
"Quelle est cette chose qui a pris la place qui me revenait de droit?
- C'est ta femme, dit le Ciel. C'est elle qui a embrasé le monde."

Le prince vit ce qu'avait fait la femme, et il pleura.

"Pourquoi pleures-tu? s'irrita le Ciel. Ta femme est encore là. Tu étais venu chercher une reine, tu l'as à présent.
- Je ne peux aimer la reine après cela. Le mal qu'elle a fait est trop grand.
- Mais elle est déjà reine et cela tu ne peux défaire, dit le Ciel.
- Je ne supporterai pas l'éternité à ses côtés, souffla le prince."

Alors le Ciel comprit, et le Ciel s'ouvrit.

Il y aurait le Jour. Et il y aurait la Nuit.

AyeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant