Chapitre XIII

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- Maman ce n'est pas...

- Non. Ne me dit pas que ce n'est pas ce que je crois. Tu étais entrain de...

Son haut de cœur fut aussi visible que sa phrase se finit audiblement. Sa main qui tenait déjà fortement mon bras, serre encore plus brutalement ce dernier. Son autre membre, encore libre, attrape le téléphone pendant qu'elle m'asseoit avec violence sur le canapé rose.

- Maman...

- FERME LA !

Le sursaut qui me fait frémir de la pointe des orteils à la racine de mes cheveux me prend en traître, dévoilant ma surprise, et peut-être même ma peur.

Ma mère ne me jette pas un regard. Elle m'ignore, encore et encore, tandis que sa main entraîne l'appareil téléphonique proche de son lobe.

Lentement, je me recroqueville sur moi-même, emmenant mes genoux à la rencontre de mon menton. Mes yeux se remplissent d'eau, mon cœur est brisé. Encore une fois.

Son regard tellement profond et bleuté, remplis d'incompréhension, me hante. Je la revois être mis à la porte par ma mère. Cette vieille peau lui tirait les oreilles en lui hurlant de ne jamais remettre un pied dans sa maison.

Je me revois derrière la femme qui m'a mise au monde, la supplier de ne pas faire ça. Je me revois tout faire pour qu'elle libère Violine.

Mais je ne suis qu'une faible.

- Bonjour Docteur Apud, pardonnez-moi pour le dérangement, Madame Epsom à l'appareil.

Un silence qui m'angoisse s'ensuit. Probablement la réponse de Monsieur Boule Puante. Mon sang me glace lorsque ma mère prend rendez vous pour le '' traitement express ''. Et comme le plus vite possible remplis mieux -remplis quoi je ne vous dirais pas, devinez-, ce 'date' est pour cet après midi.

Je secoue la tête, faisant voler mes cheveux devant mes yeux.

Je n'avais pas encore conscience que plus le temps avançait plus je me dirigeais en enfer.

Persephone, raconte moi, comment as-tu réussi à aimer ton chez toi ?

************

Je n'ai pas eu l'autorisation de bouger de ce canapé, d'un rose digne d'Ombrage. Je rumine du noir, tandis que ma mère continue de voir rouge, que mon père est blanc comme un cul et que mon frère est vert, malade de voir un tel comportement.

Je n'ai pas manger à midi, Emmaline a bien tenté de me nourrir, mais même en faisant l'avion je n'ai pas réussi à ouvrir la bouche.

De toute manière, j'aurai probablement tout régurgité.

Les heures passent.

Il est 15h, je dois partir voir le docteur Apud.

Je vois mon père descendre avec l'un de mes sacs qui me semble presque remplis à ras bord. Il le jette sans délicatesse dans le coffre de la voiture.

Voiture dans laquelle me traîne ma mère. Elle me fait monter à l'arrière et m'attache avec la ceinture de sécurité. Sérieusement ? J'ai 17 ans 11 mois et 26 jours je peux peut-être mettre ma ceinture de sécurité toute seule ?

Mon frère ne vient pas avec nous. Oui, c'est à nouveau mon frère... Pour avoir dit à Violine quand venir même s'il n'a pas réussi à retenir notre génitrice.

Notre grosse voiture, remix du 4x4 et du multiplat, de couleur jaune, bleu et vert à l'extérieur et le cuir intérieur rouge et orange, nous a été offerte par ma marraine, au début de l'année.

Une voiture au couleur du drapeau LGBT, rien que pour nous, je n'avais jamais vu ça. Mais la tête de mes parents était à mourir de rire. Quand mon père a déballer la clef de la voiture, il a pousser un cris -très viril- et c'est enfuit avec ma mère sur le parking.

Évidemment que nous les avons suivit. Haha, mon père avait les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte alors que ma mère semblait à deux doigts de cuisiner une tarte au pomme.

Mais bon, qui refuserait une aussi belle bagnole ?

Et en ce début d'après midi, me voilà pieds et poings liés, dans ce char imposant, à aller je ne sais où.

Le trajet est un peu long. Les paysages défilent sous mes yeux qui sont entre le vert et le doré en ce jour.

Deux gros diamants coulent sans discontinuer sur mon doux visage. Si Violine ne me déteste pas, mes vieux me traînent loin d'elle. Et de toute les manières, elle doit me haïr. Ils l'ont mis à la porte comme on sort une poubelle, ils l'ont jeté dans les œufs punaises, ils l'ont considéré comme une puce de chien, alors que c'est une princesse, un ange, un enfant, un bébé tout mignon et son doudou, qu'elle est juste... Violine.

Je ne me suis même pas rendue compte que nous arrivions.

Nous voilà garer devant une grande maison imposante, que l'on aurait pu prendre pour un château fort de part sa construction et de part son air rustique et froid.

L'imposant établissement était troué par des fenêtres en PVC blanc, et ils avaient probablement dû embaucher Vernon comme architecte. Voir des barreaux, placés à chaque ouverture, me file la nausée.

Suis-je dans un cauchemar ? Ce n'est pas possible autrement. Aucun lieu comme... '' ça '' ne doit exister dans la vrai vie ?! C'est inaceptable, c'est immorale, c'est dégoûtant, c'est une honte.

Comme toi. Comme tout ceux qui sont homosexuel. Je le comprends en lisant le titre de l'hôpital. Un centre évangélique de désintoxication...

Stop un instant. Un centre évangélique donc évangélique, du latin evangelicus, lui-même emprunté au grec ancien euangelikós. Oups. Pardon, vous n'êtes pas en cours de Français.... Mais bordel un centre religieux proche du protestantisme ?!

Pis encore : désintoxication!

Attendez, je vous cherche la définition de ce mot....

"Élimination des poisons, des toxines, présents dans l’organisme.
(Médecine) Traitement appliqué à un toxicomane ou à un alcoolique pour tenter de le libérer de sa dépendance à l’égard de la drogue, de l’alcool."

BIP BIP BIP BIP! Vous entendez l'erreur dans ma tête ?! Je suis lesbienne pas dépendante au chocolat ! Quoi que... Si un peu..

Mes yeux se ferment, tandis que je passe mes mains dessus, et qu'un souffle s'échappe de mes lèvres.

Déjà, ma mère est avancée sur le chemin, et lorsqu'elle toussote légèrement, je sais qu'elle veut que je la suive.

Alors, comme je suis un véritable mouton, je la suis sans discuter.

J'ai déjà horreur de cet endroit, mais je n'avais nullement conscience des dangers de leur pseudo-sciences.

Point de vue interne deux ans après.

J'ai tout fait, pour la retenir. Mais je n'ai pas réussi. Le pire c'est d'avoir assister à ses moindres réactions, à chacun de ses mots, à tous ses gestes et ne pas avoir bouger le petit doigt. Est-ce que tu crois que tout serai différent aujourd'hui, si je t'avais défendu ? C'était mon rôle, te défendre. Tu étais la plus jeune, la plus faible. Et moi je t'ai abandonné. Bordel, petite sœur pourras-tu un jour me prendre dans tes bras, me serrer contre toi, et me dire comme à chaque fois : Je t'aime toujours et pour toujours Lauren.

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Ce n'est qu'un au revoir.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant