Jeune adulte

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[AYANT EU UN SOUCIS AVEC MON ORDINATEUR, J'AI PERDU TOUTE LA PREMIERE VERSION DE CE CHAPITRE, CE QUI EXPLIQUE QUE JE L'AI REECRIS DE MANIERE MOINS ATTENTIVE ET PLUS HATIVE] 


L'entrée à l'université et le nouveau mode de vie que cela imposait fut un tournant décisif dans la vie de Martinus : pour la première fois depuis bien longtemps, si ce n'était d'ailleurs tout simplement la première fois, il se sentait bien.

Il se sentait moins différent et plus proche des autres. A l'école, il avait été ce petit garçon étrange qui au sein d'un groupe réduit, avait passé son temps toujours tout seul. Tout le monde le connaissait, et c'est parce que tout le monde le connaissait que personne ne l'approchait. Aujourd'hui, il n'était qu'une personne comme les autres au sein d'un groupe de plusieurs milliers d'élèves. Un inconnu qui se fondait dans la foule. Et c'est d'être perdu dans le collectif qui le rendit heureux. Enfin il ne se sentait plus bizarre ni en complet décalage avec autrui car plus personne ne le voyait plus comme cela. A vrai dire, on ne le calculait même plus du tout. Et c'est bien ce qui était merveilleux à la fac ; que vous soyez seul en classe, seul pendant les heures de repos, seul pour travailler ou faire quoi que ce soit d'autres, personne ne vous en tenait rigueur car personne ne vous connaissait. Vous n'étiez que cet élève de plus. Dès lors, loin des regards accusateurs, Martinus se sentit enfin vivre et être libre d'être qui il voulait être.

Il tomba même amoureux. Il s'était sentit tellement en décalage avec les autres pendant tellement longtemps qu'il ne pensait pas que cela serait possible un jour. Et pourtant... ! Dès qu'il croisa les yeux bleus de Jerevan, plus profonds que le plus profond abysse, et dès qu'il vit ses cheveux blonds tout ébouriffés qui reflétaient à merveille son esprit un peu plus vagabond et éparpillé que la moyenne, il comprit. Il sut que c'était le bon. Martinus essaya pendant une ou deux semaines de se rapprocher tant bien que mal de l'élu de son cœur, mais il n'y arrivait pas. Il était beaucoup trop gêné, trop timide. Jerevan était tellement parfait qu'il lui semblait inaccessible. Le seul contact que Martinus avait su établir avait été de percuter par inadvertance Jerevan et de faire tomber toutes ses liseuses automatiques et autres auto-écriveur. Paniqué, ne sachant alors que faire, il était resté là, immobile, sans rien dire, sous le regard interrogateur de Jerevan qui s'en était allé sans un mot après avoir récupéré ses affaires. Martinus s'était trouvé tellement ridicule qu'il en avait pleuré toute la nuit. Le souci ne venait pas de Jerevan. Dans un monde sans sentiment, former un couple était des plus simples : il suffisait de s'approcher de la personne pour qui l'on ressentait une attirance physique, lui demander si elle aussi serait prête à avoir des rapports sexuels avec vous et si tant est que vous plaisiez un minimum physiquement à la personne, alors vous étiez officiellement en couple jusqu'à ce que la mort ne vous sépare. Mais pour Martinus, tout n'était pas si simple. Il n'était pas laid, loin de là !, et il était quasiment sûr qu'il saurait plaire à Jerevan, mais il ressentait toujours une gêne au fond de lui, une boule au ventre qui le saisissait dès qu'il se mettait à penser que son âme-sœur pouvait tout aussi bien le rejeter. Et il s'endormait chaque soir furieux contre lui-même de ne pas avoir fais le premier pas comme il se l'était promis la veille et triste de ne toujours pas dormir aux côtés de son bien-aimé.

Jusqu'au jour ou il surprit Jerevan en train d'embrasser une fille dans le recoin d'un couloir. Il lui sembla que le temps se mit à fonctionner au ralenti. Sa vision devint floue, les bruits alentours se transformèrent en un souffle inaudible semblable à celui que l'on entend lorsque l'on place un coquillage sur son oreille. Il sentait des coups sur sa poitrine, comme si quelqu'un était en train de le frapper à mort, puis il comprit que c'était son propre cœur qui s'était mis à battre comme une basse suivant le tempo d'un métronome cassé. Il se sentait la tête tourner et son corps vaciller, l'air n'arrivant plus jusqu'à lui ; puis il se souvint de respirer. La fille partit alors, laissant Jerevan seul.

C'est maintenant ou jamais

Martinus comprit alors

C'est maintenant ou jamais

Il prit son courage à deux mains et s'approcha de Jerevan.

C'est maintenant ou jamais

« Tu veux sortir avec moi ? » demanda Martinus d'un air si déterminé qu'il se surprit lui-même.

Le garçon l'observa.

« C'est toi qui m'es rentré dedans la dernière fois ? »

« Oui... » Martinus baissa la tête, ne sachant plus où se mettre.

« J'ai entendu parler de toi. Il parait que t'es handicapé et super bizarre »

Cette fois-ci, Martinus ne trouva même pas la force de répondre. Personne ne ressentait de gêne ou de compassion à part lui, et donc une franchise à toute épreuve, parfois plus aiguisée qu'un poignard, était toujours de mise. Il se perdit dans les yeux de Jerevan, attendant une réponse.

« Bon, dit-il alors. T'es pas moche. Je suppose que tu pourrais me re-rentrer dedans... d'une autre manière cette fois »

« Je... Je... » Martinus bégayait. Sous le stress, il n'était pas sûr de bien comprendre. « Ca veut dire qu'on sort ensemble ? »

« Oui »

Il serait bon de finir ce chapitre sur la joie qui illumina le visage de Martinus, mais celle-ci étant tellement radieuse et profonde, aucun mot ne saurait la décrire comme il faudrait, alors autant ne pas s'y risquer.  

Le FardeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant