s a c h a

25 février 1989

Nous étions assis sur le bord de la rivière, les yeux rivés sur les bouts de bois flotter et tourbillonner au rythme du courant. Il y avait quelque chose d'apaisant dans ce silence parmi les cigales et le bruit de l'eau. 

Puis j'ai regardé la fille aux cheveux roses à ma droite et je lui ai souris. J'étais juste heureux, en cet instant. Elle a fermé les yeux, comme pour capturer cette scène un moment, et je me suis raclé la gorge.

-Tu comptes aller où ? Je veux dire...en voyage.

Sacha s'appuie sur ses coudes et lève les yeux pour regarder le ciel, incroyablement clair en cette période de l'année.

-Je ne peux pas te le dire, répondit-elle.

-Pourquoi ?

-Parce qu'il n'y a aucune joie sans inconnu. Parce que si je te le disais, je m'imaginerais ce voyage et ce ne serait plus une découverte pour moi.

-D'accord. 

J'ai repris ma respiration.

-Tu vas revenir ? Tu voudras bien...m'envoyer des lettres ? 

Elle a hoché la tête, l'air un peu triste. J'ai décidé de changer de sujet en lui proposant de passer chez moi demain après les cours.

Pour la première fois, elle a décliné l'invitation. 

Elle m'a dit:

-Tu dois profiter de ton père, tu sais qu'il t'aime beaucoup.

J'ai soupiré, parce qu'elle avait raison, mais parce que je voulais profiter d'elle ces deux derniers jours.

-Tu viendras me dire au revoir ?

-Le moment venu.

Elle s'est relevée, j'ai imité son geste. On s'est retrouvé là, l'un devant l'autre, et ses joues ont rougies. J'ai attrapé sa nuque et l'ai tiré vers moi, baissant la tête pour atteindre ses lèvres. Elle n'a pas refusé mon baiser, et j'ai souris contre ses lèvres.

C'est la dernière fois que j'ai vu Sacha.

Elle n'est pas venue me dire au revoir.

C'est ainsi que j'ai tout compris.