C'est la naissance du jour au milieu de l'apocalypse : les oiseaux chantent, le ruisseau sommeille encore dans son lit et le soleil, lui, entame déjà sa montée.
Alors, Nature, ne vois-tu rien d'anormal à ce spectacle ?
Où trouves-tu l'audace de te réveiller si paisiblement au beau milieu de ce carnage ?
Regarde ! Ils sont venus, les enragés, les démons, ils sont venus et ma ville n'est plus ! Les maisons se sont effondrées sur les vies qu'elles abritaient. Hier encore, je me promenais dans cette même rue, et tout était calme. Aujourd'hui aussi, c'est calme. Mais c'est un calme funeste, un silence qui signifie qu'aucun bruit ne s'élèvera plus de sous les décombres. Jamais. Aucun corps. Pas celui de l'homme de ma vie, cette même vie qui est aujourd'hui anéantie, que je n'ai pu sauvé. Pas ceux de mes filles à qui j'ai donné la vie et dont j'ai été incapable d'éviter la mort. Pas même celui de mon voisin ! Hier, je pouvais les aimer de tout mon cœur, aujourd'hui je ne peux qu'errer de tout mon corps. Mon corps qui se tient seul au milieu de la mort ! Ces barbares ont détruit et saccagé en ces lieux tout ce qu'il y avait de matériel, et d'immatériel. Je n'ai plus rien, ne suis plus rien, mais s'il me reste un peu de force, ce sera pour venger les mères, les enfants, les époux, tous les voisins et le souvenir de tant de vies emportées par les flammes !
Hélas ! vous ne m'entendez pas, n'est-ce pas ? Personne ne m'entend : ni les victimes, ni les coupables, ni le soleil et ni même les oiseaux. Je suis seule, et pourtant, je suis là.
Mais que faire, que devenir lorsque l'on a perdu la vie mais que l'on n'a pas trouvé la mort ?
Je l'ignore.
J'erre.
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De maux à mots
PoetryJ'ai ramassé les morceaux de mon cœur, un à un. La tâche a été rude, et longue. Je me suis coupée, plusieurs fois. Et tout ce que ces morceaux de cœur macéré me disaient, je l'ai écrit. Ici. 17:07/18 : #4 écriture.