Le soldat de l'hiver

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À Lees, pour l' "Unfini" et plus encore

Le soldat de l'hiver exhale un souffle amer
De gel, de vent, de pluie, d'errance dans la nuit.
Le soldat des enfers inhale l'air d'Ether
De feu, de sang, de suie, d'adieux sans broderies.

Le froid jamais n'atteint sa volonté d'airain,
Solide tel l'argent, mur de fer soulageant
L'angoisse. Triste teint blanc terni tel l'étain
Pleure l'amour figeant la vie de son agent.

Soldat brise-glace tout doucement s'efface
Aux flocons de cendres que le ciel engendre.
La neige prend place, en étouffant l'espace
Et tous ses méandres. Le blizzard peut s'étendre.

Le froid mordant brûle le soldat et sa mule
Titubants. Mer de sel au visage de gel
Brille au crepuscule quand le soleil recule
Pour répondre à l'appel d'un royaume éternel.

Les perles de diamant gardées jalousement
Par l'immense tapis dont le sol est crépi
S'en vont tout doucement aux pas du noir tombant
Sur le soldat impie à la vie sans répit.

La grêle ne cesse dans sa violente ivresse
D'assaillir le marcheur avec tout' son horreur.
Vite, disparaissent les traces qu'il laisse
De ses rêves d'ailleurs vers un pays meilleur.

Or blanc en acier tel le plus beau papier
À lettres, est tombe même pour la Colombe.
Innocence en clapier, d'un simple balancier
Comme un effet bombe, voit ce qui lui incombe.

Le soldat de l'hiver sous son plastron de fer
Tout en douceur crève sans espérer de trêve.
Le soldat de l'hiver perdu parmi ses vers,
Parmi songe et rêve, attend qu'un jour se lève.

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