Harry
Une scène. Un stade. Mes quatre meilleurs amis. Un public en folie. Un rêve. Oui, c'est mon rêve, notre rêve. Nous l'avons réalisé. Nous avons réussi. Et je n'ai jamais été aussi heureux.
Le sourire aux lèvres, je marche vers le devant de la scène. Nos fans chantent une chanson dont je n'arrive à distinguer ni l'air, ni les paroles. Et la foule me semble différente. Elle a quelque chose de changé : un je ne sais quoi inhabituel anime l'ambiance qui émane d'elle.
Un mouvement au loin me fait froncer les sourcils. Tel une vague, il s'élance vers la scène. Je me retourne pour voir si les garçons l'ont vu, mais je ne les trouve pas : ils ont disparu.
- Willy ? appelais-je dans mon micro, pensant à une de ses nombreuses blagues.
Pas de réponse. Je fais la moue et me tourne de nouveau vers la foule. Surpris, je remarque que la vague s'est arrêtée. Elle a été remplacée par une sorte de scintillement. Un tout petit point de lumière au milieu de la pénombre. La foule se sépare soudain en deux et une allée se crée. Elle s'étire et s'étend jusqu'à moi, comme pour me toucher.
La petite lueur paraît avancer. Elle grossit, grandit, s'élargit, et prend une forme humaine. C'est la silhouette d'une femme. Elle pose un pied sur l'escalier qui mène à la scène et l'intensité de sa lumière me fait reculer de quelques pas. Elle monte lentement, retroussant un peu sa longue robe puis s'arrête en haut des marches et relève la tête, plantant son regard dans le mien. Et ma respiration se bloque dans ma gorge.
C'est elle. Encore elle. Cela fait des semaines que cette fille hante mes rêves. Tous sont différents – mais elle, elle trouve toujours le moyen d'y apparaître. Cette fois-ci, elle porte une impressionnante robe parsemée de diamants, de longs gants blancs et un fin loup vénitien, censé m'empêcher de distinguer ses traits. Elle est éblouissante, dans tous les sens du terme.
Je marche lentement dans sa direction, énumérant en silence le peu de choses que je peux distinguer chez elle : de longs cheveux, cascades de boucles brunes qui caressent la naissance de ses hanches ; des yeux très noirs qui petit à petit me noient, aspirent la moindre once de bonheur de ma frivole âme ; la douce et fine peau de son cou, torturant de vampiriques pulsions... Puis il y a ses lèvres. Ah, ses lèvres. Le souffle m'est coupé rien que de penser à leur joli rose foncé. Si pulpeuses et tellement attirantes...
Sa contemplation m'arrache un profond soupir. Je ne pensais pas qu'une pareille beauté, qu'une pierre si précieuse pouvait un jour se tenir juste devant moi et se prétendre humaine. Je m'arrête à quelques centimètres d'elle. Sa peau semble recouverte de centaines de petites paillettes dorées : elle brille de mille feux. Le monde en est terne à ses côtés.
Nous ne nous quittons pas des yeux. Après une légère hésitation, j'enroule délicatement une de ses longues boucles autour de mes doigts, permettant à ces derniers d'à leur tour scintiller. Mais son expression reste neutre – contrairement aux autres fois, où elle permettait à une jolie lueur de danser dans ses yeux si sombres. Je l'interroge du regard. Que se passe-t-il ? La mèche de ses cheveux file entre mes doigts. Je prends alors ses mains dans les miennes et les porte à mes lèvres.
- Où est passé ton joli sourire ? murmurais-je avec l'espoir d'entendre cette mélodieuse voix dont j'aimerais ne plus avoir à me passer.
Mais elle reste muette. Peiné, mon regard glisse jusque ses lèvres. Une douce chaleur mord le bas de mon ventre. Comment ne pas céder ? Je laisse retomber ses mains le long de son corps, puis la prends tendrement par la taille afin de la serrer contre moi. Elle paraît surprise et inspire brusquement, comme si elle manquait d'air. Je peux sentir son cœur contre mon torse : il bat la chamade.
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Madly I
General FictionPremier tome de la trilogie Anna, 17 ans à peine, étudiante. Harry, déjà 20 ans, chanteur. Entre foudre et folie, parviendront-ils à s'entendre ?