Neuf ans - Gardiens des cités perdues

Silveny

⚠ Pour comprendre ce chapitre, il est nécessaired'avoir lu la série jusqu'au tome 2 inclus ⚠

La petite alicorne gambadait dans une clairière, en compagnie de sa mère, de son père ainsi que de son petit et de son grand frère. Elle avait trouvé des fleurs particulièrement bonne le matin même, et ne cessait d'en traquer d'autres avant qu'un autre membre de sa famille ne s'en empare.

La lumière du soleil commençait à décliner. La jeune alicorne leva la tête au ciel pour admirer le magnifique dégradé qui le colorait. Elle se lassa assez rapidement et retourna à la chasse aux fleurs.

Elle entendit son père hennir. C'était leur code. Un hennissement signifiait rassemblement, deux signifiaient au contraire de s'enfuir le plus vite possible. Fort heureusement, le second code n'avait servi qu'à de très rares exceptions.

Silveny rejoignit alors son père, au sommet d'une colline, non loin de là. Elle s'arrêta face à lui en attendant l'arrivée de ses frères, sa mère étant déjà à leurs côtés. Son petit frère arriva en voletant, tandis que son grand frère, Ilieser préféra escalader la petite montagne à pied.

La petite famille partit à la recherche d'un endroit pour passer la nuit. Ils se téléportèrent dans une forêt où ils avaient l'habitude de dormir. En cette période de l'année, les nuits étaient chaudes, et la petite famille aimait dormir dans ce bois qui se trouvait vraisemblablement dans un pays plus frais.

Les enfants ne tardèrent pas à s'endormir, bien vite imités par leurs parents.

*

Silveny se réveilla en sursaut. Le jour pointait le bout de son nez, et, dans la faible lueur de l'aube, Silveny prit quelques secondes à voir et à comprendre ce qui se passait.

Son père hennissait inlassablement. Silveny, cachée par les branches d'un buisson, pouvait observer la scène sans être observée. Un humain venait de planter un couteau dans le flanc de l'alicorne. L'aile de ce dernier semblait brisée, un flot de sang s'écoulait de sa patte arrière droite.

L'homme était habillé d'une peau d'animal posée sur ses épaules. Il ne semblait pas du tout regretter ce qu'il était en train de faire endurer à Jayluin, le père de Silveny. Sa cruauté était bien trop grande pour qu'il ne remarque l'horreur de son geste. La pauvre petite alicorne était tellement apeurée qu'elle resta figée sur place.

Non loin de Jayluin, le grand frère de Silveny était étendu par terre, une tâche de sang sous son corps. Du liquide écarlate continuait de suinter de sa plaie, mais le filet restait mince, la plupart du sang d'Ilieser se trouvait dans la flaque autour de lui. Un second humain était occupé à l'achever.

Derrière eux, le petit frère de Silveny, Johano, tremblait de tous ses membres. Dès que l'humain eut fini de s'occuper d'Ilieser, il se tourna vers le petit Johano avec un sourire mauvais sur le visage. Silveny essaya de faire des signes à son petit frère, mais en vain : le poulain restait figé. L'homme s'approchait dangereusement. Silveny observa les ailes de son frère, elles étaient en parfait état. Mais alors, pourquoi restait-il là ?

Il fallait détourner l'attention de l'humain avant qu'il ne soit trop tard. Silveny hennit avec toute la puissance que ses cordes vocales pouvaient produire. Elle cria une seconde fois, pour faire passer le message à Johano. Mais le jeune alicorne ne bougeait pas, bien trop effrayé.

L'humain se détourna pour chercher l'origine du son. Il cria quelque chose l'homme qui avait blessé le père de Silveny avant de retourner en direction de Johano. Malgré les avertissements de sa sœur, ce dernier ne s'était toujours pas téléporté. Son agresseur s'approchait dangereusement de lui.

Le premier humain avait laissé Jayluin inconscient à côté de lui. Il se releva et se dirigea vers la cachette de Silveny. La jeune alicorne s'envola. Elle hennit une dernière fois en direction de son frère, dans l'espoir qu'il la rejoigne.

Johano leva la tête vers elle. Ses yeux étaient emplis de larmes. Il commença à étirer une aile, avant de recevoir une lame dans le poitrail. L'humain avait envoyé son couteau au niveau du cœur de l'alicorne, qui s'effondra en silence.

Silveny se téléporta sans plus attendre.

*

Cela faisait plusieurs jours que Silveny était allongée dans la même clairière. Elle grignotait quelques brins d'herbes lorsque la faim était trop grande. Autrement, elle ne faisait rien.

Elle ne dormait plus.

Elle ne bougeait plus.

Elle ne buvait plus.

Non, elle ne faisait rien.

Personne ne venait jamais dans la prairie où elle se trouvait. Par moment, des coccinelles voletaient au dessus de ses yeux, mais c'était sa seule bonne compagnie.

Des moustiques étaient aussi présents, à lui piquer le dos sans répit. Mais elle ne faisait rien pour les en empêcher. Elle ne secouait même pas la queue pour dévier leur trajectoire. Elle avait perdu le goût de la vie.

*

Silveny avait été tirée de ses pensées par un bruit étrange. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était allongée dans la clairière. Elle avait perdu la notion du temps depuis longtemps. Mais cela faisait certainement plusieurs mois, étant donné la basse température.

L'alicorne tourna la tête sur le côté, et tomba nez à nez avec un oiseau aux couleurs somptueuses. Elle l'observa quelques instants avant qu'il ne prenne son envol.

Silveny se releva. Ses muscles fatigués eurent du mal à soutenir son poids, mais elle parvint à rester debout. Alors, elle déploya lentement ses ailes. Elle retrouva des sensations qu'elle n'avait pas ressenties depuis longtemps. L'alicorne commença tranquillement à secouer les ailes de haut en bas, avant de battre plus fort, puis encore un peu plus fort. Elle finit par s'envoler.

Elle suivit le bel oiseau à travers les cieux.

•°•°•°•°•°•°•

J'espère que ça vous a plu ! N'hésitez pas à donner votre avis en commentaire 😉

Rgauxe ♡