Le secret

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Florentin réagit au quart de tour et empoigna Éléonore vers un placard vide.
"C'est une manie d'enfermer les gens dans un placard,pensa la jeune femme, Si il faut dans chaque pièce il y a un placard qui sert de cachette."
L'endroit était exigu et, pour tenir à deux, Éléonore et Florentin se serrèrent en espérant ne faire aucun bruit. La porte s'ouvrit et des pas précipités entrèrent dans la chambre. Il y avais deux hommes car certains bruits s'arrêtèrent à l'entrée comme pour faire la garde.Les deux jeunes gens entendirent Aymeric soupirer et dire :
"Qu'est-ce qui se passe"
Une voix d'homme répondit :
"La princesse a disparu. Ils vont lancer des troupes à sa recherche. Personne ne l'a vu depuis sa promenade avec le sergent qui surveille sa chambre.
-Qu'est ce qu'il fait d'ailleurs ce sergent ? Il ne l'a pas surveillé?"
La voix l'ignora.
"Tout le monde est inquiet. On suppose un enlèvement ou... ou..."
La voix était essoufflée, bégayait, ne sachant plus quoi dire. Aymeric se racla la gorge.
"Et si elle était avec moi tout le monde serait rassuré ?"
Une gifle se fit retentir. Éléonore poussa un cri de surprise que Florentin étouffa de sa main.
"J'espère que tu raconte des bêtises, Aymeric. Ce n'est absolument pas drôle. Mère était folle d'inquiétude, on a mobilisé tant de monde. Si c'est vrai, tu es un connard, si c'est faux, tu nous fais perdre notre temps. Nous avons quand même une héritière entre nos mains et tu sais bien, maintenant, que nos ennemis le savent."
Éléonore comprit que la voix appartenait à Aurélien et que c'était vraiment de elle que l'on parlait.
"Comment ça les Wrigts savaient qu'une héritière de la couronne de Mindre était dans le château et ils voulaient l'enlever ?"
Éléonore se mit à trembler. Aurélien allait continuer Aymeric lui coupa la parole :
"Quels sont les bilans de ce combat ?
- Seulement 3 morts, quelques blessés mais rien de grave même pas pour la finance. Ils ne nous rien volé. Le plus grave c'est qu'on a perdu Éléonore et que le garde chargé de sa surveillance a été tué !
- Je l'ai avec moi."
Une nouvelle gifle retentit. Éléonore s'étonna de l'aisance avec laquelle Aymeric avait annoncé à son frère qu'il l'avait cachée. Elle remarqua aussi qu'ils parlaient d'elle comme si elle était un objet et non une personne humaine.
"Montre-la-moi ! Comment peux-tu être aussi égoïste ! Je ne te croirai pas tant que je ne l'aurai pas vu! Nous faire si peur...
- Heureux celui qui croit sans avoir vu dit ironiquement Aymeric"
Aurélien perdit son sang-froid et se jeta sur son interlocuteur.
" À quoi tu joues tu sais très bien ce qu'on attend d'elle !
- Ce qu'on attend de toi plutôt, renchérit propriétaire de la chambre"
Un bruit sourd se propagea contre le mur.
"Pas de violence s'il vous plaît, demande à le garde d'une voix pas assurée, Madame m'a demandé de prévenir Monsieur le Prince. Nous devons aller la rejoindre au plus vite pour le bien de la princesse.
- Mais tu n'as rien compris, abruti, c'est lui qui la détient et il veut garder la gloire pour lui tout seul, celle de l'avoir protégé alors..."
Aymeric ouvrit la porte du placard révélant au grand jour Florentin et Éléonore.
" Voilà tu es content,soupira Aymeric."
Les yeux Aurélien s'agrandir pour montrer sa surprise. Sa main se leva de nouveau mais Aymeric fut plus rapide et se déroba en attrapant le bras de son frère. Les deux hommes se jugèrent et Eléonore eut peur qu'ils se sautent dessus. Elle sentit Florentin remuait à ses côtés. Il la poussa délicatement pour qu'ils puissent sortir de leur prison. Le garde se précipita pour tendre sa main à Éléonore.
"Venez ici mademoiselle nous allons vous raccompagner dans vos appartements en espérant que cette petite altercation ne vous ai pas trop dérangé."
Il dirigea Éléonore vers la sortie en adressant un merci à ces deux sauveteurs sans faire attention ni à l'air ébahit d'Aurélien ni à celui moqueur d'Aymeric. En passant la porte elle vit Florentin chuchoter quelques mots à l'oreille de son ami qui lui répondit par un signe de main. Cet échange semblait avoir échappé aux autres personnes présente dans la pièce qui était trop occupées à ramener la princesse hors de cette tour.
"Reste un peu, ordonna Aymeric à son frère"
Aurélien poussa un soupir de mécontentement mais se résigna et s'appuya contre le mur comme s'il attendait quelque chose. Aurélien s'approcha du garde pour lui glisser quelques recommandations à l'oreille.
"Je viendrai voir Mère après. Prévenez là de mon arrivée mais occupez-vous d'abord de raccompagner mademoiselle de Mindre. Elle n'a besoin de voir personne."
Le ton d'Aymeric était froid et contrastait avec la proximité qu'ils avaient eu quelques heures auparavant.
"Vous m'amènerai ensuite Eglantine à mon bureau. Vous lui dites que c'est urgent."
Aurélien fronça les sourcils, se redressa mais son frère le coupa :
"On renforce aussi la surveillance devant les appartements de mademoiselle en attendant une réunion d'urgence."
Le garde opina du chef. Puis d'un geste il invita Éléonore à passer devant lui. Aymeric ne regardait même plus la jeune fille et 

cettedernière ressentit un élan de colère devant tant de détachement.Elle détestait être traitée comme une petite chose fragile etinsignifiante.

"Je passerai vous voir, dit soudainement Aurélien."

Tout le monde se retourna vers lui laisse en place un silence de plomb. Il avait prononcé cette phrase d'une voix douce et menaçante à la fois comme pour effrayer la jeune femme. Le garde le ressentit car il s'approcha imperceptiblement de sa protégée. Florentin fit un nouveau geste :il leva son index en l'air et le pointa vers le bas. Cette fois-ci tout le monde le remarqua sauf Aymeric qui fixait son frère,impassible.
"Ça ne va pas ?, demanda Aurélien à Florentin.
- Si, si, aucun problème."
Mais ses yeux disaient l'inverse. Aurélien haussa des épaules en indiquant du doigt la porte au garde qui s'empressa d'entraîner Éléonore à sa suite. Éléonore descendit les escaliers, prit plusieurs couloirs dont elle se rappelait vaguement pour enfin arriver devant la porte de sa chambre. Sans comprendre pourquoi elle fut soulagée de la retrouver. C'était quelque chose de connu, pas forcément d'agréable ni de joyeux mais quelque chose qu'y ne l'a surprendrait pas. Elle remercia le garde et entra. Allongée sur le lit, Éléonore essaya de se remémorer sa journée. Il y avait eu la pluie, le tableau, le premier placard, les servantes bavardes, le coup de feu, la fuite,l'étourdissement, encore la fuite, la chambre, le réveil, le second placard. Mais surtout il y avait eu son garde, le deuxième,Aurélien, Florentin et Aymeric. Chacun avait sa place depuis son arrivée au château mais tout le monde avait été quelqu'un d'autre durant cette journée. Le garde qu'y s'occupait de sa surveillance avait été strict puis soudainement peureux, Aurélien si silencieux et soumis d'habitude avait été agressif, le Florentin sérieux était devenu amusant et attentionné, Aymeric... La jeune fille ne savait que penser du caractère du prince. Un coup il pouvait être respectueux mais ferme, l'autre gentil et préoccupé et par moment il devenait froid et méchant. Ses pensées furent coupées par l'arrivée imprévisible d'Aurélien. La princesse se redressa mais resta assise pour montrer sa fatigue.
"Mademoiselle."
Son futur mari restait en retrait comme gêné par la situation. C'était la première fois où ils se retrouvaient seuls tous les deux.Aurélien baissa les yeux vers Éléonore et lui dit calmement:
"Vous n'êtes pas trop fatigué ?
- Si un peu mais ça ira."
Elle avait choisi de ne pas mentir. Un silence ponctua sa réponse et Éléonore décida que ce n'était pas à elle de le briser. Elle était prête à attendre plusieurs heures mais elle gagnerai le jeu du roi du silence. Aurélien se gratta la gorge.
"J'aimerai que... Ça serai plus prudent si...Je..."
Il passa sa main sur sa nuque en rougissant.
"Vous allez avoir une sécurité renforcée. Deux gardes surveilleront votre porte et ils vous accompagneront partout où vous irez. D'ailleurs nous supprimons votre sortie journalière."
Éléonore eut un sursaut de colère. Cependant elle reprit un visage neutre.Elle ne voulait pas montrer son indignation mais elle savait qu'à force de tout cacher, ses émotions allaient sortir, amplifiées. Tues maître de toi-même et maître de tes émotions sinon tu deviens un livre ouvert pour eux.Elle voyait bien qu'ils la privaient peu à peu de sa liberté mais elle ne pouvait rien dire. Du moins pour l'instant. Aurélien la regarda longuement, pensif puis fit demi-tour et sortit de la chambre.


Rester silencieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant