Mardi 19 décembre

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8h29, dans ma chambre

Assis en tailleur sur le canapé, je lis un livre. Mon téléphone vibre : c'est un message de Thomas. 

- Toujours partant pour ce midi ?

- Ouep ! ^^ On s'y retrouve à quelle heure ?

- Je peux passer te chercher à 11h30, si tu veux, puis on ira à pied ensemble. ^^

- Okay, ça me va ! 

- Alors à tout à l'heure ! ^^

Derrière cette apparente joie, se cache une grande angoisse. C'est mon premier rendez-vous, et j'ignore l'importance que Thomas lui donne. Peut-être veut-il seulement être gentil avec moi ? Peut-être veut-il que nous soyons amis ? Peut-être veut-il plus ? Mais cette dernière option me semble bien illusoire. Je dois penser aux mots de Manon : prendre mon temps et accepter les choses comme elles se présentent à moi. 


10h05, dans la salle de bain

Je prends une longue douche et veille à ce que mes cheveux soit parfaitement propres. Je me souviens qu'en Seconde, les Terminales avec qui je trainais les appréciaient beaucoup : espérons qu'il en soit de même pour Thomas. Je me sèche en prêtant, là encore une attention toute particulière à mes bouclettes. Enfin, j'enfile un jean moulant, un t-shirt marron, un pull beige et des chaussure assorties à ce dernier. Je n'ai jamais autant fait attention à mon apparence. Je passe un long moment devant le miroir en évitant de poser mes yeux sur mon visage. Il m'est insupportable : je ne l'ai jamais aimé. À présent, la touche finale : une pointe de parfum.


11h31, chez moi

Enfin prêt, je dévoile les escaliers dans un bruit d'enfers. Ma mère s'en plaint. Quelqu'un frappe à la porte. Je remets mes cheveux en place et j'ouvre. C'est Thomas.

- Salut !

Mon souffle se coupe. Aucun mot ne sort de ma bouche.

- Tu es prêt ? me demande Thomas.

- Euh... Je... Je prends un manteau et j'arrive, réponds-je gêné.

Je m'empresse d'enfiler ma veste. Lorsque je ferme la porte j'aperçois ma mère qui m'adresse un sourire approbateur. Thomas n'a pas fait d'effort vestimentaire, ce qui prouve qu'il n'accorde pas vraiment d'importance à notre rendez-vous. Encore une fois, les conseils de Manon résonnent dans ma tête.

Le début du trajet s'effectue dans un silence pesant. Puis, Thomas lance un sujet. Je m'efforce de répondre, d'argumenter et de développer : de faire la conversation, en somme. Cet exercice est assez difficile au début, mais j'y prends goût, peu à peu, jusqu'à ne plus être gêné en sa présence.

En un rien de temps, nous nous retrouvons au McDo. Nous mangeons, en poursuivant notre conversation. Il mange comme un goinfre et rapidement qui plus est, mais ce qui m'aurait dégouté en temps normal, me fait davantage rire qu'autre chose. Lorsqu'il me voit me moquer de lui, il s'arrête net, la bouche pleine, et hausse les épaules pour me signifier son incompréhension. Je lui fait signe qu'il a de la sauce au coin de la bouche et il s'essuie. Je lis la gêne sur son visage. "Arrête de te moquer !" dit-il en riant, puis il essaie de me voler des frites comme pour me faire payer mon affront. Je proteste et cela semble beaucoup l'amuser. Le reste du repas se passe dans le calme. Enfin nous retournons chez moi.


16h08, dans ma chambre

Voilà deux heures que nous bossons. Je comprends pourquoi il a de mauvaises notes : l'Italien n'est pas son fort.

- Vas-y, essaie de faire une phrase au présent, comme pour dire que ce stylo est beau, lui dis-je en agitant le dit stylo devant son nez.

- Sei bello, propose-t-il.

- Non, tu t'es trompé.

- Ah bon !? Ça ne veut pas dire "Tu es beau" ? me demande-t-il en me dévisageant.

Gêné, je ne réponds pas.

- Pardon... J'aurais pas dû te dire ça... s'excuse-t-il les yeux fuyants.

- Tu le penses vraiment ? demandé-je le regard tourné vers le sol.

Il se redresse soudainement. À mon avis, il ne s'attendait pas à une telle réaction de ma part. Sur le bureau, il approche doucement sa main de la mienne. Lorsque ma peau rencontre la sienne, mon cœur s'emballe. Je vous laisse imaginer le résultat une fois qu'il l'a saisie. J'entends mon poul résonner dans mes oreilles : ce son est intolérable. Mon regard plonge dans les yeux bleus de Thomas. Son visage s'approche du mien. Il pose son autre main sur ma joue. Nos lèvres se rencontre. C'est mon premier baiser et je ne suis pas déçu. Certes ce n'est pas l'explosion de couleurs, le feu d'artifice auquel je m'attendais, mais cette chaleur sur ma bouche, cet agréable contact avec Thomas, c'est tout simplement magique. Et cet instant qui n'a duré que quelques secondes me semble suspendu hors du temps.

Quelqu'un déboule soudain dans ma chambre. Ma mère. Elle entre sans frapper et nous surprend.

- Oh !? Pardon ! Désolée ! Je voulais pas vous déranger.

- Maman !? Frappe avant d'entrer ! m' exclamé-je.

- Ce n'est rien, madame. J'allais partir de toutes façons, lance Thomas avant de remballer ses affaires. On s'appelle ! me dit-il avant de disparaître avec précipitation.

La porte du rez-de-chaussée claque. Je lance un regard noir et gêné à ma mère. Je crains sa réaction.

- Je pouvais pas savoir chéri : je voulais juste vous apporter un goûter, m'implaure-t-elle.

Vies lycéennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant