Vendredi 12 janvier

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17h45, devant le lycée

Thomas et moi avons attendu que la foule se disperse. C'est toujours plus long le vendredi, car les internes s'en vont également. Thomas passe le week-end chez moi. Ce sera l'occasion de le présenter officiellement à ma mère. Mais avant de rentrer, nous allons faire un tour dans le parc, comme chaque soir depuis que nous nous sommes mis ensemble. C'est pour nous un moment important, un moment où nous pouvons être nous même sans craindre les railleries des autres élèves - je pense notamment aux brutes qui m'ont agressé un soir après les cours. Le parc se trouve à une vingtaine de minutes du lycée. La nuit tombe vite à cette période de l'année alors, main dans la main, nous faisons notre chemin sous la voûte céleste. Dommage que le son de la valise de Thomas trouble le calme ambiant.

Nous arrivons enfin au parc. J'étale une couverture par terre et nous nous allongeons dessus. Côte à côte, nous observons les étoiles durant un long moment. Puis, je me retourne et m'étends sur Thomas. Sa carrure me permet de me positionner entièrement sur lui, comme sur un matelas. Ma tête est posée sur son torse. Je ressens la chaleur de son corps à travers sa veste bleue : il est une vraie bouillotte, tout le contraire de moi qui est le main glaciale peu importe la saison. Je ferme les yeux et me détends. Mon amant, lui, passe ses mains dans les poches arrières de mon jean. Nous restons ainsi une petite demi-heure avant d'échanger un baiser et de nous relever. Thomas remballe mon plaid et nous nous mettons en route.


19h00, sur le chemin

Thomas et moi nous tenons la main, comme à chaque fois que nous sommes seuls. Il s'arrête et me tire contre lui. Il me vole un baiser, puis un deuxième.

- J'en ai marre de me cacher, lance-t-il soudain.

Moi aussi, je voudrais que nous puissions nous montrer, mais j'ai peur du regard des autres, ou plutôt des leurs remarques, car si les gens se contentaient simplement de m'éviter, cela ne changerait pas grand chose à ma situation, mais je crains la violence dont certains peuvent faire preuve et je la crains plus encore pour Thomas : je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose.

- Nous nous aimons, ajoute-t-il en me voyant réfléchir, et nous ne devons pas avoir peur des autres. Il y a certes des gens qui nous voudrons du mal, comme ces deux énergumènes qui ont failli te tabasser le mois dernier, mais il y a également des personnes qui nous accepterons tels que nous sommes.

- Tu es sûr que c'est ce que tu souhaites ? lui demandé-je.

- Oui, je veux pouvoir crier mon amour pour toi au monde entier, je veux pouvoir t'embrasser quand je le souhaite, sans attendre notre rendez-vous du soir.

Je réfléchis un moment.

- D'accord, cédé-je.

- Vraiment !?

- Oui. On va se montrer.

Thomas et moi nous embrassons langoureusement. Nous sommes interrompus par la sonnerie de mon téléphone : ma mère s'inquiète de notre retard. Nous reprenons notre chemin à vive allure.


19h30, chez moi

Nous entrons dans la maison. Ma mère nous saute dessus.

- Vous voilà enfin ! s'écrie-t-elle.

- Désolé du retard, dis-je.

- Ce n'est rien ! me rassure-t-elle.

Un silence pesant commence à s'installer, mais je le brise immédiatement.

- Maman, lancé-je brusquement, tu connais déjà Thomas, mais je dois te dire qu'il est mon petit copain, comme tu dois t'en douter... 

Lorsque je prononce ces derniers mots, ma voix s'efface en repensant à notre premier baiser que ma mère avait surpris.

- Eh bien ! Ce n'est pas trop tôt ! J'ai cru que tu ne me l'avouerais jamais ! dit-elle pour détendre l'atmosphère.

Elle nous fait signe d'entrer. Je monte la valise de Thomas dans ma chambre et redescend pour aller manger. Je trouve ma mère et mon homme en train de discuter et de rire. Cette image conforte la décision que Thomas et moi avons pris : ne plus nous cacher.


22h03, dans ma chambre

Thomas et moi montons tour à tour dans le lit mezzanine. Il s'installe sur le dos et je me blottis contre lui. Lové dans le creux de son épaule, c'est ainsi que je m'endors serré contre le garçon que j'aime de tout mon cœur. C'est notre première nuit passée ensemble.

Vies lycéennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant