Si l'on m'avait dit un jour que je penserai à toi encore 6 ans plus tard, j'y aurai cru. Évidement que j'y aurai cru.
Tu étais tout pour moi. Mon amie, ma confidente, la femme de ma vie, celle qui m'a donnée le goût de lire, le goût d'écrire.
Je n'oublierai jamais ce matin, où j'ai su avant même qu'on m'annonce. Tu étais venue me dire au revoir cette nuit là n'est-ce pas ?
Le téléphone a sonné et je n'ai pas pu m'empêcher de dire ses mots '' allons aux mauvaises nouvelles ''. Du haut de mes douze ans j'avais bien compris.
J'ai vu mon père pleurer. Tu te rends compte ? Et maman aussi...
Toute la maison pleurait quand je suis descendue.
Alors pourquoi pas moi ? Pourquoi quand papa me l'a annoncé, je suis juste restée figer ? Pourquoi j'ai fait demi tour pour retourner à mes devoirs ?
J'avais mal. J'avais envie de hurler mais je ne l'ai pas fait...
6 ans. 6 ans qu'on m'a annoncé ton décès. 6ans que je ne t'ai pas vu, que ta voix n'a pas retenti, que ton rire ne m'a pas atteint...
6 ans, cela fait 6 fucking années que tu n'es pas venue me voir en rêve.
M'en veux tu autant que je m'en veux ?
Tu dois avoir honte de la jeune femme que je suis devenue. Dépravée, déprimée, je fais les choses sans véritable volonté et conviction. Je les fais parce que je le dois...
5 ans depuis que j'ai voulu te rejoindre. J'en porte encore les marques. Physique et morale. Surtout morale. C'est dur de se dire que j'ai voulu partir et qu'on a pas voulu de moi. Se dire qu'on a encore besoin de moi, sans savoir pour quoi...
Cette cicatrice qui me dit "tu as failli y rester", paradoxalement elle m'aide à tenir, sans toi, tu vois..
J'ai fait une promesse tu sais... À l'un de mes meilleurs amis. Et par tous les moyens j'essaye de m'y tenir. Il y a des jours où c'est plus dur que d'autres...
Des jours où je voudrais demander dire à l'aide, lorsque je suis en larmes le soir. Des jours où j'ai envie d'envoyer bouler tout mon entourage.J'ai des amis ici. Qui ne sont pas dans un meilleur état que moi. On est tous cabossé, alors, on se retape par-ci et par-là chacun notre tour. On rappelle au second qu'on a besoin de lui et il fait passer le message à son tour.
Je ne sais pas vraiment où j'en suis. Je déçois tellement de monde.
4 ans. 4ans que je ne suis pas venue sur ta tombe plus de 3 min. Je n'ai pas la force. Toutes mes fautes, tous mes péchés, tout ce dont je ne suis pas fière me reviennent en pleine gueule quand je vois ce granite.
3 ans. 3ans que je me demande pourquoi j'ai encore la tête hors de l'eau. Pourquoi tu n'es plus là. Pourquoi tu m'as abandonné. Tu n'avais pas le droit tu m'entends ! Je n'étais pas venue te dire adieu bordel.
Je m'en veux à chaque putain de secondes parce que j'aurai pu, j'aurai dû mais je ne supportais pas ça. Ce blanc, cette odeur.
On ne comprend pas la culpabilité en moi. On ne comprend pas pourquoi j'étais si attachée à toi. Certains ne se souviennent même pas de toi. Tu sais, je leur avais demander... Tu t'en rappelle de ton petit chien en nounours qui ne te quittait jamais ? J'ai demandé si je pouvais l'avoir juste lui et quelques livres que j'aimais te lire. Ils ont refusé. Ils ne voulaient que rien ne bouge. Alors ils l'ont offert au cousin... Il le vivait tellement plus mal que moi, qu'il ne connaît même plus ton nom.
Ils n'ont pas mes souvenirs, pas ma douleur. Ils ne comprennent pas...
2 ans. 2 ans que je n'ai pas lu d'histoire à voix haute. Je n'ai plus la force. Trop de flash me rappellent mes vacances avec toi. Je te contais des histoires comme si tu ne savais pas les lire.
1 ans. 1 ans que je n'ai pas écrit de chansons, de poèmes correctes et de vrais textes.
1 ans que je galère en français, que j'ai peur de te décevoir depuis ton nuage.
6 mois. 6 mois que je me demande encore qui je suis, que je voudrai savoir qui être.
1 mois, 1 mois que j'ai perdu espoir.
Je voulais me lever et te sourire mais tu n'étais déjà plus là.
1 mois, presque 2 que j'ai 18 ans. J'aurai voulu que tu sois là. Que tu les fêtes avec moi.
Je ne voulais rien, ni personne sauf toi.
J'ai eu tout le monde et de magnifiques cadeaux sauf toi.
Une âme brisée, un cœur émietté.
Pourtant je me bats. Je me battrais pour qu'un jour peut-être tu sois fière. Fière de moi.
Alors tous les matins je me lève pour aller au lycée. Tous les matins devant mon miroir je prends 5 minutes de mon temps pour forcer mes lèvres à sourire. Chaque jour, je m'efforce de rire, parfois d'une manière totalement fausse, parfois pour de vraie. Mais tellement rarement.
Tous les jours, j'apprends mes cours, je me crée un avenir, et j'essaie de m'y tenir.
Tous les jours je renvoie mes idées noirs dans un placard, le temps d'aller mieux, le temps de m'évader.
Tous les jours, je me rappelle que tu n'aurai pas voulu me voir sombrer.
Parfois, lorsque c'est un peu plus dur qu'un autre jour, je glisse mes doigts sur ces cicatrices parallèles pour me donner du courage.
Je m'avance dans le noir, à tâtons souvent, mais j'avance.
Je regarde souvent le passé, je me demande comment tu penses dorénavant. Je me demande si tu m'ignore parce que j'aime autant les mecs que les filles ? Parce que ma moyenne fait le yo-yo? Parce que mes actes ne sont pas ceux que tu aimerai ? Parce que je ne suis que moi ?
Je voudrai tellement, juste pouvoir te dire que tu me manque du plus profond de mon cœur. Mon âme est brisée mais j'essaye toujours de la réparer. J'ai besoin de toi tu sais. Pour me lever le matin, m'habiller, sourire, vivre. Et tu n'est pourtant pas la pour ça... Si tu savais... Je t'aime, grand-mère.
VOUS LISEZ
Pensées (D'une Pseudo Dépressive)
De TodoChaque chapitre correspondra à un état d'âme, une réflexion, une question. Peu importe ce qui est écrit, il n'appartient qu'à moi. Il sort de mon esprit, c'est mon âme torturée qui écrit ses lignes. Alors si je les retrouve ailleurs, sachez que c'es...