V I N G T T RO I S

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Les yeux clos, je sens que je me réveils lorsque mon estomac gronde et me réclame de quoi le remplir.

J'ouvre les yeux doucement, éblouis par un violent faisseau de lumière, et je réalise immédiatemment que je ne suis pas dans un endroit que je connais. Un immense poster des Jeux Olympiques de 1998 est accroché en face de moi, au pied du lit, et des cadres photos avec de parfaits inconnus sont disposés un peu partout dans la pièce.
Je remarque alors que Sloane est assise sur une chaise en bois près de la porte, visiblement endormie.

Je me relève, mais quand je tente de me lever, un vertige me vient et je me rattrape de justesse sur le bureau à côté de moi, faisant tomber bruyamment un pot à crayon au passage.
Sloane se redresse en sursautant puis lorsqu'elle me voit, un sourire radieux fait son apparition sur son joli visage. Elle se lève et vient m'aider à me réinstaller correctement sur le petit lit où j'étais allongée depuis je ne sais combien de temps.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Tu ne te rappelles de rien ? S'étonne la rousse.

— Je me souviens de Julia et Alicia entrain de se créper le chignon..

— Créper le chignon ? Elle rit. T'es sympa toi dis-donc, on aurait plutôt dit deux folles sortient tout droit de l'asile.

— C'est vrai.

Je ris mais ma tête me fait mal, ce qui m'arrache une grimaçe.

— Tu as tapé la tête un peu fort contre un tronc, heureusement on était pas très loin du village et la fille des restaurateurs est infirmière à domicile, du coup, elle s'est un peu occupée de toi.

— Et Julia ? Comment elle va ?

— Emy, rigole Sloane. Je viens de te dire que tu t'es tapé la tête et tu t'inquiètes pour Julia toi ?

— Je ne veux pas qu'elle s'en veuille, ce n'est pas sa faute...

— Ouais ben ça, va le dire à Harry, m'annonçe ma meilleure amie. Il était furieux contre elles, et alors je te parle même pas quand tu t'es évanouies contre lui. Sa tension a dû monter à dix-neuf d'un coup !

On rigoles, même si je sais que ça n'est pas vraiment drôle.

Harry a toujours eu des réactions disproportionnées, même quand nous étions plus jeunes, et surtout par rapport à moi. Je pense que c'est son côté protecteur qui ressort parfois un peu trop, mais je ne m'en plains jamais, parce que je sais que ce genre de réaction fait partit de son tempérament. J'aurais au moins des raisons de m'inquiéter lorsque lui ne le fera plus pour moi.

— Quelle heure il est ?

— Presque quinze heures, me réponds Sloane en regardant sa belle montre, un cadeau de son fiancé.

— J'ai super faim, je lui dis.

— On a qu'a descendre, je suis sûr que Harry sera soulagé de te voir en pleine forme et puis, on ne peux pas rester ici éternellement, on est dans la maison des restaurateurs.

Elle m'aide à me stabiliser sur mes deux jambes et m'accompagne jusqu'en bas des escaliers de l'immense maison où nous nous trouvons.
À ma droite, j'aperçois Ben, Alicia et Paul installés sur un divan, et les éclats de voix de nos autres amis résonnent dans le grand salon. J'imagine qu'ils sont tous là pour attendre que je veuille bien pointer le bout de mon nez.
Je fais signe à Sloane de rester caché.

— Je veux voir Harry avant de rejoindre tout le monde, je lui murmure.

— Il doit être dehors, il était trop énervé pour rester dans la même pièce que les filles...

Je me faufile dans ce qui semble être la cuisine, avant d'ouvrir sans bruit une porte fenêtre donnant sur le jardin.

Je sursaute en tombant nez-a-nez avec le grand tatoué, adossé contre le mur. Il me fixe comme si je n'étais qu'une illusion, et alors que je m'apprête a refermer la porte, il s'avance pour m'enlacer.

— Tu me fais mal Harry... je souffle.

Il me lâche immédiatement, et alors que ses mains sont toujours posées autour de ma taille, ses grands yeux verts se plongent dans les miens.
Je remarque tout de suite l'angoisse dans les traits de son visage.

— Tu as mal quelque part ?

— Non Harry, ça va, je lui souris.

Je vois ses fossettes apparaîtrent, ce qui m'apaise un peu.

— Harry, je lui murmure. Je suis désolé tu sais pour hier...

— Arrête Emy...

— Non écoute-moi s'il-te plaît, je le coupe. Je ne veux pas que tu penses que je t'en veux d'avoir regardé cette... enfin voilà, je rougis, gênée.

— Et moi je ne veux pas que tu penses qu'une autre fille que toi me fait de l'effet, il reprends sérieusement. Emy, il n'y a que toi qui ne voit pas que je n'ai d'yeux que pour toi depuis qu'on s'est revus.

— Je suis désolé Harry, c'est juste que je suis perdue.

Je baisse la tête, mais il me force d'une main à garder mes yeux dans les siens.

— Je sais que tu te sens mal par rapport à ton copain, et je ne veux pas que tu culpabilises, vraiment. Je suis prêt à te laisser tes distances si tu as besoin de réfléchir..

— Je sais que tu ne penses pas ce que tu dis.

— Peut-être, il soupire. Mais je veux que tu sois heureuse et là, tu ne l'est pas.

— Je suis mal à l'aise par rapport aux autres, je lui avoue.

Il me lance un regard surpris, et surtout pleins d'incompréhensions.

— J'aimerais tellement que tout redevienne comme avant, je sanglote.

En voyant mes larmes, Harry me serre contre son torse, et je niche ma tête entre ses pectoraux. Je sens alors ses lèvres se poser délicatement dans mon cou.

— J'ai tellement peur de passer pour la traînée de service, je pleure. J'aimerais être tout le temps avec toi mais j'ai peur de leurs réaction par rapport à Jackson. J'ai peur qu'il ai une mauvaise image de moi si j'accepte de te laisser entrer dans ma vie avant d'avoir parlé à mon copain.

— Emy, ce sont nos amis...

— Je sais, mais je ne veux pas te porter préjudice. Je ne veux pas que tu fasses les gros titres pour une histoire d'adultère..

— Je t'aime Emily. Je t'aime et je me fiche littéralement de ce que les gros titres peuvent raconter sur moi.

Je relève la tête pour l'observer, lui, l'homme qui a hanté mes nuits pendant dix longues années. Je n'arrive pas à croire qu'après tout ce temps, je sois denouveau bel et bien dans ses bras. Je n'arrive pas à croire qu'il m'aime encore, moi, la brune au visage enfantin et au physique pas vraiment dans les normes. Avec mon petit mètre cinquante-huit et ma carrure d'enfant de douze ans, j'ai conscience de ne pas ressembler aux anciennes copines du bouclé.

Je ferme les yeux quand ses lèvres attrapent les miennes avec douceur. Mes mains glissent derrière sa nuque et je me hisse encore un peu plus sur la pointe de mes pieds pour le sentir plus près encore de moi.
Je me sépare de ses lèvres pour glisser ma langue dans son cou, quand je le sens se raidir contre moi.

Il rigole avant de poser une de ses mains sur ma taille pour me maintenant contre lui.

— Tu ne devrais pas faire des choses comme ça, il me lance, amusé.

— Pourquoi pas ?

— C'est indécent jeune fille !

Against your skin| H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant