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- Tu repenses à elle, parfois ?

Qui ça, maman ? A qui devrais-je repenser ? Qui est cette personne morte dont on ne me parle jamais ? Car j'écoute, désormais, maman, je veux savoir la vérité. Mais personne ne veut me la donner. Même mon nom, je ne l'ai jamais entendu.

Alors maman, cesse de m'appeler "chérie", et appelle-moi par mon prénom.

Et arrête de triturer tes cheveux comme ça, car je suis sûre que tu le fais, en cet instant. Ce réflexe, tu sais bien qu'il m'énerve. Il m'énerve depuis toujours, maman, et à chaque fois que tu le fais, je te rappelle à l'ordre. Tu sais que tes cheveux sont trop beaux pour être abîmés aussi bêtement.

Je ne t'ai toujours pas revue depuis mon arrivée ici. As-tu toujours ce carré blond qui encadre ton visage à la jeunesse si bien préservée ? As-tu décidé de tout couper, comme tu disais vouloir le faire autrefois ? J'ai envie de regarder, maman, je veux savoir à quoi tu ressembles.

Mais je n'ai pas la force, alors je me contente de ta voix. Ta belle voix qui me guide chaque jour, lorsque le soleil apparaît sur les vitres de l'immeuble.

Dis, maman, tu pourrais me dire qui c'est, "elle" ?

Je sens que tu hésite à en parler, à enfin me dire la vérité. Mais je sens aussi que ce n'est pas l'appréhension de me le révéler qui te bloque. C'est juste que c'est une vérité difficile à admettre pour toi. Allez, vas-y.

J'attends toujours, maman.

Qu'est-ce que tu fais ? J'entends tes pas sur le sol carrelé. Où vas-tu ?

Maman, ne me laisse pas !

Réponds-moi !

Je suis seuleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant