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Je suis dans une chambre, blanche.

J'y suis depuis longtemps, peut-être des jours, peut-être des mois. Mais c'est blanc, ça fait mal aux yeux, à ces yeux qui ne regardent pas, ces yeux vides que je promène sans but précis autour de moi.

Des fois, j'entends une voix, tantôt grave, tantôt aiguë, tantôt inconnue et tantôt familière. Elle parle, et je sais que je devrais écouter, que les mots qu'elle prononce me sont destinés. Mais je n'y parviens pas, j'ai cessé d'essayer. Désormais, cette voix glisse sur moi sans m'atteindre, sans prendre de sens. Mon corps est l'armure de mon esprit, le protégeant de l'extérieur, et des paroles, les pires armes qui soient.

Pourtant, à défaut de comprendre la phrase, je comprends les mots.

Au début, ce n'étaient que des mots insignifiants, des mots censés être doux et me réconforter.

Me réconforter de quoi ? Je ne sais même pas qui je suis. Je ne sais même pas si je suis une humaine ou un vulgaire pantin.

Puis deux mots ont commencés à se répéter : accident, tragédie.

J'ai été victime d'un accident, mais je ne sais même pas lequel. Je ne sais pas non plus quand, si j'étais un enfant, insouciant, ou une adolescente rêvant de vie. J'ignore mon âge ; peut-être ai-je dix ans, peut-être en ai-je quinze, peut-être même plus. La seule certitude qu'il me reste, c'est que je suis une fille ; drôle de souvenir.

Tout ce que je sais de moi, c'est qu'un tragique accident m'a ôté mon identité.

Je suis seuleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant