A

42 6 0
                                    

Vanessa m'observe. Elle est debout face à moi, dans ce blanc de la chambre d'hôpital. Sauf que les meubles ont disparu, ces meubles que je n'ai jamais regardés mais qui me manquent désormais. Je me sens mal, seule avec elle au milieu du vide. Soudain, elle ouvre la bouche, elle veut parler. Mais sa voix ne me parvient pas. Je recule, je trébuche, mon premier vrai mouvement. Je tombe sur le sol doux, le choc est amorti. Sur quoi suis-je ?

Elle continue de me parler, de me dire cette phrase que je ne comprends pas. Je suis paralysée, face à ma soeur qui ne bouge pas non plus, debout, ne me dévisageant même plus. Elle fixe un point face à elle, l'endroit où je me situais un peu plus tôt.

Des pleurs résonnent brutalement dans le silence. Je sursaute, je suis à nouveau dans la chambre.

Je regarde.

Je suis dans un lit, celui qui a amorti le choc. Autour de moi, il n'y a qu'une commode blanche et une table - blanche aussi. La porte est ouverte, est c'est par celle-ci que les pleurs entrent dans la pièce.

Un carré de couleur attire mon regard au milieu de cette lumière. Il est face à moi, sur le mur. C'est une photo, affichée en grand, en immense format.

Deux filles qui se tiennent la main. Elles ont quinze ans, à vue de nez, elles rient. L'une a ses cheveux coupés au-dessus des épaules, l'autre les retient par un chignon, même si quelques mèches s'en échappent. Vanessa, moi.

Un texte est écrit juste au-dessous de l'image, mais il est bien trop loin pour que je parvienne à le lire.

Alors je me lève.

Je me déplace à travers la chambre avec une certaine lenteur, qui m'exaspère. Le texte est de plus en plus lisible, mais mes yeux, peu habitués, ne parviennent pas à le discerner.

Les caractères s'entremêlent devant mes yeux qui renaissent. Je me rapproche plus encore ; désormais, mon nez frôle l'affiche.

Vanessa et Clara.

Et je comprends alors les mots qu'elle me répétait en boucle, qui viennent enfin d'éclater dans ma tête avec une violence qui me fais mal.

- Clara...

Puis sa voix, d'abord douce, se fait tranchante.

- Est-ce que tu regrettes ?

Je suis seuleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant