Chapitre trois

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Ryan, il y a dix-sept ans.

Nous étions assis sur un tronc d'arbre depuis près d'une heure. J'étais venu voir Louise, comme à chaque fois que j'avais besoin de réconfort ou besoin de la voir. Aujourd'hui, Maman me manquait. Je ne l'avais pas vu depuis trois semaines. Papy et Mamie ne voulait plus que j'aille la voir, je savais que quelque chose se tramait et cela me terrifiait. J'avais donc escaladé la fenêtre de ma chambre et j'étais allé sonner chez elle. Ses parents étaient toujours gentils avec moi, mais ils avaient le même regard triste et attendri que mes grand-parents. J'éprouvai cependant du soulagement dès que j'étais chez eux. Je prétendais être un enfant normal avec des parents normaux. Mais c'était faux, on le savait tous.

Louise me disait souvent que dans une autre vie nous aurions pu être frère et sœur, et bizarrement cela me réconfortai, mais pas de la manière qu'elle soupçonnait. Je m'imaginais comme son frère et soudain ma vie ne me paraissait pas si terrible, car Louise en faisait partie, et elle n'était pas ma sœur.

J'étais amoureux d'elle, mais je ne pouvais lui dire, je risquai de tous gâcher entre nous. Il n'y aurait plus de confidences, plus de sorties en douces, parce qu'elle n'était pas amoureuse de moi. Mais notre amitié me suffisait, Louise me suffisait.

- Tu voudras des enfants plus tard toi, me demanda-t-elle ?

- Non, je ne prendrai pas le risque de les abandonnés, parce que c'est ce que les parents font.

J'en était persuadé, même les vrais parents de Louise l'avait abandonnée. Mais comment peut-on même penser à quitter cette fille, elle était géniale.

Elle me prit par la main :

- Aller vient, on va à l'océan.

- Papy et Mamie ne seront jamais d'accord.

- On dira qu'on va promener le chien.

Dix minutes plus tard, nous étions sur les plages d'Anglet. Même en hiver nous y allions, c'était notre sortie favorite. Maman ne me faisait jamais visiter Anglet, bien que j'y habitais depuis sept ans. Les seules fois où je sortais de chez moi, c'était pour acheter à manger.

- Viens, l'entraînais-je.

Main dans la main, le chien à nos pieds, nous courûmes jusqu'à plus souffle.

-Oh, regarde, un champ de coquelicot !

Et elle se remit à courir dans la direction du champ.

Je ne pouvais lui en vouloir, je ne pourrais jamais. J'avais mal aux joues tellement je souriais.

J'appelai le chien et parti à sa poursuite.

Je la coursai, nous avions visiblement changé d'objectif, nous jouions à présent au chat et à la souris. J'étais le prédateur, elle était ma proie.

Elle ne s'arrêtait pas de rire. Mon dieu, ce sont était mélodique !

J'étais presque à sa hauteur, je tendais le bras pour la toucher, j'y étais presque ! Soudain, elle redoubla de vitesse. Elle faisait semblant, quelle fourbe, elle ne m'aurait pas comme ça ! Alors je me mis à courir, le plus vite que je pouvais, je crois que je n'avais jamais était aussi rapide de toute ma vie. Je l'attrapai de toutes mes forces par peur de la laisser s'échapper. Nous tombions dans le champ de coquelicot. J'étais sur elle, elle souriait, je souriais. Retombant sur le côté, je chuchotais :

- Chat.

Nos cris redoublèrent, et elle me coursa à son tour.


Rentrée à la maison, Louise partait se coucher avec son chien.

- Attends, interpellai-je.

Elle se retourna perplexe. Alors je sortis de ma poche un grand coquelicot que j'avais cueilli pour elle.

- Tiens.

Son regard s'illumina. Je lui accrochai dans les cheveux.

Elle partit en souriant.

Je n'avais pas eu la chance de sourire dans mon enfance, je ne voulais pas qu'il en soit ainsi pour elle.

Alors si elle souriait, c'était tout ce qui comptait.

Have faith in our flowers Où les histoires vivent. Découvrez maintenant