Chapitre 1 : Mourir sans être mort

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Est-ce possible d'être heureux sans être heureux ? Oui. Il suffit de porter un masque. Est-il possible d'être triste sans être triste ? Oui. Il suffit d'être un bon acteur. Mais est-il possible de Mourir sans être Mort ? Eh bien, la réponse est oui. Il suffit d'avoir perdu la chose que l'on aimait et chérissait le plus au monde. Il suffit d'avoir été éperdument amoureux.

L'île sur laquelle vivait Indiens, sirènes et enfants, était dans un coma mortel. Les fleurs qui lui donnait sa couleur, étaient toutes fanées, les arbres qui faisaient d'elle sa vie, étaient tous dénudés. Son eau, qui lui donnait sa clarté, avait cessée de couler. Son cœur, qui faisait d'elle qu'elle vivait, était brisé.

Peter Pan était brisé. L'enfant qui est toujours heureux et insouciant n'est plus. Comment être heureux lorsque nous avons l'impression d'être seul ? Il se demandait comment faisait Elina sur Terre, quand elle était tout le temps seule. Mais elle ne l'était jamais. Car elle avait Peter, autant dans son cœur, que dans son esprit.

Peter était seul, et même avec le cœur d'Elina, ça ne lui suffisait pas. Il passait ses journées enfermé dans sa cabane. Il ne mangeait presque rien, et c'est les Garçons Perdus qui le forçait. Même alors que eux, étaient tout aussi mal que Peter.

Clochette avait abandonné le fait que Peter puisse vouloir la revoir un jour. Elle passait la plupart de son temps seule dans la forêt, à errer sur un chemin sans fin près des arbres, ou bien elle allait voir Ambre, qui ne c'était elle aussi pas remise de la mort d'Elina, et restait assise sur son rocher, toute la journée sous un soleil triste, et toute la nuit, sous une lune qui ne semblait jamais être présente.

— Peter ?

Paul rentra dans la chambre de Peter, sur ses gardes, après avoir toqué à la porte. La dernière fois, un Garçon Perdu qui voulait faire en sorte que Peter Pan se réveille de son état de deuil avait hurler sur lui en lui disant qu'il en avait marre. Il avait volé dans la pièce et c'était violement cogné contre le mur.

— Je voulais te dire que... Euh, en fait...

Paul n'arrivait pas à formuler sa phrase, car il parlait au nom de tous les Garçons Perdus qui voulaient de nouveau essayer de vivre une vie pleine d'aventures et de joie.

— On se demandait, enfin, ce n'est qu'une idée, mais... On voudrait bien que tu... Que tu rallumes le feu, pour qu'on puisse danser, comme avant ?

Il s'apprêtait à voler, il fermait les yeux, de crainte, et il attendit. Mais rien ne vint. Il se risqua alors à ouvrir un œil, puis un deuxième. Peter était allongé sur son lit, les yeux ouverts, mais fatigués de toujours observer le plafond en bois. Il respirait lentement, puis il soupira.

— Rien, ne sera comme avant, Paul.

Sa voix était rocailleuse. Ca s'entendais qu'il n'avait pas parlé depuis longtemps, et cela fit sursauter le petit Paul qui avait l'habitude d'entre une voix douce empreinte de gentillesse.

— Oui mais, je, je parle au nom de tous, préféra t-il préciser, et... On aimerait essayer de passer à autre chose.

Peter se redressa rapidement, ce qui lui valu un tournis qu'il ignora. Paul venait de se rendre compte de ses paroles maladroites.

— Sans pour autant l'oublier Peter !

Peter se releva, et il s'avança d'un pas qu'il voulait déterminé mais, le garçon ressemblait plus à un adolescent ayant une forte gueule de bois titubant en ayant fait l'erreur de se lever trop vite.

Il attrapa Paul et le plaqua contre le mur. Il le regarda premièrement avec fureur.

— Je ne peux pas l'oublier ! Je ne peux pas passer à autre chose ! Tu comprends ? Je ne peux pas ! hurla-t-il.

Neverland : Tome 3 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant