Neverland : Tome 3 [Terminé]

Chapitre 16 : Silhouette

Le soir tomba, et Cassey était à table avec sa famille. Tous regroupés autour d'une dinde fumante accompagnée de haricots verts. Le silence était présent, et comme d'habitude Luc semblait désinteressé de tout, Cassey avait son petit sourire en coin qui ne la quittait jamais, lui donnant l'air d'avoir passé une bonne journée et le petit Thomas gardait sa tête baissé et touchait à peine à son assiette. Mary Edson était toute sourire, et son mari, Dan, faisait comme Luc et ne s'interessait qu'à son assiette.

— Bon, eh bien je pense qu'il est temps que je vous fasse part de la grande nouvelle du jour ! s'écria Mary.

Tous relevèrent la tête de leur dinde, s'apprêtant à recevoir la "grande nouvelle".

— J'ai eu une promotion ! Je suis passée vice-présidente de la compagnie !

Cassey semblait la seule à être véritablement réjouie par la nouvelle. Evidemment, le reste de la famille sourit en disant un petit "félicitation" à la mère de la famille.

— Est-ce que ça veut dire que tu pourras m'acheter les nouvelles chaussures que je veux depuis deux semaines ? demanda Cassey avec espoir.

— Oui, je te les offriraient, répondit sa mère dans un sourire.

La cadette de la famille poussa un petit cri de joie, puis se remit à manger sa dinde avec plus d'entrain.

— Et toi Luc, il y a quelque chose qui te ferai plaisir ?

L'aîné regarda sa mère sans conviction.

— Non, c'est bon ne t'en fais pas j'ai tout ce qu'il me faut.

— D'accord.

Mary sembla hésiter, puis regarda le dernier de la fratrie.

— Etant donné que je ne veux pas plus d'hisoire, je vais mettre de côté l'incident qu'il y a eu à l'école, et je t'autorise à me demander quelque chose.

— Je n'ai besoin de la permission de personne pour demander quelque chose.

Thomas sortit de table en faisant tomber sa chaise pour aller dans sa chambre. Le benjamin avait bien sentit l'hésitation de sa mère et comprenait parfaitement encore une fois. Il comprenait que c'était toujours la même chose; les deux préferés d'abbord, et peut être le mouton noir ensuite. Il en avait assez de tout ça. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait de mal.

Sa soeur était l'exemple parfait. Une fille populaire, belle, intelligente avec plein d'amis qui l'aiment, un petit ami sympa et drôle... Son frère aîné était pareil. A l'époque où il allait au lycée il était le capitaine de l'équipe de rugby et avait un succès fou partout où il allait. Bien sûr, il avait même eu une bourse pour une grande université à laquelle il étaitresté une année, ne souhaitant pas continuer sur cette voie.

Mais lui, le petit Tommy Edson, était un total contraire. Il était maigrichon, bien que mignon, et n'avait rien d'exceptionnel, si ce n'est ses yeux verts que toute la famille avait depuis trois générations.

Il se battait souvent à l'école, et n'avait pas beaucoup d'amis. Chez lui, personne ne semblait le comprendre. Comment le pourraient ils ? Son frère et sa soeur ont eu une enfance et une adolescence parfaite sans aucun problème.

Ses parents ne comprennent pas car il est le seul des trois à être comme ça. A être différent. Et ils ne savent pas comment réagir. Du moins, c'est ce que pense Thomas. Comment pourrait-il en être autrement ? se demandait-il toujours.

Dans la salle à manger, la tension était à son comble. Cassey et Luc échangèrent un regard signifiant : «pourquoi est-ce qu'il réagit comme ça ?» et Mary serra sa fourchette si fort que l'on voyait ses jointures blanchire. Dan Edson gardait la tête devant lui, les yeux dans la vide. Finalement, il secoua la tête et replongea dans son assiette.