Chapitre 9 : Deuxième épreuve

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Un long couloir s'étendait à perte de vue devant les iris vertes de l'adolescente. Ce fut sans peur ni hésitation qu'elle s'enfonça dans le corridor devenu sombre et peu accueillant.

De longues minutes passèrent sans que rien ne se trouve ni sur les murs gris foncés, ni sur le plafond noir, ni sur le sol couvert d'un tapis bleu foncé allongé le sol, noir lui aussi. Un long grondement fit trembler les murs, et arrêta Elina. Elle tourna la tête, et trouva, apparut comme par miracle, une porte encrée dans le mur. Elle faisait la hauteur de celui ci, et des craquelures apparaissaient sur les contours de la porte en bois sombre.

Elle ne savait pas si elle devait entrer, mais alors qu'elle allait, hésitante, ouvrir la porte, un nom apparut sur le bois.

"Arthur Green"

— Papa ? se dit Elina pour elle même.

Sa curiosité piquée à vif, la força à entrer. La pièce était grande, et sombre.

Pour changer, se disait-elle.

Là, au centre, assis sur une chaise blanche, se tenait un homme assez âgé maintenant. Elina reconnut son père. Elle avança et s'assit sur la chaise derrière la table qui les séparaient. Sur cette même table était posé un mot. La jeune fille le prit et le lut à haute voix.

"Toute vérité n'est pas toujours bonne à entendre"

— Avec ta mère, nous t'avons souhaités plus que jamais.

Elina sursauta quand elle entendu la voix de son père. Il avait bien changé. Maintenant, ses cheveux qui étaient gris, furent désormais blanc. Des rides étaient inscrites sur la peau de son visage, au coin de ses yeux, derrière ses lunettes, et de ses lèvres, cachées par sa barbe, tout comme certaines faisaient leur apparition sur ses joues bouffies. La voix du vieille homme était rauque et peu agréable à écouter.

— Lorsque nous avons vu que nous n'arrivions pas à avoir d'enfants, nous avons commencé à perdre espoir. Puis, tu es arrivée. Nous étions heureux. Tu as grandis, tes soeurs sont arrivées. Tout semblait parfait. Semblait. Puisque ça ne l'était pas. Tu as commencée à devenir étrange. Déjà petite, tu avais décidé de ne pas grandir, comme ton Peter Pan adoré. Avec ta mère, nous pensions que cela était une chose normal pour un enfant.

Elina commençait à comprendre ce dont allait paraître l'épreuve, et cela lui déplaisait fortement. Son père ne la regardait même pas dans les yeux. Il visait le vide de ses yeux verts clairs.

— Pourtant, tes idéaux de jeunesse éternelle persistaient. Tu n'avais rien de normal, tu n'avais rien de l'enfant que nous souhaitions avoir. Tu n'étais pas notre fille.

Arthur Green leva ses yeux clairs, et fixa sa fille.

— Tu n'étais qu'une erreur.

Les mots firent echos dans l'esprit d'Elina. Rien qu'une erreur. Elle savait que ses parents ne l'aimaient pas, mais de la à dire, qu'elle était une erreur... Elle avait les larmes aux yeux, mais restait forte.

— Tu ne feras jamais le poids face à tes soeurs. Elles ne sont pas étranges, elles sont bien élevées, elles sont correctes en présence d'invités, elles n'écoutent pas de musique en permanence, elles ne restent pas seules, elles ne parlent pas dans le dos des gens. Elles sont normales.

Un long moment s'ensuivit durant lequel aucune des deux personnes présentes dans la salle ne dirent mot.

— Eh bien, excuse moi de ne pas être comme tous le monde, de penser par moi même, et d'avoir mes propres règles et habitudes. Pardon, de ne pas faire partie de ton troupeau de mouton. Et pardon, de n'avoir été qu'une erreur à tes yeux. Mais laisse moi te dire que la prochaine fois, tu réflechira à deux fois avant de commettre une "erreur" comme tu aimes appeler ta progéniture.

Neverland : Tome 3 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant