V. 2015 - ... qui vire au cauchemar

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— Oh oui ! m'écrié-je, le corps frissonnant d'extase dans les bras de mon partenaire.

— Oh bébé, tu es si bonne ! grogne-t-il en accentuant ses coups de rein.

Encore sur mon petit nuage, je ne réalise pas vraiment.

— Han... han...

Putain, mais il croit qu'il ramone une cheminée ou quoi, ce con ?

— Oh bébé... répète-t-il en continuant ses coups de boutoir.

Il pense trouver du pétrole à creuser comme ça ?

Bon, allez, on arrête les conneries, je n'ai pas que ça à faire, moi.

— Allez jouis pour moi bébé, tu seras mignon.

Il pousse un dernier râle et s'écroule sur mon dos.

— Hum hum. Tu m'écrases !

Il se dégage et je me relève. Je rabats ma jupe, ramasse mon sac et je m'apprête à quitter le bureau lorsque je l'entends :

— Putain, tu es une vraie déesse, Candy !

Je frémis de rage et serre les dents.

— T'inquiète pas, cette campagne de pub, elle est pour toi bébé. Tu l'as bien mérité, ajoute-t-il en boutonnant son pantalon

Y a intérêt, ducon.

Je claque la porte et quitte cet immeuble sous le regard inquisiteur du reste des employés. Je saute dans un taxi et regagne mon luxueux appartement. Faut dire que j'ai plutôt bien réussi, professionnellement. J'ai réussi à me servir de mon don de manière utile. Et comme charité bien ordonnée commence par soi-même, j'ai suffisamment d'argent pour vivre confortablement et un job en or. Je me suis endurcie et j'ai bien fait. La Candy fleur bleue a disparu. Je suis une femme libre, épanouie sexuellement. Je prends, je jette. Ni plus, ni moins. Les sentiments, c'est superflu. Tant que je prends mon pied et obtiens ce que je veux, le reste je m'en fous.

Je dois pourtant reconnaître que je suis moins réceptive qu'avant. À moins que ce soit mes partenaires qui soient moins doués ? Ou bien, je m'envoie en l'air trop souvent ?

— Salut, boucles d'or !

— Oh !

Je laisse entrer mon charmant voisin dans l'ascenseur avec moi. L'endroit est plutôt étroit mais cela ne me dérange pas de me serrer contre son corps d'athlète. La trentaine, des yeux bleu glacier, une barbe de trois jours du même blond vénitien que ces cheveux, il ressemble vaguement à Michael Fassbender. Gaspard a aménagé sur le même palier il y a environ quatre mois. Et il alimente mes fantasmes les plus débridés depuis. Malheureusement, il doit être gay car il ne m'a jamais fait d'avance et il ne semble pas voir les signaux que je lui lance. Et je dois avouer qu'ils sont loin d'être subtils.

Venir en petite tenue lui demander du sucre.

Lui demander de vérifier ma tuyauterie.

Prendre ma douche chez lui sous prétexte que je n'ai plus d'eau.

Bref, rien n'y fait.

— Tu as un nouveau rouge à lèvres non ?

Qu'est-ce que je disais ?

— Ça rend tes lèvres encore plus pulpeuses, je trouve.

Si tu savais comme j'aimerais te montrer tout ce que je sais faire avec elles, mon chéri ! Mieux qu'un Dyson !

— Euh... oui. Merci.

Les portes s'ouvrent et nous rejoignons chacun notre appartement. Ce n'est pas l'envie qui me manque de prolonger notre tête-à-tête, mais je dois me préparer.

Demain est un grand jour.

Demain ma vengeance sera totale.

L'église est bondée en cette journée orageuse. Je reconnais quelques visages, de ci, de là. Avec mes lunettes noires, je suis difficilement reconnaissable. Mais mon sex-appeal attire toujours autant les foules. C'est fou, depuis deux ans maintenant, je n'ai qu'à claquer des doigts pour trouver un homme ! Et encore plus depuis que Gabriel m'a quitté. À croire que les garces excitent les mecs.

Je me fraye un chemin jusqu'à un banc, au milieu de la rangée et observe mon ex, si séduisant dans son costume taillé sur mesure. Il plaisante avec son témoin mais je peux percevoir la tension qui l'habite. Malgré tout ce qu'il s'est passé, je ne peux pas m'empêcher de ressentir une légère émotion en le voyant. Soudain, la musique commence, tout le monde se tait et les regards se dirigent tous vers l'entrée où la mariée fait son apparition.

Je serre mes poings tellement forts que mes ongles s'enfoncent dans mes pommes. Je dois reconnaître que Kelly est splendide. Gab la dévore des yeux, profondément ému.

Lorsque le prêtre demande si quelqu'un s'oppose à cette union, très lentement et ôte mes lunettes de soleil. Je m'approche lentement et souris au couple.

— Mais qu'est-ce qu'elle fait là cette greluche ? s'exclame Kelly.

— Ne t'en fais pas, pétasse, je te le laisse. Je suis simplement venue vous présentez mes vœux de bonheur et dire trois petits mots à Gabriel...

— Candy, non... balbutie-t-il.

— Oh si, bébé... dis-je en m'approchant encore.

Je me penche à mon oreille et lui susurre cette phrase qui m'a tant apporté. Mon mantra depuis deux ans déjà. Il fronce les sourcils, tente de résister mais je suis plus forte que lui. Au moment où un coup de tonnerre retentit, Gabriel est secoué de spasmes et pousse un râle étouffé. Sa tendre épouse le regarde d'un air dégoûté tandis que les invités les fixent, interloqués.

Je quitte l'église satisfaite et en paix. Pourtant,une étrange sensation s'est emparée de moi depuis que l'orage a éclaté. Unéclair déchire le ciel au moment où je m'installe au volant de ma voiture,augmentant cette peur irrationnelle qui s'est emparée de moi tout à coup.

Trois petits mots... [TERMINÉE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant