Chapitre 3

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Je ne sais pas combien de temps je reste plantée là, mais je pense que cela doit faire un certain temps étant donné qu'Evelyn arrive en courant, ses éternels talons cliquetant sur le sol. En tournant ma tête vers elle d'un ton morne, je constate qu'elle arbore une mine inquiète. Quand elle aperçoit mes cheveux ébouriffés et mon visage rouge de honte, elle m'interroge tout de suite.

- Que t'est-il arrivé ? Tu n'arrivais pas, j'étais très inquiète ! me dit-elle sur un ton réprobateur. Alors que j'étais en état de choc, celui-ci se dissipe peu à peu, me laissant voir ce qu'il se passe autour de moi. Malheureusement pour moi, l'étourdissement se transforme en agitation.

- Dé...  Désolée ! Je... Je me suis prise le mur ! je m'exclame rapidement. Bon d'accord, je sais que ce n'est pas mieux, mais franchement, je n'allais quand même pas lui dire que j'ai fait un cumulet dans les escaliers pour atterrir aux pieds d'un beau gosse qui m'a prise pour une folle ? Rien que d'y penser, j'ai juste envie de m'enfuir loin, très loin.

- Lucia m'a dit que tu étais maladroite, mais à ce point... Il va falloir qu'on rectifie ça, et le plus tôt sera le mieux. Suis-moi ! dit-elle en se remettant à courir. Est-elle au courant que je ne suis pas apte à faire un cent mètres avec des talons qui auraient pu me coûter ma vie et qui m'ont déjà coûté mon honneur ? Non, sûrement pas étant donné qu'elle court plus vite que la lumière. Mon Dieu, je ne m'y ferais jamais. 

En plus, le moment que je viens de vivre revient incessamment dans mon esprit, m'empêchant d'être réellement présente. J'ai l'impression d'être bloquée dans une dimension parallèle, remplie de confusion et d'égarement. Et je sens que quand je vais être seule, cette histoire me hantera encore plus. Alors, je souffle un bon coup et décide d'oublier momentanément ce fiasco, le temps de me concentrer avec Evelyn.  D'ailleurs, qui est ce garçon ? Il est vraiment sorti de nulle part...

Soudain, Evelyn s'arrête brusquement, ce qui me fait percuter son dos. Alors que je la fixe avec interrogation, celle-ci ne m'accorde pas un regard, et se met à tourner sa tête de gauche à droite, comme si elle cherchait quelque chose.

- Zut ! Avec toute cette histoire, je l'ai complètement oublié ! Prince ? Prince ? se met-elle à crier en cherchant un peu partout aux alentours.

- Oh, je ne savais pas que vous aviez un chien... je murmure un peu pour moi-même. Mais Evelyn a bien entendu, car elle se tourne vers moi, les yeux aussi grands que des soucoupes.

- Un... chien ? dit-elle effarée. Je ne comprends pas sa réaction, elle a bien parlé d'un certain Prince non ?

- Oui, Prince. C'est quelle race, d'ailleurs ? je lui dis avec désinvolture, avant de me mettre à chercher le chien. Pourtant, Evelyn ne bouge pas. Je me retourne et constate qu'elle a toujours le même regard choqué. Quoi, qu'est-ce que j'ai dit ? 

- Prince est... Prince est le fils héritier de la famille WhiteField ! s'exclame-t-elle, complètement rouge de colère. Ah oui, je viens de faire une bourde. Pourtant, je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. 

- Mais... Le Chihuahua de ma grand-mère s'appelle Prince ! Comment est-ce possible d'appeler son fils Prince ?! je m'exclame, hilare.

Evelyn me regarde d'abord avec une mine outrée, mais n'y tenant plus, elle se met à rire elle aussi. On m'a toujours dit que j'avais un rire contagieux, et je ne peux que confirmer en constatant que nous rions toutes les deux ensembles comme deux bonnes vieilles amies. C'est vraiment rafraîchissant. Le problème du cumulet me semble alors bien loin, étouffé par nos rires sonores.

- Bon sang, ça faisait longtemps que je n'avais pas ri autant. Si Mike apprend ça, je ne donne pas cher de notre peau ! dit-elle avec un sourire malicieux. Sauf qu'elle a oublié que je ne sais pas qui est Mike.

The New CinderellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant