Chapitre 7

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Après plusieurs minutes à broyer du noir, je décide d'essayer de me changer les idées. Rester ainsi ne changera rien, et même si c'est dur, je dois essayer de penser à autre chose. Bien que mes pensées soient déterminées, mon corps, lui, refuse de m'écouter et semble lourd, vidé de toute son énergie. Les souvenirs douloureux et les émotions qui me prennent d'assaut me déconcentrent. Mon regard se pose alors sur mes livres de médecine, empilés sur mon bureau. J'avais promis de m'y mettre, peut-être est-ce le moment ? 

Je commence à feuilleter mon premier syllabus, et après une heure, je connais déjà les cent premières pages. Ma bonne mémoire m'a toujours fait défaut. Elle me met en confiance, peut-être même trop, ce qui explique mes résultats désastreux au terme de ma première année. 

Si seulement j'avais eu une semaine...

Mes pensées sont interrompues par de légers coups à la porte. En ouvrant, je tombe nez à nez devant Lémiline, qui me fait un grand sourire.

- Evelyn m'a dit que tu serais ici. Allez, viens, on va déjeuner ! me dit-elle en me prenant la main. 

Alors que je la suis docilement, elle renifle un peu partout et s'interrompt.

- Je rêve, ou ça sent le cupcake ? me chuchote-elle tout bas en se retournant vivement vers moi. Mais bon sang, comment a-t-elle fait pour le sentir ? Ces personnes commencent à me faire de plus en plus peur.

- Heu, non, pourquoi ? je lui mens d'une petite voix, sentant l'angoisse monter.

- Mais si, j'en suis sûre ! Je... Je veux des cupcakes ! se met-elle à crier en sanglotant.

Bon, il faut que je la console avant qu'elle ne transforme ce couloir en piscine municipale. Qu'est-ce qu'on dit à un enfant qui pleure, déjà ? 

- Arrête de pleurer, Lémiline, sinon tu vas devenir moche ! je lui chuchote comme si je venais de lui dire la révélation du siècle. Mais enfin Ella, t'aurais pas pu trouver quelque chose de mieux ? 

Elle s'arrête soudainement de sangloter, et je remarque qu'en réalité, il ne s'agissait que de faux pleurs. Cette chipie !

- C'est vrai ? me demande-t-elle inquiète, alors que j'acquiesce vivement de la tête pour confirmer mes dires. Elle me regarde avec une mine horrifiée, aussi je décide la rassurer pour éviter une autre crise de larmes.

- Oui, mais ne t'en fais pas, tu es toujours magnifique ! Regarde ! je la rassure en la faisant tourner, sa robe en profitant pour tournoyer également. Elle la regarde avec des yeux admiratifs, et, lorsqu'elle s'arrête, elle se tourne vers moi avec un regard prétentieux.

- J'ai toujours su que j'étais la plus belle, de toute façon. Jacqueline a beau faire n'importe quelle transformation sur son visage, elle ne m'arrive pas à la cheville. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! explose-t-elle d'un rire hautain en se mettant la main devant son visage alors que je la regarde, abasourdie. Qui est cette malheureuse Jacqueline ? Je la plains, avoir Lémiline à son dos, la pauvre...

Nous arrivons devant la porte de la salle à manger, et, lorsque nous entrons, nous avons droit à un sourire de la part de Prince, déjà attablé et semblant nous attendre. Bien que j'ai accepté ses excuses, je suis un peu rancunière de la froideur non-justifiée qu'il a manifesté à mon égard, aussi je l'ignore royalement en allant m'installer sur la chaise la plus éloignée de la sienne. Je sais bien que je n'ai pas réagi, la fois dernière, mais c'était parce que son changement d'attitude m'avait perturbée, m'empêchant de lui dévoilement mes ressentiments.

- Ella, quelque chose ne va pas ? me demande Prince, semblant se soucier de mon comportement.

- Écoutez, Prince, je sais que j'ai accepté vos excuses, mais cela ne justifie quand même pas votre comportement à mon égard. Alors, je pense qu'il me faudra un peu de temps avant que je ne m'acclimate à vous, je lui réponds froidement dans les yeux, avant de détourner le regard. Pourquoi un frisson m'a parcourue lorsque nos yeux se sont croisés ? 

The New CinderellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant