The New Cinderella

Chapitre 4

Je marche doucement, ma longue robe bleue ralentissant mes pas. Les odeurs des fleurs bercent mes narines, l'éclat de la lumière se reflète sur la fontaine où je me trouve quand soudain, je me sens portée dans les airs. Des bras solides et forts m'entourent et me serrent contre un corps massif et chaud. Je me retourne et croise le magnifique regard doré de mon amant, qui me regarde amoureusement.

- Ma douce Cinderella, me souffle-t-il au creux de l'oreille.

- Mon Prince, je lui réponds en m'approchant de son visage.

Nos deux nez se touchent, nos soufflent se mêlent, nos lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres l'une de l'autre quand...

- Ella !!!! hurle une voix que je perçoit derrière la porte en tambourinant violemment.

Non ! Non ! Ce n'est pas possible ! Il faut que l'embrasse ! Je me penche alors, encore embrumée par mon sommeil et mes lèvres touchent... une surface qui ressemble à du tissus ?

J'ouvre les yeux et je constate que je suis en train d'embrasser mon oreiller. Qu'est-ce que...

-ELLA !! Ouvre cette porte tout de suite ! hurle à nouveau Evelyn, que j'ai reconnue grâce à son timbre de voix. Ma tête est encore dans du coton, mais lorsque je retombe sur mon oreiller moelleux, une évidence me frappe de plein fouet, me faisant me redresser d'un coup.

Le travail !

Je ne prends pas la peine de m'habiller et cours ouvrir la porte, où je trouve Evelyn avec une expression furieuse, les cheveux en bataille, essoufflée. Elle ne prend pas la peine de commencer par les salutations et décide de passer directement à l'attaque.

- Non, mais t'as vu l'heure ?! Ca fait un quart d'heure que je t'appelle, en vain ! Ton réveil n'a pas sonné ? Bon sang, j'ai dû réveiller des morts, j'en suis sûre ! Mais toi ! T'as fait le meilleur rêve de l'année, ou quoi ?! me crie-t-elle, furieuse. Le rêve que j'ai fait me percute de plein fouet. Le meilleur rêve de l'année ? Mon Dieu, j'ai tellement honte. Pourquoi a-t-il fallu que le garçon qui hante mes pensées (de manière négative, précisons-le) vienne jouer le rôle principal dans mon conte romantique ? Ne plus jamais s'endormir en pensant à quelqu'un, Ella, plus jamais.

- Je... je suis désolée, je commence, mais Evelyn m'interrompt bien vite.

- Désolée ?! Il est six heures trente, tu te rends compte ?

- Et alors, ça ne fait qu'une demi-heure de retard, c'est pas un drame, je bougonne, vexée par son ton. Je tourne la tête vers elle, et constate qu'elle est encore plus furieuse. Il faut vraiment que j'apprenne à me taire.

- La ponctualité est un point essentiel dans ton travail, Ella ! Comment veux-tu réussir sans cela ?! Et cela s'applique dans tous les domaines ! Mais bon, assez bavarder, enfile ta tenue et descends ! La famille WhiteField est déjà attablée pour le petit déjeuner, inutile de m'aider à le faire ! dit-elle, fortement mécontente, avant de s'en aller. Je la regarde partir avec une énorme culpabilité, on avait une bonne complicité, hier, je ne veux pas la perdre. Je souffle un bon coup, retourne dans ma chambre et entreprend de me rafraîchir et de m'habiller, tout en réfléchissant à la cause de mon sommeil prolongé. Et soudain, je comprends : mon réveil ! Je ne l'ai pas activé, hier ! Quelle idiote ! Il n'y a qu'à toi que ça arrive !

Je suis encore en train de m'affliger de tous les noms quand je finis de m'habiller. Je regarde mon reflet, pourtant je ne vois qu'un visage simple, avec des yeux bruns banals, des cheveux bruns avec de légères boucles qui vont dans tous les sens et un teint trop blanc, à la limite du cadavérique. Inutile de me maquiller, même du maquillage ne peut rien contre un visage pareil. Et dire que tu t'inventes des histoires d'amour dans tes rêves. Pathétique. Personne ne voudra jamais de toi, Ella, car tu n'es pas belle et gentille, malheureusement. Autrefois, les larmes me seraient sûrement montées, mais maintenant j'ai l'habitude, à chaque fois que je croise mon reflet, c'est pareil. Il faut simplement que je m'habitude à cette fatalité.