Chapitre 2

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J'ai envie de tout casser, et de faire un de ces caprices que les enfants font quand ils n'ont pas ce qu'ils veulent. Mais ça me semble pas vraiment approprié, étant donné que je ne suis plus une enfant, et que je n'ai pas de bonne raison de le faire.

Maintenant que je suis en train de préparer mes affaires pour aller je ne sais où, je commence à reprendre peu à peu mes esprits. J'ai évidemment une justification à ce crime que j'ai commis (rappelons-nous, un vol de 7000€, tout de même). Mais j'ai tellement honte de moi, je ne peux pas en parler. Je veux juste oublier à quel point je suis misérable et tellement banale.

Égoïsme ne rime vraiment pas avec confiance en soi.

Mes parents ayant tenu à m'éliminer le plus vite possible tel un parasite indésirable, j'emménage dès aujourd'hui dans l'endroit où je vais travailler. Je n'arrive pas à croire que je dis cette phrase. Personne n'aurait jamais cru un jour que je la dirais. Moi, Ella Daniels, en train de frotter avec un torchon. Oh mon Dieu, je vais vomir.

De toute façon, quand j'aurais réduit leur maison en cendre à cause de ma maladresse, ils regretteront de m'avoir prise comme femme de ménage. Mais il sera trop tard. Cette pensée arrive à me faire étirer un sourire diabolique.

Sourire bien vite fané par la menace de mon père qui résonne dans mes oreilles. Me couper les vivres...

Mince, si je me fais virer ils me couperont quand même les vivres et tout cela n'aura servi à rien !

Adieu, mon rêve que j'ai toujours gardé dans un coin de mon esprit.

Bon, souffle un bon coup, ça va aller !

C'est quel genre de famille, au fait ?

Stop les questions, on se concentre...

- Ne t'inquiète pas, ça ira, Ellou, me sourit gentiment Lana, en me tendant un de mes T-shirt qu'elle vient de repasser. Bon sang, où l'a-t-elle trouvé ? Ça fait trois semaines que je le cherche !

- Dans ton tiroir à cahier, je ne sais pas comment tu as fait pour réussir à le mettre là, ri-t-elle. Mais lit-elle dans mes pensées ?

- Ne me regarde pas comme ça, ton visage est très expressif, voilà tout, s'esclaffe-t-elle. Elle se moque de moi, bon sang !

- Ne t'en fais pas, si tu veux, je te donnerais des cours à la bibliothèque pendant tes pauses, intervient Luna, qui sort de je ne sais où. Vivrais-je dans une famille de ninja sans le savoir ?

Je coupe court à mes pensées pour le moins... originales avant de répondre à sa question. Mais enfin, comment font-elles pour être douce en permanence !

Je marmonne un merci aussi terne que mon expression faciale et recommence ma tâche à savoir : ranger mes affaires.

Mais enfin, comment est-ce qu'on plie un T-shirt ?

Alors que je m'acharne à trouver comment le couper en quatre, Luna me le prend des mains.

- Comme ça, regarde. C'est facile, me montre-t-elle de son sourire bienveillant. Elle exécute une danse étrange avec ses mains et mon T-shirt est plié. A-t-elle invoqué des esprits ?

Voyant que je la regarde telle une enfant regardant pour la première fois de sa vie un hippopotame, elle décide de prendre les devants.

- Laisse, on va le faire. Profites-en pour voir s'il ne te manque rien, tu pars dans vingt minutes, quand même, me dit-elle.

Je marche telle une automate jusqu'à mon bureau, mais voyant qu'il ne me manque rien, mon regard se perd dans l'horizon que renvoient les fenêtres de ma chambre.

The New CinderellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant