Chapitre 8

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Encore chamboulée de mes émotions, je ne vois pas Lémiline qui revient à la hâte, un sourire jusqu'aux oreilles. Pauvre chat, j'espère qu'elle te n'a pas attrapé, mon pauvre. Elle s'arrête en face de nous en essayant de reprendre son souffle, chose difficile étant donné qu'elle se met à parler à toute vitesse.

- J'ai croisé Alexander, en chemin ! Je lui ai proposé notre aide, et il a directement accepté. Bien évidemment, je vous ai inclus dans le lot, alors en route, bonne troupe ! s'exclame-t-elle en se mettant à marcher façon militaire. Je me tourne alors vers Prince. En croisant son regard, la gêne me prend et je bafouille.

- Heu... c'est qui Alexander ? je lui demande alors que je sens que je me balance d'un côté et d'un autre, timide. Ressaisis-toi, Ella !

- C'est le jardinier de la maison. Il est très doué, explique Prince très brièvement, nullement gêné comme je le suis. Raison de plus pour ne pas l'être !

Nous marchons en silence durant quelques minutes, jusqu'à arriver dans ce que je pense être un nouveau jardin, aussi éblouissant que le premier. Un homme tenant un arrosoir nous tourne le dos et semble ne pas avoir remarqué notre présence. Lémiline lui fait un petit coup d'épaule et il se retourne. Quand il nous aperçoit, il esquisse un grand sourire. Il doit avoir dans la soixantaine et a comme une âme de grand père chaleureuse, cela se sent à son sourire. 

- Ah ! Te voilà, Lémiline ! Tu as ramené du renfort ? demande-t-il en se tournant vers moi, l'air interrogateur.

- C'est Ella, l'assistante d'Evelyn ! explique Lémiline en me tapotant le bras. L'assistante d'Evelyn ? Je n'aurais pas dit ça, mais bon...

- Je vois. C'est gentil de venir m'aider, vous allez voir, le jardinage, c'est super ! continue-t-il, chaleureusement.

Et alors là, je comprends seulement ce que ça veut dire. On va l'aider, lui, à faire du jardinage. JE vais l'aider à faire du jardinage. Bon sang, je vais mourir.

Il nous tend à chacun un tuyau d'arrosage, relié un peu plus loin par un genre de distributeur d'eau discret encastré dans le mur. 

- Tenez, allez arroser ça ! demande-t-il gentiment en s'en allant vaquer à ses occupations plus loin. Mais comment on allume ce truc ? 

Prince et Lémiline se dirige vers leur petit distributeur d'eau chacun, et tourne le petit robinet. Un jet d'eau arrive bien rapidement, et il commence à arroser les plantes, qui en ont bien besoin avec cette chaleur étouffante. Quant à moi, et bien... je me dirige doucement vers le robinet, méfiante, et essaye de le tourner, sans succès. J'y mets un peu plus de force, de courage et vigueur, et celui-ci se décide enfin à tourner. Mais ce à quoi je ne m'attendais pas, c'était l'immense jet d'eau qui a fait s'envoler mon tuyau, qui lui a décidé de prendre en main sa propre vie en arrosant à tout va dans le ciel. Mais, pourquoi ça n'arrive qu'à moi ? 

Le jet se dirige dangereusement vers Lémiline, qui, inconsciente du danger, continue à arroser ses plantes en chantonnant.

- Lémiline, attention ! je lui crie, mais trop tard, le jet l'arrose de la tête aux pieds. Elle pousse un cri d'indignation digne d'une princesse et se retourne vers moi, l'air meurtrier. 

- Lémiline, je t'assure que ce n'est pas m... je commence, réellement inquiétée par son regard de tueuse, mais trop tard, elle m'arrose également des pieds à la tête. L'esprit de vengeance s'étant emparé de moi, je prends mon tuyau comme si c'était un bazooka et commence à mitrailler Lémiline, qui me mitraille à son tour. Que le combat commence.

Elle esquive mon attaque frontale et part se camoufler derrière un buisson. J'avance pas à pas, flairant le moindre mouvement, quand elle se relève, poussant un cri de guerre. Je le lui rends et les jets d'eau filent dans tous les sens, que nous peinons à esquiver. Et là, malencontreusement, un jet touche Prince, l'arrosant lui aussi des pieds à la tête. Il se retourne, surpris, et j'en perds mon souffle. Il est magnifique, les cheveux mouillées, sa chemise lui collant à son torse où l'on peut apercevoir des muscles saillants, ses yeux dorés qui semble briller avec la lumière du soleil. Il est sublime. Il aurait très bien pu devenir mannequin, vu son physique de rêve. Je n'imagine même pas le mien, qui doit sûrement être horrible : les cheveux en bataille mouillés, mes habits chiffonnés et mon visage trempé. Pourquoi la nature est-elle si injuste ? 

The New CinderellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant