Chapitre 7 : Une Petite Odeur de Roussie

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Autant dire qu'Élisa s'écroula dans son lit dans l'heure qui suivait. Le ventre vide, épuisée et chamboulée, elle s'endormit tel un plomb. Elle n'en pouvait plus de ces épisodes... C'était stressant, angoissant, et elle se retrouvait souvent spectatrice d'une situation déplorable.

Mais surtout, elle n'avait aucun moyen de prédire leur survenue.

Cette histoire de bateau pirate avait été, probablement, le plus violent de tous. Se retrouver sur un navire en plein abordage, quel manque de pot ! Le pire... Élisa s'endormit en se demandant qui était cette Duchesse de Millicent. Et comment elle pouvait connaitre son nom. Elle se renseignerait sur cette femme demain.

Elle dormait profondément, lorsque quelque chose la tira d'un seul coup de son oreiller.

-C'est pas vrai !? s'exclama-t-elle.

Elle venait de se réveiller à cause de l'odeur âcre de la fumée, de la chaleur insoutenable et de hurlements assez significatifs. Un incendie dans son petit immeuble !

Sauf que... bloquée sur son lit, elle se découvrit cernée par les flammes. Comment était-ce possible !? Elle n'avait pas un sommeil de plomb à ce point-là, tout de même !?

-Je fais quoi ? Je fais quoi !? couina-t-elle, debout sur le matelas.

Les fenêtres étaient fermées par des volets électriques, or, le courant avait sauté sous l'effet de la chaleur. Impossible de passer par là ! Elle devait passer par le feu... Non, elle allait finir grillée aux entournures ! Oh bon sang... La fumée commençait à lui faire tourner la tête. Elle avait chaud... Comment les flammes avaient-elles pu se déclarer juste à cet endroit ?

-Ce ne sont quand même pas les vampires !?

Ils n'iraient pas jusque là !?

-Élisa Klervi, pense plutôt à sauver tes fesses ! glapit-elle en frappant son drap, en train de prendre feu. Pourquoi je ne suis pas une élémentaire d'eau ou un truc du genre, bon sang de bonsoir !?

En voyant les flammes ramper le long des murs, se répandre au plafond, elle se dit qu'il était grand temps de partir. Prenant son courage à deux mains, elle s'élança en direction de la porte... Et un bras passa autour de sa taille, l'empêchant de sauter dans le brasier. Le souffle coupé, elle se tortilla pour voir un écran, avec un gros bouton rouge.

L'image se décala, révélant deux yeux d'un violet brillant de colère.

-Qu'est-ce ce que tu ne comprends pas, dans les termes « urgence vitale » ?

-Nathaniel !?

-Je vais devoir te donner des cours de français, apparemment, râla-t-il en glissant son portable dans la poche de sa veste. Bon, retiens ton souffle.

-Quoi ? Pourquoi !?

Son sourire en coin était carrément démoniaque. La seconde suivante, un froid intense la saisit, contrastant horriblement avec le brasier de l'incendie... Et elle se retrouva les fesses dans un fauteuil chauffant, sur le siège passager d'une voiture de luxe.

Le souffle coupé par le brutal changement d'ambiance, elle fixa la route devant elle, sans tout à fait enregistrer. Ce fut la lumière aveuglante des flammes qui lui fit tourner la tête vers un immeuble en flammes, à l'autre bout de la rue. Les pompiers étaient déjà sur place, les autres résidents à distance du feu.

-Oh bon sang de bonsoir ! s'exclama-t-elle en revenant soudain à la vie. Nathaniel ! Comment tu as fais ça !?

Déjà, l'homme d'affaires faisait démarrer son bolide, comme si de rien était.

-Je passais voir si tout allait bien avant de rentrer chez moi.

-Que...

Il avait pris cette peine ?

-Ce n'est pas de ça que je parle ! Comment on a fait pour se retrouver d'un seul coup dans cette voiture !?

-Par magie, évidemment, fit-il en haussant un sourcil. Quelle question !

Effectivement. Néanmoins, tous les êtres du paranormal n'étaient pas capables de se transporter d'un point a à un point b ainsi, et encore moins dans des positions tout à fait différentes !

-Ob purée, fit-elle en portant une main à son cœur. Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie.

-Le feu a cet effet sur les plus niais.

-Hé ! Pas la peine d'être condescendant !

Le silence s'installa entre eux. Perdue, Élisa regarda dehors. Elle sentait le cramé aux entournures. Son pyjama à pingouins surfeurs n'était plus tout à fait blanc non plus. Et ses cheveux... olalala...

-Un hôtel formule 2 me suffira amplement, déclara-t-elle avec un soupir. Si tu pouvais juste me déposer à...

-On va chez moi.

-P... Pardon ?

-J'ai dis : on va chez moi.

La bouche ouverte, elle avisa le profil de Nathaniel, dont le sourcil se haussa. Par contre, il ne quitta pas des yeux la route.

-Hors de question ! Je ne veux pas...

Le freinage fut brutal. Elle se serait encastrée dans le pare-brise, pour couronner le tout, s'il ne l'avait pas retenue d'un bras en travers du torse. Évidemment, elle n'avait pas sa ceinture de sécurité. Toutefois, en croisant son regard d'améthyste, elle se trouva clouée sur place.

-Tu te souviens de ce que tu m'as dit, la nuit dernière ? gronda-t-il.

Il se pencha en avant, de telle sorte qu'elle se renfonça dans son siège. Oups. Il était énervé. Pour de vrai.

-Heu...

-« Je ferais tout ce que tu voudras, mais sauve-moi ». Ce sont tes mots.

Crotte... Son sourire était franchement carnassier.

-Alors tu cesses de râler, tu te cales dans ton siège et tu te tais. C'est clair ?

-C'est... C'est clair.

Voici comment Elisa Klervi se retrouva à vivre chez l'ennemi public numéro un des vampires.

1. L'Héritage des Millicent : La Poisse aux TroussesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant