Chapitre I

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"Me fais pas la leçon ! Je peux pas rester sans rien faire alors que mon frère est quelque part en danger ! je m'exclame en tapant du poing sur le lavabo.

- Arrête de toujours vouloir faire tout par toi-même ! Fais confiance aux éclaireurs, ils le cherchent, me dit Aurore en me mettant une main réconfortante sur l'épaule.

- Ils le croient mort !" je la repousse d'une claque rageuse sur son bras moelleux.

Elle me regarde. Dans ses yeux, je lis une certaine pitié qui m'énerve encore plus. Elle a pitié de moi. J'ai perdu mes parents trop tôt pour les connaître et maintenant, c'est mon frère qu'on m'a volé !

Je lui tourne le dos. Je sais qu'elle me regarde dans le miroir, mais je garde les yeux baissés vers le lavabo bruni par le maquillage que j'ai fait voler en tapant.

Quand je sens qu'elle se désintéresse de moi pour se préparer, je la regarde. Elle s'habille. Elle enfile un uniforme beaucoup trop grand pour elle dans l'espoir de camoufler ses rondeurs. Ce comportement m'énerve. Elle est si peu sûre d'elle ! Pourtant, elle est si jolie avec ses joues rondes.

C'est ma meilleure amie donc je déteste m'engueuler avec elle. Elle a toujours raison, mais je ne peux pas m'empêcher de m'entêter. C'est de ma faute. J'aurais dû aider mon jumeau quand ils l'ont attrapé. Au lieu de me cacher, j'aurais dû faire quelque chose. N'importe quoi.

"C'est pas de ta faute." dit Aurore comme si elle lisait dans mes pensées.

Je lui lance le plus noir de mes regards. Je ne sais pas pourquoi je ressens ce besoin de me défouler sur elle.

Je finis rageusement de maquiller mon visage pour camoufler cette acné qui me gâche la vie et je sors des sanitaires presque en courant.

Je cours sans regarder vers ma chambre, si bien que je percute quelqu'un. Stoppée net, je m'excuse rapidement sans même regarder la personne.

"- Sabrina, tu pourrais regarder où tu Vas ! s'offusque la personne.

Je redresse la tête, surprise.

"- Mme LeRose... Je suis Morgan, pas Sabrina..."

Elle se penche vers mon visage. Je sens l'odeur que dégage sa bouche et ce n'est pas très agréable. Elle approche ses yeux qui semblent globuleux à cause de ses lunettes aux verres très épais.

"- Excuse moi Morgan, je ne t'avais pas reconnue. Ça va ma chérie ?"

J'aquiesce, mais je sais qu'elle ne me croit pas. C'est la surveillante de l'orphelinat, qu'on préfère appeler internat, où je vis avec Aurore.

"- Cet après midi vers 17h, je t'emmène manger une glace et tu me racontes ce qu'il ne va pas d'accord ?" me dit elle d'une voix douce.

Incapable de dire non à cette femme que je connais depuis l'âge de 4 ans, j'accepte en souriant et repars sous prétexte d'un retard au lycée.

Arrivée dans ma chambre, je m'allonge sur mon lit et je fixe le plafond en poussant un long soupir. J'aime bien soupirer. C'est un peu comme souffler tout ce qui nous énerve vers l'extérieur et se purifier.

L'horloge qui est accrochée au-dessus du lit d'Aurore, avec qui je partage ma chambre, indique que le lycée commence dans à peine cinq minutes. Je soupire à nouveau. À quoi bon aller au lycée si c'est pour croiser Aurore et se sentir honteuse. Je préfère encore sécher et éviter ma meilleure amie aujourd'hui.

Soudain, je prends ma décision. J'irais dehors. Je trouverais mon jumeau. C'était mon programme de la journée. Peut-être un peu ambitieux, mais mon cerveau énervé ne me permet pas vraiment de réfléchir à toutes les options. Je préfère aller dehors.

MorganOù les histoires vivent. Découvrez maintenant