Chapitre III

36 17 7
                                    

"Aurore..."

La transformation lâche. Je me retrouve dans les entrailles d'une de mes victimes. Mon corps fatigué baigne dans le sang chaud. Quelque chose de gros et mou est enroulé autour de mon corps. Sûrement un intestin. Je réprime un haut-le-cœur. Quand je vois la taille de la bête et la quantité de sang qu'elle conserve dans son corps, j'ai de la chance de ne pas me retrouver à me noyer dedans.

Regardant autour de moi, je vois la forêt qui semble normal, sourde au massacre qui a eu lieu sous ses branches. Les oiseaux chantent et le vent frais souffle dans les feuilles verdoyantes. Seul trois corps reptiliens troublent la quiétude du bois. Ils jonchent le sol, étendus dans les feuilles mortes. Ils sont déchirés de tout part.

Une fatigue sans nom me tiraille. Mes muscles souffrent quand je m'extirpe du bain sanglant.

J'essaie de me relever, mais rien n'y fait, je suis clouée au sol, épuisée. Je distingue le ciel à travers les branches.

"Mes pouvoirs semblent plus dangereux que je ne le croyais."

Ma faim semble apaisée.

"Il faut que je rentre."

Le sol m'attire, mais je me relève tant bien que mal. Tout tourne autour de moi. Je titube.

"Aurore m'attend."

La vérité s'impose à mon esprit. Je ne peux pas continuer. Il faut que je me repose.

Mes jambes me portent le plus loin possible du massacre. J'avance sans vraiment savoir où je vais. Le plus important, c'est de trouver un endroit sûr où me poser.

"Il n'y a pas d'endroit sûr dans cette forêt !" Je peste à haute voix.

Geste que je regrette immédiatement. Je devais être discrète pour survivre.

Un hurlement de loup retentit non loin de moi.

Je reste figée.

Les pas se rapprochent rapidement. Il semble seul.

Mon cerveau est incapable de me faire bouger. Le sang bat à mes tempes. La peur me sert le ventre.

Un grondement sourd se fait entendre. Je tremble.

Une forme sombre surgit d'un buisson. Il est énorme. Ses yeux sont perçants, d'un bleu glacial.

Je suis incapable de bouger.

Sa gueule est à moitié ouverte. Elle découvre des crocs blancs, terrifiants par leur taille.

Il pousse un long hurlement qui fait voler de la bave blanchâtre autour de lui. Je sursaute.

Je devrais partir. Mais mon corps est trop faible.

Le loup est si impressionnant que je n'ose même pas le fixer dans les yeux. 

Il s'avance lentement. Mes jambes s'activent d'elles-mêmes et me font reculer.

Il accélère.

Je sens quelque chose bloquer mon pied. Je tombe. Une douleur vive se propage dans mon crâne.

Je ferme les yeux quelques secondes pour me remettre du choc.

Je n'entends plus les pas du loup ni ses grondements.

J'ouvre les yeux. Une douce lumière tamisée règne dans la forêt.

Autour de moi, les arbres ont disparu, ce sont des murs de bois.

Je me relève d'un coup.

Le monde tourne.

Je me rallonge.

MorganOù les histoires vivent. Découvrez maintenant