Mes battements d'ailes rapides me projettent vers l'avant. Le vent siffle dans mes oreilles d'oiseau.
Je suis essoufflée.
Un courant d'air ascendant me porte. Je ralentis mes mouvements pour profiter de l'air chaud qui me fait monter.
Mes ailes me font souffrir.
Je jette un rapide coup d'œil derrière moi. Le soleil décline derrière les pics rocheux.
Je vais dans la bonne direction. Vers l'est. À l'opposé de cette chaîne de montagnes. J'ai appris son nom à l'école, mais je suis incapable m'en souvenirs.
Mon cœur se sert à l'idée de ce qui m'attend devant moi.
Ils ne peuvent pas avoir raison. Qui aurait fait une chose pareil ?
La douleur m'aide à oublier.
Soudain, la forêt qui s'étend sous moi s'arrête pour laisser apparaître un lac. En son centre se dresse un unique pic qui jaillit des eaux claires.
Je n'hésite pas. Plaquant mes ailes contre mon corps, je pique vers cet abris plus que bienvenu.
Je m'y pose maladroitement en secouant mes ailes endolories.
Je devrais continuer de voler. Mais quelque chose en moi ne souhaite pas le voir de mes propres yeux...
Je me retransforme.
Le sol rocheux est dur sous mon corps, mais mon épuisement est tel que je pourrais dormir n'importe où.
Un hurlement retentit.
J'ouvre précipitamment les yeux.
La nuit est déjà avancée.
Je me suis endormie sans même m'en rendre compte...
Je vois le reflet de la lune dans l'eau.
Je me relève. Une douleur me parcourt le corps à cause de ma sieste sur ce sol dur. Je grimace en bougeant mon bras. J'ai dû dormir dessus.
J'entends à nouveau un hurlement de loup. Il est plus proche.
Sont-ils mes amis ou mes ennemis ?
Je ferme mes yeux. Un fourmillement me traverse et je deviens à nouveau un faucon.
Au moins mes transformations sont devenues plus rapides...
Je dois reprendre mon vol et y retourner.
Je donne un battement d'aile qui me projette vers le haut et je prends mon envol.
Je vais vite, fendant les airs.
Mais sous moi, seule la forêt défile indéfiniment.
Je suis plongée dans mes pensées. Mon corps agis mécaniquement en me poussant vers ma destination.
Peut-être qu'ils se sont trompés... Je repense à la veille. Le regard de pitié des gens.
Je me souviens de ma détresse quand Fabrice m'avait entraîné hors de l'amphithéâtre par une trappe que je n'avais pas remarquée.
Il parlait, mais je ne sais plus de quoi. Je m'étais retrouvais dans un fauteuil avec une tasse de thé. Je me souviens précisément de celle-ci. Elle était petite avec des motifs de vouivre gravés dans la porcelaine.
Et il m'avait révélé la raison de ces regards.
Après plus rien. J'étais partie.
Je vois une lumière au loin. C'est ma ville. Celle qui abrite les gens que j'aime. Mme LeRose et Aurore.
Une longue traînée de fumé s'élève au-dessus comme un serpent qui ondule.
La lumière est vive, très vive, trop vive même.
Je m'approche. L'odeur qui flotte autour de moi me pique les yeux. L'odeur du brûlé. Non ça ne peut être qu'un simple petit incendie ! Rien de plus grave !
Je m'approche encore.
Je vois ma ville se dessiner devant moi. Et le spectacle que je vois me fait lâcher ma transformation.
Je tombe.
Mais qu'importe après tout ? Ma ville est là, sous mes yeux, détruite et incendiée.
Sans Aurore, ma vie n'a plus de sens. Je préfère encore offrir ma dépouille à ce sol brûlé duquel je me rapproche à une vitesse ahurissante.
J'ouvre mes ailes. Je ne peux pas me laisser mourir.
Je m'envole.
Je dois retrouver Aurore. Elle ne peut pas être morte de cette façon.
Un fourmillement me parcourt alors que je me transforme à nouveau. Des écailles me recouvrent. Ma colonne vertébrale s'allonge et devient une queue surmontée d'un aiguillon.
"Je vais tuer les responsables."
Un rugissement de rage remonte dans ma gorge. Mon cri se répercute contre les ruines, se propageant dans la nuit.
D'un battement d'aile, je me projette au-dessus des bâtiments, faisant voler les cendres et la poussière. Une odeur de mort et de sang flotte au-dessus de mon ancienne maison.
Grâce à mes yeux de vouivre, je détecte les endroits qui brûle encore et ceux qui sont éteints. Certains endroits semblent plus froids que la normal, comme figés dans de la glace.
Soudain, une odeur nauséabonde me prend les naseaux. Je tousse, mais le poison se repend dans mes quatre poumons.
Je suis une vouivre.
Je me plante l'aiguillon dans la cuisse. Ce poison endort les autres, mais il peut aussi me soigner.
Mon corps commence à me gratter. Je me roule dans les cendres. Des piques traversent mes écailles, mais la démangeaison est trop forte.
D'un coup, elle cesse.
Je me relève, incertaine.
Mes griffes grincent contre le sol de béton. Je me déplace lentement, errant dans les rues déserte de la ville.
Mes yeux cherchent une signature thermique humaine. En vain.
Soudain, je me retrouve devant mon internat. Il ne reste que sa structure de pierre qui tient encore debout. Il est noirci par le feu. Je vole autour et trouve enfin ma fenêtre.
Un gémissement retenti à l'intérieur. Je rentre difficilement sous ma forme de vouivre.
La chambre est vide. Je vois une forme humaine pleine de chaleur un étage en dessous.
Je lâche ma transformation et cours vers l'escalier que je descends précipitamment.
"Aurore ?"
Je trébuche. Une vague de chaleur me traverse quand je me rétablis.
"Ouf."
Je rentre dans la pièce où j'ai vu la forme. Dans la destruction de la pièce, je vois cette personne et soudain, je sens mes lèvres asséchées s'étirer dans un sourire d'espoir.
Une lumière aveuglante m'oblige à fermer les yeux. J'ai juste eu le temps de distinguer un arc électrique foncer vers moi et je ressens une vive douleur.
Salut à tous ! Voilà un nouveau Chapitre que j'ai eu du mal à écrire. Dites moi ce que vous en pensez !
Elispoupette ^^
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Morgan
FantasyMorgan, une jeune fille aux pouvoirs qu'elle garde secrets, vis dans une ville délimitée par des grilles immenses. Personne ne peut les franchir, mais elle ne s'en prive pas pour chercher son frère mystérieusement disparu. Elle veut le retrouver et...