Imprévu |PAVARD|

Fantôme du passé

Là sur le moment je ne savais pas quoi faire. J'étais comme paralysée. Qu'est-ce que Nicolas faisait ici? En Russie ! Je ne prenais pas ses menaces au sérieux, aurai-je dû? Peut-être que ça m'aurait évité cette situation.

-Mademoiselle Guerin? Vous êtes toujours là?
-Euh.. oui oui... Je... J'arrive. Ne le faites pas entrer, j'arrive.

Je raccrochai et soupirai. Fais face à tes responsabilités Johana. Pour une fois, je devais écouter ma conscience. J'enfilai alors des chaussures car je doutais sincèrement qu'il me prendrait au sérieux en claquettes chaussettes puis pris l'ascenseur qui me sembla bizarrement incroyablement long, comme si le temps s'était arrêté à l'intérieur. Bon, heureusement ce n'était pas une panne. Juste mon imagination.

Une fois au rez-de-chaussée je pris une grande respiration et me présentai à la réception. La jeune femme que je venais d'avoir au téléphone me montra du doigt une silhouette dehors et après l'avoir remercié, je sortis silencieusement. C'était bien lui. À la limite, ça aurait pu être une blague. De très très très mauvais goût, certes, mais une blague tout de même. Or, actuellement, ce n'était pas du tout le cas.

-Je peux savoir ce que tu fais là? Demandai-je, un poil trop agressivement. Après tout, pas besoin de formule de politesse. Je n'allais pas lui demander comment s'était passé son vol non plus.

Nicolas se retourna et posa le regard sur moi, son sourire aux lèvres.

-Ah, Johana! Je suis content de te revoir !

Il s'approcha dangereusement de moi pour me prendre dans les bras, chose que j'évitai en le stoppant dans son élan. Il était tactile et avant que je ne parte, je ne disais trop rien mais ce n'était pas pour autant que j'étais pour. J'avoue que sur ce coup là, j'aurais dû lui mettre un stop dès le début pour qu'il ne se fasse pas de faux espoirs. Pas comme là.

-Je t'ai posé une question. Réitérai-je.
-Je voulais te voir. Je t'ai envoyé des sms en te disant que je prenais l'avion, tu ne les as pas vu?

Oups, comment lui dire que je l'ai bloqué sans qu'il ne le prenne trop mal?

-Non je n'ai rien reçu. Vouloir me voir n'est pas une excuse Nicolas. Je veux voir Lana Del Rey, c'est pas pour autant que je vais faire autant de kilomètres pour apparaître devant chez elle comme une fleur. Dis-je sarcastiquement.
-Pourquoi tu le prends comme ça? Je croyais que ça allait te faire plaisir.
-Mais enfin Nicolas, tu le fais exprès ou c'est comment ? Tu ne t'es pas demandé pourquoi je ne répondais à aucun de tes messages ni appels? Je ne veux rien avec toi c'est tout. Tu as fait une erreur en venant ici et je suis désolée de te dire ça mais tu va pouvoir faire demi tour.

Il fronça les sourcils tandis qu'il prenait du temps à répondre. Il semblait réfléchir et soudainement ses yeux s'écarquillèrent.

-C'est pour Pavard c'est ça?
-Arrête un peu de faire l'enfant.
-C'est donc pas une rumeur, cette histoire de Benjamin qui a une copine en Russie ! C'est donc toi... Tu me laisses tomber pour... lui?

À ses dires, je levai les yeux au ciel. Il avait cette manière de rendre dramatique des choses qui ne le sont pas en soit. Du moins pas pour moi.

-Oui c'est ça. Je suis en couple avec Benjamin et je suis heureuse avec lui. Tu comprends ? Il me rend heureuse ! C'est pas ce que tu veux ? Mon bonheur ?
-Si. Mais ton bonheur avec moi, pas avec quelqu'un d'autre.
-Du moment que je suis heureuse, c'est bon. Tu ne penses pas Nicolas ?

Hm, ça sonnait un poil égoïste. Un grand poil même. Son regard se noircit soudainement, me faisant attraper des frissons tout le long du dos. Ça ne présage rien de bon.