Nous étions le premier septembre, et il ne restait plus qu'un jour avant la rentrée des classes. La journée se déroula comme toutes les autres : alors que les moments passés en compagnie de Matt étaient exquis, ceux passés à subir les regards pleins de jugement des autres élèves avait un goût amer. Mon ami à la gueule d'ange et aux cheveux bleus réussissait à m'ôter un peu du stress qui venait avec la rentrée, et je semblais avoir le même effet sur lui. Nous récupérâmes nos livres et nos fournitures scolaires à l'accueil, et passions l'après-midi à organiser notre chambre afin de trouver de la place, qui nous manquait déjà cruellement, pour toutes ces affaires.
Nous parlions toujours et encore, nos mots comme des sources intarissables, et apprécions de plus en plus la compagnie l'un de l'autre. La journée passa encore plus vite que les autres, et, après avoir mangé, voulant bien faire, nous décidâmes d'aller nous coucher tôt. Mais mon esprit était tellement occupé qu'il m'était impossible de fermer l'oeil. J'écoutais alors la respiration de Matt, tentant de caler la mienne dessus afin de me donner quelque chose sur quoi me concentrer. Au bout d'une dizaine de minutes, je me rendis compte que la sienne non plus ne semblait pas ralentir. Doucement, je lui demandais :
"Tu dors ?" Il y eut un long silence, avant qu'un petit rire ne vienne le briser. Il chuchota.
"Tu y arrives pas non plus ?
-Pas moyen, non." Soudain, il s'assit sur son lit, et alluma sa lampe de chevet. À voix haute cette fois, il dit :
"Tu sais quoi, j'ai une idée.
-Et qu'est ce que c'est ?
-Si on arrive pas à dormir, autant faire quelque chose. Tu te sens de faire un peu d'escalade ?
-Oh oh, je le sens mal.
-Mais non ! Ça vaut vraiment le coup." J'eus un moment d'hésitation, mais l'heure tardive et les cheveux en bataille de Matt facilitèrent ma décision :
"Okay, mais si on meurt, ça sera de ta faute.
-À cent pourcent ! Suis-moi." Mon ami se leva de son lit, attrapa une lampe torche qui était posée sur son étagère, et ouvrit la fenêtre. Il me fit signe de le suivre, et sortit à l'extérieur du bâtiment, s'aggripant à la gouttière. Ce qui sembla n'être qu'une seconde plus tard, sa tête pendouillait devant la mienne, me faisant sursauter. Il était monté sur le toit. Je reproduis ses gestes tant bien que mal, et Matt m'aida à me hisser sur la mer de tuiles rouges, qui avait gardé la chaleur du soleil.

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Charles Dumet
Jugendliteratur"Je crois que la beauté des choses se trouve dans leurs détails. -Fais gaffe, tu deviens romantique" C'est l'histoire de deux garçons, dont la compagnie l'un de l'autre leur permet de survivre dans l'internat de l'institut pour jeunes garçons Jules...