Il ne restait plus qu'une semaine avant le début des cours. Un peu plus d'élèves arrivaient chaque jour, certains heureux de retrouver leurs amis, et d'autres s'enfermant dans leur chambre sans daigner saluer les autres. Étonnement, je ne vis pas autant de "perturbateurs" que ce à quoi je m'attendais. Pour la majorité d'entre eux, les garçons semblaient détester l'endroit plus que les gens qui l'occupaient, leur donnant une raison de s'unir et donc de ne pas se mener la vie dure. De mon côté, je me faisais doucement au lieu, mais surtout à mon colocataire, Matt. Plus je passais du temps avec lui plus je l'appréciais, et lui semblait bien m'aimer aussi. Il avait déjà passé ses années de collège dans l'établissement, alors il pouvait me faire des petites visites guidées. Pendant celles-ci, nous discutions beaucoup, de tout et n'importe quoi. À l'heure des repas, lorsque nous étions avec tous les autres élèves, je me rendis compte que personne n'allait le saluer, mais qu'à chaque fois, on nous accordait des regards furtifs suivis de rires étouffés. Matt semblait ne pas s'en faire, alors je ne m'inquiétais pas trop non plus. Cela n'était pas inhabituel que des gens si originaux et exubérants que lui attirent l'attention, et pas toujours en bien. Cela nous rapprocha encore plus, car moi aussi j'avais été "l'exception" de mon lycée.
Mes moments préférés étaient ceux qu'on passait ensemble dans notre chambre. Il aimait me faire découvrir de nouvelles musiques, me montrer quelques uns de ses croquis, me raconter des histoires sur Birmingham... Et je lui racontais ma vie moi aussi, sans avoir encore osé aborder le fait que je n'étais pas né homme. J'étais sûr que cela ne lui poserait aucun problème, car il semblait très ouvert d'esprit, mais ce n'était pas quelque chose qu'on balançait comme ça, au détour d'une conversation. Nous préférions parler de choses légères, et cela nous convenait très bien. Il aimait beaucoup plaisanter sur le fait que, lorsqu'il avait apprit qu'il allait avoir colocataire, il s'imaginait voir un mec baraqué et obsédé de football passer la porte, et qu'il avait été soulagé quand il avait vu que j'étais une "toute petite brindille". D'habitude, je n'aimais pas trop qu'on fasse des remarques sur mon physique, trop féminin à mon goût, mais venant de lui cela ne me dérangeait pas. Entre "freaks", comme il aimait nous surnommer, on se comprenait.
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Charles Dumet
Ficção Adolescente"Je crois que la beauté des choses se trouve dans leurs détails. -Fais gaffe, tu deviens romantique" C'est l'histoire de deux garçons, dont la compagnie l'un de l'autre leur permet de survivre dans l'internat de l'institut pour jeunes garçons Jules...