Ecris l'histoire

Chapitre 4

Le lendemain, Héloïse arriva au lycée en avance. Elle monta au deuxième étage pour rejoindre la classe de son cours de SVT. Il n'y avait personne devant sa salle, à part une fille au look gothique un peu bizarre qui ne parlait jamais à personne et Suzie, la jeune fille qui s'était assise à côté d'elle en histoire-géo.

« Salut ! fit-elle joyeusement. »

Suzie lui répondit par un grand sourire.

« Ça va ? demanda Héloïse, plus par politesse qu'autre chose.

– Oui, et toi ?

– Ça va. Même si je suis pas très motivée pour aller en SVT... »

Nouveau sourire. Ça avait l'air d'être son principal moyen de communication.

Héloïse soupira intérieurement. Suzie semblait très gentille, mais pas très bavarde. Elle risquait d'avoir à faire la conversation toute seule. Vivement que les autres arrivent...

Soudain, elle reconnut le rire de Sacha dans le couloir, aussi sûrement que si elle avait un détecteur. Elle se retourna et se rendit compte qu'elle ne s'était pas trompé : il avançait vers elle, toujours aussi beau. Ses doux yeux bleus se posèrent sur elle et il sourit. Attends, ses yeux étaient... bleus. Ils étaient bleus.

« Salut ! lança-t-il joyeusement à la cantonade.

– Salut ! répondit Héloïse. »

La gothique ne releva même pas la tête, ses écouteurs vissés aux oreilles, tandis que Suzie répondit comme à son habitude par un sourire timide.

Qu'est-ce qu'elle avait à sourire à Sacha comme ça, cette conne ? Héloïse lui lança un regard noir qui surprit la jeune fille. Elle soutint quelques secondes le regard d'Héloïse, haussant les sourcils d'un air interrogateur, puis baissa la tête en rougissant, ne sachant plus où se mettre.

« Est-ce que ça va ? demanda Bastian à Héloïse, surprenant son air gratuitement méchant envers Suzie. »

Tiens, il était là, lui. Héloïse ne l'avait même pas remarqué. En même temps, c'est vrai que si Sacha riait tout seul dans le couloir, ça aurait été franchement bizarre. Et inquiétant. Mais mignon quand même.

Ils entamèrent une conversation assez banale, mais au moins plus intéressante que celle proposée par Suzie.

La cloche finit par sonner et Héloïse se rendit compte que Victoire n'était pas là. Elle sauta immédiatement sur l'occasion pour s'asseoir à côté de Sacha, qui accepta. Même s'il le prit avec le sourire, Bastian sembla un peu vexé, mais Héloïse n'en avait rien à foutre.

Le cours lui parut beaucoup moins long que d'habitude. Déjà parce que Victoire était absente – elle était malade, pauvre chou – et ensuite parce qu'elle put admirer Sacha pendant toute l'heure, suivre des yeux sa main qui entamait un ballet tranquille lorsqu'il prenait des notes, le regarder mordiller pensivement le bout de son stylo, sentir son bras frôler le sien lorsqu'ils écrivaient...

La cloche sonna enfin, mettant fin à ce doux moment. Sacha rangea rapidement ses affaires et rejoignit Bastian qui lui présenta sa voisine de table avec laquelle il avait sympathisé, une fille aux cheveux rouges coupés à la garçonne avec de grosses lunettes.

Héloïse s'assit à côté de Sacha pour les trois heures de cours qui suivirent, prolongeant ainsi le plaisir de le regarder, de le sentir si proche... Enfin, la sonnerie annonça midi.

« Tu manges avec qui ? demanda Héloïse à Sacha en rangeant ses affaires.

– Avec Bastian et Mélanie, annonça-t-il. Tu peux manger avec nous, si tu veux ? »

Héloïse accepta joyeusement, tout en se demandant qui pouvait bien être cette Mélanie. Elle n'avait pas intérêt à s'approcher trop près de son Sacha, celle-là.

Les deux adolescents rejoignirent Bastian et Mélanie qui les attentaient dans le couloir. Mélanie, c'était donc la fille aux cheveux rouges et aux lunettes. Le point positif, c'était qu'elle semblait plus proche de Bastian que de Sacha.

« On y va ? demanda-t-elle quand Héloïse et Sacha les eurent rejoints. Il y a des raviolis ce midi. J'aime trop les raviolis ! »

Sa remarque débile fit rire Bastian et les quatre adolescents se dirigèrent vers le self. Mélanie parla avec les deux garçons pendant tout le repas d'une série qui semblait les passionner tous les trois, mais qu'Héloïse ne connaissait pas. Elle se sentait franchement exclue de la conversation. En plus, il lui semblait que Mélanie regardait Sacha avec un peu trop d'insistance... Elle commençait vraiment à lui taper sur le système avec sa voix haut-perché et son rire trop sonore. Heureusement pour elle, le repas se finit avant qu'Héloïse n'ait le temps de mettre à exécution ses envies de meurtre et ils gagnèrent leur prochaine salle de cours.

La journée fut banale et longue, comme toutes les journées de cours, bien que celle-ci soit égayée par la présence du beau Sacha aux côtés d'Héloïse. Les lycéens sortirent avec joie du bagne qu'était le lycée dès que la sonnerie eut annoncé dix-sept heures.

Héloïse s'apprêta à prendre le bus avec Sacha, comme la veille, mais elle aperçut le jeune garçon s'éloigner à pieds avec Bastian.

« Tu ne prends pas le bus ? demanda Héloïse, un peu déçue.

– Non, j'ai pas tennis aujourd'hui. On rentre à pieds, avec Bastian. »

Les deux garçons s'éloignèrent, laissant la jeune fille plantée là, avec un sentiment de trahison et d'abandon. Elle finit par se résoudre à prendre le bus seule. La présence de son Sacha lui manquait déjà. Elle voulait le revoir. Elle voulait le toucher, le sentir. Elle voulait qu'il ne voie qu'elle. Qu'il lui appartienne.