Chapitre 6

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Sacha se laissa tomber sur sa chaise et sortit ses affaires d'un geste mécanique, les yeux dans le vide. Sa mère lui avait proposé de rester à la maison pour se reposer, mais il avait insisté pour venir en cours. Il voulait travailler, réfléchir, apprendre. Tout sauf penser. Tout sauf ressasser. Ça ne marchait pas.

A peine le cours avait-il commencé que ses pensées avaient déjà divagué vers une jeune fille pétillante, souriante, pleine de vie... jusqu'à ce qu'un conducteur peu concentré ne la renverse et ne lui vole tout. Raphaëlle voulait devenir une joueuse de tennis professionnelle. Elle voulait vivre.

Sacha essuya les larmes qui s'échappaient de ses yeux malgré lui et se couvrit le visage avec les mains. Heureusement, il n'y avait personne à côté de lui. Héloïse était absente, sûrement malade, et Bastian s'était assis à côté de Mélanie.

Sacha sortit un mouchoir et se moucha aussi discrètement que possible. Ne pas pleurer en public. Ne pas penser à elle. Il tenta d'écouter le cours, mais ses pensées étaient toujours dirigées ailleurs. Toujours dirigées vers Raph. Il avait encore l'espoir idiot de la voir la semaine prochaine, au cours de tennis. Mais elle n'y sera pas. Il ne la reverra plus jamais.

Lorsque la cloche retentit, Sacha rangea rapidement ses affaires, la tête baissée pour cacher ses yeux rouges et ses joues humides. Il sortit à toute vitesse de la salle, son sac sur l'épaule et son étui à guitare à la main. Il avait cours de guitare ce soir, et n'ayant pas le temps de rentrer chez lui, il était obligé de trimballer son instrument avec lui.

En fait, il ne savait pas vraiment s'il avait envie d'aller à ce cours. D'habitude, la musique l'apaisait, l'aidait à exprimer ses émotions, lui redonnait le moral et le sourire, mais il n'avait vraiment pas le cœur à jouer. A vrai dire, il n'avait le cœur à rien.

Tout ce qu'il voulait, c'était disputer un match de tennis avec Raphaëlle. Il voulait qu'elle smashe, qu'elle gagne, qu'elle triomphe, qu'elle se moque de lui. Tout ce qu'il voulait, c'était revoir son amie d'enfance, son sourire franc, ses tâches de rousseur, sa queue-de-cheval de travers. Il voulait lui dire à quel point elle lui était précieuse. Pourquoi est-ce seulement lorsque l'on perd quelqu'un que l'on se rend compte à quel point on l'aime, et à quel point on ne le lui dit pas assez ?

Il se rendit compte qu'il était devant sa salle. Ses jambes l'y avaient emmené mécaniquement tandis que son esprit divaguait. Il entra dans la pièce et se dirigea vers le fond de la classe. De là-bas, personne ne ferait attention à lui.

Il aperçut une feuille sur la table tout à droite de la dernière rangée. Quelqu'un l'avait sûrement oubliée. Il s'assit à la table et la leva devant ses yeux. C'était un poème rédigé d'une écriture soignée, sûrement féminine. Il lut :



« Jamais je n'oublierais cette douce soirée d'été.

Te souviens-tu du murmure des vagues à nos pieds ?

Le soleil plongeant dans l'eau calme, parant le ciel de couleurs pastel

Et nous, assises sur la plage, la tête pleine de souvenirs qui s'entremêlent.


Te souviens-tu, mon amie, de tous ces doux moments,

Pleins de sourires, d'éclats de rires, d'yeux pétillants ?

Et ces moments aussi où je me perdais dans ma détresse ?

Ecris l'histoireWhere stories live. Discover now