Chapitre 6 : Coups de crayons sentimentaux

20 6 0
                                    

Le mardi soir après son cours de guitare, Robin rentrait chez lui, passant devant son ancien collège désormais en rénovation, son portable à la main, sa guitare sur le dos et sur sa trottinette. Il espérait secrètement tomber sur Elias, n'en sachant même pas la raison.

Lorsqu'il tourna dans la rue suivante où se trouvait le supermarché, il vit Aurélien sortir de ce bâtiment, des sucettes à la main.

Merde...

Il dériva directement sur la droite, priant pour qu'il ne l'ai pas vu.

- Robin! Viens deux minutes, l'interpella Aurélien.

- Euuh... oui... si tu veux dis-il en baissant la tête.

Aurélien ouvra son sac à dos et en sortit une feuille blanc cassé pliée en quatre.

- Je me DEVAIS de te donner ça, c'est de la part de la mère d'Amaury... commenca-t-il sur un ton crispé, en lui tendant assez brutalement un papier devant sa tête. C'est pas parce que je te donne ça que ça veut dire qu'on est amis, compris ? continua-t-il en montant, peu à peu, dans les aigus.

- Ou-oui, bégaya Robin timidement, en attrapant le bout de papier qu'il lui donnait.

Il jeta un coup d'oeil par dessus son épaule, puis se retournant en remerciant Aurélien, il se rendit compte qu'il était déjà parti à de grandes enjambées en roulant du cul et portant son paquet de bonbons d'une main et avec son autre main sur sa taille.

L'adolescent soupira et finit par ouvrir ce papier plié en quatre. Lorsqu'il le fit, il retint son souffle tant il n'en revenait pas.

- Hé attends! hurla-t-il à son ancien copain voulant des réponses à ce sujet, sans succès.

Le papier était un dessin d'Amaury - il reconnaissait ses traits de crayons précis et rapides - et représentait Robin, une partie du visage éclairé par ce qu'il lui semblait être la lumière d'une bougie, regardant vers sa gauche.

Il avait remarquablement bien représenter son ami ; ses cheveux or, ses lèvres parfaitement formées, son nez légèrement en trompette, ses yeux noisettes en amande et ses sourcils plus foncés que sa chevelure. Robin se mit à trembler suite à la découverte de ce dessin. C'était tellement beau... Est-ce qu'une partie de lui m'aimait comme je l'aimais ? se demanda-t-il les larmes aux yeux.

Sans vraiment savoir pourquoi, il retourna la feuille et vit de minuscules écritures en bas de la feuille :

"Faire semblant de ne pas t'aimer est la chose la plus dure que je n'ai jamais faite - A"

Robin, surpris, recula, les larmes ne menaçant plus que de couler, jusqu'à heurter un mur. Il s'agenouilla par terre, en pleurant, hurlant, criant, tant il était à la fois heureux et triste par ce qu'il venait d'apprendre.

Pourquoi m'as-tu fais ça ? Explique moi pourquoi tu ne m'a rien dit... pourquoi tu m'as repoussé ? On aurait été si heureux ensemble...

Le jeune homme ne savait plus où il en était, ni ou donner de la tête ; il était complétement perdu.

Soudain, il sentit quelqu'un l'épier. Il releva la tête et aperçut un garçon aux longs cheveux caché derrière les plantes, qui dépassaient de l'ancien jardin de Mia Maurel - une ancienne élève de leur ancien collège. C'était Aurélien Moya-Grimaldi. Il était resté afin d'épier le garçon...

Qu'est ce qu'il me veut à la fin ? Il m'a donner ce papier pour me voir souffrir après ? Pour que je me sente encore plus coupable que je ne le suis déjà ? se dit-il dans sa tête en lui jetant un regard mauvais.

Ce soir là, il ne rentra pas à la maison. Il alla devant l'ancienne fenêtre de chez Amaury une partie de la nuit, nostalgique. Puis il alla dans le bois, devant leur stade de tennis. Ensuite, il alla devant la boutique millepages, là où depuis tout leur plus jeune âge, ils venaient là afin d'acheter des mangas. Et ensuite il alla devant la boutique de jeux-viéos, qu'ils collectionnaient ensemble depuis la 6e. Puis s'enchaîna toutes sortes d'endroits ; leur restaurant préféré, leur jardin public préféré, le conservatoire - où Amaury venait souvent écouter Robin jouer de la guitare et ainsi de suite.

Il ne rentra chez lui que le lendemain matin, n'ayant pas inquiéter ses parents, qui ne s'étaient même pas rendus-compte de son absence.

When love goes to farOù les histoires vivent. Découvrez maintenant