Chapitre 20

864 61 5
                                    

- 6 mai 2019 -

G

race
Je regarde l'heure : il est pratiquement quatorze heures trente. Alexander ne va pas tarder à revenir du travail. Cela fait deux mois que je ne travaille et que je reste allongée toute la journée. Je me sens totalement inutile et complètement seule. Heureusement, Alexander rentre de plus en plus tôt du travail et fait en sorte de me rendre la vie plus simple. Je l'en remercie pour ça. Je ne saurai pas quoi faire sans lui. Il m'a promise qu'il rentrerait avant quinze heures et qu'il ferait tout le reste de son travail ici, chez nous. Il pourra ainsi rester à mes côtés.

Je souffle un grand coup et décide de me lever. Je suis prête à exploser. J'ai tout d'une baleine. J'ai beau être fatiguée, je sais qu'Alexander l'est aussi. Il n'ose pas le dire face à moi mais je sais qu'il est totalement crevé le pauvre. Il travaille plus de cinquante heures par semaine car il doit prendre ma part de travail à l'agence, et quand il rentre, il doit faire face à tout ce qui atèle à la maison. Il doit faire le ménage, les lessives et j'en passe. La seule chose qu'il me laisse faire c'est la cuisine. Et encore, il faut que ce soit quelque chose de rapide pour ne pas que je reste trop de temps debout. Il fait tout pour que je me sente le mieux possible. C'est vraiment un homme exceptionnel.

J'arrive très difficilement devant l'évier. La vaisselle s'y amasse depuis deux jours. Je suis en face d'elle alors autant que je la fasse.

Je commence à laver les plats quand je sens un grand coup de pied. Je m'arrête aussitôt de bouger et plaque mes mains sur mon ventre. Depuis le début de la matinée, mes filles s'agitent de plus en plus. J'ai essayé de m'assoupir, j'ai changé cent fois de position dans le canapé, je me levée plusieurs fois aussi mais rien n'y fait : elles ne se calment pas.

Je vais bientôt rentrer dans mon huitième et dernier mois de grossesse. Je sais que les grossesses gémellaires sont souvent plus courtes que les neuf mois souhaités. Mais j'aimerais allé le plus loin possible. Il y a un risque que les filles n'aillent pas bien si elles naissent tôt mais plus les jours avancent plus je doute : je ne vais pas tarder à accoucher. Je le sens au plus profond de moi. Elles sont de plus en plus agitées ces derniers jours et puis, j'ai déjà eu plusieurs contractions depuis hier. Je n'ai toujours pas perdu les eaux donc je garde espoir mais je sais qu'elles vont bientôt vouloir sortir. Je ne leur donne pas plus d'une semaine.

Je recommence à laver la vaisselle quand j'entends la porte claquer, me faisant sursauter. Alexander rentre dans la pièce. Son sourire s'efface dés qu'il me voit en train de m'activer. Je détourne mon regard de lui en continuant de laver la casserole face à moi.

Je le sens se plaquer derrière moi, poser ses mains autour de mon ventre et m'embrasser sur la joue.

- Tu es censée rester allongée, tu le sais ça ?

Il me fait la morale comme d'habitude. C'est à la fois touchant et désespérant.

- Oui mais j'en avais marre. J'ai passé toute la matinée dans le canapé. Je me suis juste levée quatre fois pour aller aux toilettes et une fois pour me réchauffer mon assiette à midi. J'ai besoin de bouger. Je deviens dingue à ne rien faire de mes journées.

- Je te comprends, je t'assure. Si j'étais dans ta situation, j'en serai au même point. Ça me tue de te voir comme ça, allongée, à ne rien faire. Mais il faut que tu le fasses. Pour nos filles. Tu n'es pas encore dans le huitième fois. Si le travail se déclenchait, ce serait une catastrophe. Tiens au moins encore deux semaines. Essaye, s'il te plaît.

- Je vais continuer à rester allongée le plus longtemps possible, je te le promets. Je sais qu'il faut attendre le plus possible. Je ne veux pas qu'elles soient prématurées.

Tu es mon toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant