Leur vie. Leur combat.

Chapitre 8

Tout était noir.

Le sas venait de se refermer, laissant le dernier rayon de soleil mourir sur le visage d'un homme rongé par la haine. Ses tirades habituelles ne laissaient plus place qu'à un silence lourd, ponctué d'un grognement haineux.

Il resta de longues minutes sans bouger, regardant froidement le sol. Ses mains se crispèrent sur sa canne jusqu'à empêcher le sang de circuler correctement dans ses mains. C'est au bout d'un long moment qu'il se calma, le visage toujours masqué par la pénombre.

Bien que son corps fût au repos, son cerveau se mit à bouillonner. Ses échecs cuisant s'enchaînaient encore et encore, ce qui accentua son désarroi. Pourquoi continuait-il à pourchasser Ladybug et Chat Noir ? Cela valait-il encore le coup ? Devait-il abandonner purement et simplement et tourner définitivement une page de sa vie ? Ou tout du moins, de son passé...

Le temps fila sans vraiment qu'il ne se rende compte, lui faisant retrouver sa forme civile. Son kwami se tenait à ses côtés, attendant tout bonnement une réaction. Toujours un peu effrayé par cet homme, il n'osa pas prononcer un mot, même si ce fut pour l'avertir. Lorsque la tension qui régnait dans la pièce se fit moins lourde, il se décida à prendre la parole, fébrile.

- Maître ? Est-ce que... commença le kwami

Ses yeux, maintenant habitués à l'obscurité, purent voir le visage de Gabriel Agreste se tourner lentement vers lui. Le sang de Nooroo ne fit qu'un tour lorsqu'il sentit le regard de son porteur se poser sur lui.

- Nooroo... dit-il doucement. Je n'avais absolument pas remarqué que je m'étais détransformé...

Ses paroles étaient froides comme la glace. La vie elle-même semblait avoir quitté son corps. Il resta immobile, fixant l'endroit où se trouvait son petit compagnon. Ce dernier ne voyait que les contours de son visage, le reste étant masqué par la pénombre ambiante. La scène était à se glacer le sang.

Durant les quelques minutes qui suivirent, le silence reprit place et aucun d'eux n'esquissa le moindre geste. Le corps de Gabriel pivota alors lentement en direction du petit kwami et s'avança d'un pas lent, très lent. Chaque emjambée résonnait dans la pièce, accélérant toujours un peu plus la respiration de la petite créature violette.

C'est lorsqu'il fut juste devant lui que le styliste se pencha jusqu'à presque le toucher. Le souffle définitivement coupé, Nooroo ne savait plus quoi faire.

- Ma-maître ? dit-il d'une voix très faible.

- ...

- Q-Qu'y a-t-il ? demanda-t-il sur le même ton.

- Ha...

- Que... ?

- Ha ha...

- ...

- HA HA HA HA HA HA HA HA !

Le rire de l'alter ego se mit à remplir toute la pièce. La peur instinctive du kwami le fit reculer de quelques mètres. Il ne reconnaissait plus l'homme qui se tenait devant lui. Il avait peur, bien plus peur que d'habitude.

- Ha ha ha, aaaaah... Je suis fatigué. Je retourne à mon bureau, dit-il d'une voix ferme.

- Je... Bien maître, comme vous voudrez, s'écrasa Nooroo en baissant la tête.

Tout en se recoiffant et en réajustant ses vêtements, Gabriel Agreste se dirigea vers le petit ascenseur menant à l'extérieur de la tour. Lorsque ce dernier le ramena dans sa demeure, il se dirigea lentement vers son bureau en laissant courir ses doigts dessus. C'est alors que son visage se déforma et qu'il agrippa le meuble de ses deux mains, l'envoyant valdinguer à travers la pièce.