11° « Tes cheveux ne sont pas noirs... »

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Armin : Dis Eren, c'est quoi ta plus grande peur ?
Eren : C'est quoi cette vieille question à la American Horror Story ?
Ris-je tandis qu'il pouffa.

Armin : Je sais pas, ça m'intéresse.

Je réfléchis quelques instants avant de lui répondre.

Eren : Je ne sais pas.
Armin : Super intéressant tout ça.
Eren : Désolé, j'en sais vraiment rien...

Du plus loin que je me souvienne, les gens ne m'ont jamais compris. Je devais être né au mauvais endroit ou à la mauvaise époque, je n'en sais rien.
Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours aidé mon prochain. Une sorte de tradition au sein de la religion, je suppose. Jusqu'à ce que mon père me réveille un matin me dire qu'il n'y avait aucun Dieu qui veillait sur nous.
C'est ce jour-là que tout a commencé à partir en couilles.

J'entrais en Troisième, Mikasa dansait et elle était très douée, mon père gagnait un bon salaire, ma mère était un pilier pour l'entreprise dans laquelle elle travaillait.

Les choses se sont passées très vite. Du plus loin que je me souvienne ma vie n'a jamais dérapé aussi vite, d'ailleurs. Un mois, puis deux, puis quatre, puis une année entière. Et voilà que j'avais mon brevet, Mikasa dansait toujours, mon père s'en sortait bien, mais ma mère était maintenant passée de l'autre côté du précipice, elle était en chute libre.

Et maintenant que j'y pense, tout est bien trop fragile. Une lettre sépare seulement la vie du vide.
J'étais affecté dans un lycée de mon secteur que je n'avais pas choisi, Mikasa venait de rencontrer les joies de la nicotine, mon père travaillait du matin jusque tard le soir, quant à ma mère, elle n'avait désormais plus de bureau ou s'asseoir.

Les vacances d'été se sont déroulées vite. Deux mois après m'ont paru passé en quelques jours, j'atterrissais en Seconde avec Armin. Nous n'étions pas dans la même classe, je n'avais aucun ami.

Mikasa continuait la danse, elle était fine et belle. Mon père s'ennuyait au travail et ma mère avait récupéré un boulot dans une autre boîte.
Moi, je m'efforçais de sourire. C'est facile de prétendre que tout va bien. C'est facile de mentir.

J'ai rencontré une fille en octobre. Elle m'a fait connaître les joies de l'amour et de l'envie. L'envie d'elle et seulement elle. On s'aimait et c'était parfait. Jusqu'à ce que tout finisse.
C'était un amour de jeunesse, je suppose que ça ne voulait rien dire.

J'ai gardé mon sourire sur mon visage car tout le monde me disait « que j'en retrouverai une autre très vite. » Que j'étais beau et ça n'allait pas être difficile. Et je les crus.

Cependant, à une soirée loin de chez moi où j'avais trop bu, un garçon est entré dans la salle de bain où j'y étais déjà pour vomir. Il était beau, je m'en souviens... Il avait des mèches qui lui retombaient devant les yeux et il m'avait aidé à me relever. Ses yeux étaient d'un bleu frais, presque gris, maintenant, je m'en rappelle. Sous la lumière blafarde de la salle de bain je lui ai dit :
« Tes cheveux sont bizarres. »

Il m'a toisé du regard et il était encore plus beau. A ce moment-là, j'ai pensé que ce n'était pas normal que je trouve un garçon aussi attirant. Mais j'en avais rien à foutre, j'avais trop bu.

« Mes cheveux sont normaux. » m'avait-il répondu. « Ils sont noirs, quoi. »

Je me souviens avoir ri, après quoi il m'a encore plus mal regardé, l'air de dire « mon pauvre Eren, tu es plus qu'ivre ! »

25 [ᴾᵈᵛ ᴱʳᵉᶰ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant