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Jisung

La peinture de ma bombe recouvre le mur blanchâtre de toutes les insultes qui me passent par la tête, les mots se forment aussi simplement que mon corps bouge au rythme de la musique jouée dans mes écouteurs

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La peinture de ma bombe recouvre le mur blanchâtre de toutes les insultes qui me passent par la tête, les mots se forment aussi simplement que mon corps bouge au rythme de la musique jouée dans mes écouteurs.

De temps à autre je tourne le visage en direction de mes amis et je constate à quel point nous sommes seuls face à la vie et tous nos soucis. Des fois lorsque je regarde Haechan, je me dis que notre rêve pourrait se réaliser, quand je le vois m'offrir l'un de ses si beaux sourires, je me mets à penser positivement le temps d'un instant.

Je nous imagine, près des ruisseaux et des cascades, sur le sable ou encore sous les arcades. Nous allongeant simplement à l'heure où brille la lumière, à l'heure où le jour ne luit plus.
Seulement ce n'est qu'une utopie, on ne se fait de paradis ou d'enfer qu'avec des songes créés de toutes pièces, on vit et l'on crève de nos propres rêves. Alors une chose m'inquiète: si le paradis que tout le monde décrit à une porte, il y a donc forcément des murs.

La musique prend une autre tournure, caressant gentiment mes tympans, le violon frémit comme un cœur qu'on afflige et sa valse mélancolique me donne quelques vertiges.

Je lève mon visage écorché vers le ciel qui, de ses nuages cotonneux noie le soleil dans un brouillard figé et peureux. La douce lumière de mai vient caresser mon faciès meurtri tandis que l'odeur du mur me servant de toile se répand jusqu'à mes narines.

« - À votre avis on restera toujours comme ça ? Demande soudainement Jeno.

Le petit roux de notre bande vient entrelacer ses doigts avec ceux du noiraud, sûrement dans le but de le rassurer.

- J'sais pas... Soufflais-je en m'adossant contre mon œuvre sans même prendre compte que la peinture est encore fraîche.

Haechan me sourit doucement avant de pencher la tête en arrière pour un peu mieux profiter des quelques rayons du soleil s'échouant dans ses mèches brunes.

- Il n'y a pas de chemin précis, entame-t-il les paupières fermées, la vie c'est comme un labyrinthe, il y a des murs que tu ne peux pas franchir, des allées qui te mènent à devoir retourner en arrière avant de finalement trouver la bonne voie. On ne peut pas savoir ce qu'il adviendra de nous Jeno.

Jaemin se met à écrire sur son calepin, il est si concentré sur sa feuille blanche que tout le monde s'est senti obligé de le fixer. Je remarque que mon aîné aux cheveux noirs lui communique son affection à travers les yeux, il est fier de voir que le handicap de notre ami n'est pas une barrière de plus entre lui et le monde.

Notre rouquin ne parle pas, il n'est pas muet, il n'a pas de maladie rare, il a juste un traumatisme. Je ne suis pas le mieux placé pour conter l'histoire de mon acolyte mais s'il y a bien une chose qui est sûre, c'est qu'il est courageux.
Je le contemple depuis mon mur, ses mains délicates transcrivent tout ce que sa pensée lui dicte, des fois je l'envie car les sentiments sont plus compréhensibles à l'écrit. Son sourire brille autant qu'un astre, il réfléchit si fort que je pourrais presque imaginer sa voix, ce qui a le don d'étirer les commissures de mes lèvres au goût du sang.

La chevelure automnale de mon camarade entame une valse avec le souffle de la météo avant qu'il ne relève son visage idyllique en direction de Jeno pour que ce dernier lise son précieux écrit.

- « J'aime la façon dont tu t'exprimes Haechan, ça sonne bien mais j'espère tout de même que notre groupe ne se séparera pas ».

Le brun s'approche de Jaemin pour ébouriffer tendrement ses cheveux abricot tandis que le plus vieux de nous quatre préfère relire encore et encore les mots de notre protégé.

- Il va falloir qu'on y aille par contre, reprit le noiraud en entendant la sonnerie retentir, tu es sûr de vouloir y retourner Haechan ?

- Je dois prouver à quelqu'un qu'il se trompe à mon sujet, donc oui.

- Je reste là moi. » Ricanais-Je en m'écartant de ma toile en plâtre.

Puis mes amis disparaissent, se faisant engloutir par le bâtiment de la réussite, ce bâtiment que je déteste tant: le lycée.
Seulement lorsque je tente de me re concentrer sur mon œuvre une main se pose sur mon épaule me faisant immédiatement me retourner. Un garçon au regard froid me dévisage de haut en bas, son air supérieur m'agace tellement que je ne peux retenir mon poing de lui asséner un coup dans la mâchoire. Je le regarde s'écraser misérablement au sol, d'une certaine manière il me rappelle ce que j'étais quelques années auparavant, il me rappelle que j'étais aussi faible que lui.

Et alors que je m'écarte lentement de l'inconnu se retenant de pleurer, un autre arrive le secourir, je souffle d'exaspération face à ce spectacle presque trop démodé.
L'autre garçon lève son visage en ma direction et je me paralyse presque instantanément.

Son parfum parvient à mon nez comme la plus douce des senteurs d'été, les nuages se dégagent pour laisser le soleil le mettre en valeur, et moi je reste là, dans l'ombre de son éclat.

Ses yeux sombres brillent à cause de leurs larmes naissantes et je me perds dans ses prunelles aussi maladroitement que dans le pire des pièges.
Ses petites mains et son corps tremblant s'approchent soudainement de moi comme un aimant et je ne bouge toujours pas car son faciès est bien trop apaisant.

Je ne remarque même pas qu'il me dérobe ma bombe pour venir timidement recouvrir mon t-shirt de peinture, ses orbes tentent de se fixer dans les miens. Quelques secondes de contact visuel qui me semblent durer une éternité et je me noie sous sa beauté qui ne cesse de m'attirer.

« D- Désolé... Ne frappe plus mon ami s'il te plaît... » Finit-il par prononcer avec une voix qui me donne des frissons par milliers.

Et je le vois s'écarter au loin, son ami sous le bras pendant que je reste abasourdi.
Un léger sourire étire mes lèvres, un sourire sincère, un sourire lui étant destiné à lui et rien qu'à lui.

Peut-être que je vais retourner en cours finalement.

. . .ƃunsıɾ. . .
w̶a̶n̶t̶s̶
. . .ᴄʜᴇɴʟᴇ. . .

You're My Fear [MARKHYUCK] [CHENSUNG] [NOMIN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant