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Jeno

Lorsque l'horizon explose en un millier de couleurs et que les nuages couvrent le soleil ensommeillé, je pars de chez moi pour le retrouver

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Lorsque l'horizon explose en un millier de couleurs et que les nuages couvrent le soleil ensommeillé, je pars de chez moi pour le retrouver.

J'ai laissé dans mon salon mes deux acolytes, ils avaient besoin d'un toit le temps de quelques nuits, je n'ai rien eu besoin de leur dire ils avaient directement compris qui j'allais voir, je m'étais contenté de les quitter après un bref « Faites comme chez vous » auquel ils avaient évidemment répondu « Mais on est chez nous Jen' ».


Mes pas deviennent petit à petit lents, comme si mes pieds s'enracinaient dans le sol tandis qu'au-dessus de moi le ciel est en mouvement, une danse célébrant la rencontre du jour et de la nuit prend forme, un spectacle simple mais resplendissant.

Un peu comme la personne qui m'attend. 

Il se tient là, juste devant moi, son calepin préféré dans ses mains que j'aime tant toucher. L'univers n'est qu'un spectacle vain à ses côtés, ses doigts fins et esclaves de sa pensée écrivent sans cesse ce que cette dernière lui dicte et mon coeur semble chuter de dix escaliers.

Ses cheveux roux sont un peu emmêlés aujourd'hui et comme s'il venait de se rendre compte de ce détail, il les cache sous la capuche de son sweat blanc avant de m'offrir l'un de ses sourires irrésistibles. Mes orbes rencontrent ses lèvres idylliques sur lesquelles je rêve secrètement de poser les miennes puis enfin je m'approche pour lui retirer son bouclier incolore dans le simple but de laisser sa chevelure entamer une valse aérienne.

Puis sa main balaye l'azur en un geste que seuls nous pouvons reconnaître, on a créé un autre langage.

Notre langage.

Son calepin n'est devenu qu'un accessoire occasionnel car nous nous parlons différemment désormais, il suffit d'un regard, d'une mimique ou d'un signe élaboré pour entamer une vraie discussion, une discussion un peu fusionnelle.

Certaines fois, il espère encore produire un son alors il s'entraîne, il s'efforce, il fixe ses orbes dans le vide et tente de hurler à la planète qu'il s'appelle Jaemin.

Et je lui dis qu'aimer c'est pouvoir penser tout haut avec un autre humain.

Dans ces moment-là, je le tire jusqu'au milieu du terrain qui m'as adopté lorsque j'étais jeune, cet espace où j'ai tant couru, où j'ai tant frappé et où le public m'acclamait.

Je lui montre ma plus vielle connaissance, ma batte de baseball et en un simple mouvement de tête, j'espère lui faire comprendre que s'il ne peut pas atteindre le dôme orangée au-dessus de nous par la voix, il peut toujours l'atteindre avec une balle.

Et alors que le chant du vent nous murmure de nombreux secrets, il prend mon amie que je lui tends puis il attend. Il attend que son corps s'harmonise complètement avec le temps, ses paupières se ferment l'espace d'un instant et au moment où il les rouvre, il frappe la sphère que je lui lance comme un débutant.

« Tu peux le faire Jaemin ! Ce n'est pas grave si tu n'y arrives pas du premier coup ! » Lui dis-je en souriant sincèrement.

Et lorsque son visage rencontre le mien, son regard me dit tout ce que sa gorge retient.
L'élévation de nos pensées se manifeste dans la joie, d'une réflexion apaisée et de sentiments qui flamboient.

Il frappe avec violence, ses coups sont secs et je perçois dans sa posture un semblant de haine, il garde la bouche grande ouverte dans l'espoir de faire un bruit et puise tout ce qu'il a dans son abdomen.

Ses tempes ruissellent des larmes que produit son corps et moi je le contemple encore.

Je le désire toujours, même en étant qu'un simple élément du décor.

Mes pupilles descendent le long de ses bras, ceux qui réussissent toujours à me calmer lorsque je me bats. Ses doigts tremblent autour de ma batte et alors que la brise estivale me susurre encore quelques énigmes, je me place derrière lui pour poser mes paumes contre ses mains moites.

Il pourrait se tendre, il pourrait me repousser ou simplement mal me regarder mais au lieu de ça il se blottit un peu mieux contre moi.

Puis je me souviens des paroles d'Haechan lors d'une de nos soirées risquées, celles où personne ne sait si l'on s'en sortira, celles où nos mots sont les plus sincères et les plus précieux qui soit.

« - Jen', aimer c'est aussi préférer un autre à soi-même. Une fois que tu trouves cette personne, tu ne veux que son bonheur, quitte à en perdre le tien. Fais gaffe, l'amour c'est beau mais ça peut rapidement devenir toxique. »

- Alors je suis déjà intoxiqué... »

À l'aide de mes pouces je caresse ses doigts et même si des flammes tentent de consumer l'intérieur de mon corps au simple touché de mon ami, je continue de le rassurer avant de me replacer à quelques mètres devant lui.

C'est tout ce que j'ai le droit de faire n'est-ce pas ?

Son regard ne me quitte plus et je discerne même un léger sourire sur son faciès unique tandis qu'au loin le soleil se couche pour faire place à la lune pacifique. En cette nuit de paroles égorgées, il me communique ses sentiments par les yeux faisant alors encore une fois mon cœur saigner.

Puis il frappe quand je lui envoie habilement la balle de mon enfance et à mon plus grand étonnement, la sphère est aussitôt renvoyée vers le ciel, non, en fait elle est renvoyée vers le firmament.
Alors il court et saute dans mes bras, ses mains s'accrochent presque désespérément à mon haut mais je ne proteste pas, je ne protesterai jamais contre lui.

Lorsqu'il relève son visage, sa bouche s'entrouvre en des mouvements que nous n'avons jusqu'à ce jour jamais élaborés et à l'instant où il répète ces derniers, je comprends son idée.

Je lis ses lèvres avec tellement plus de fascination que le meilleur des livres qui m'ait été donné, je bois inconsciemment ses paroles inaudibles et je me noie lourdement sous sa beauté.

Une fois chaque syllabe assimilée, les mots se forment et tout prend sens.

« J'ai réussi Jen' »

Je n'ai aucune réaction et je le vois recommencer ses chuchotements silencieux pensant sûrement que je n'ai pas réussi à saisir son message seulement j'ai compris et le feu a l'intérieur de mon ventre ne fait que grandir attaquant alors silencieusement mon esprit.

Alors dans un moment presque désespéré, je lui vole un baiser.

. . .ouǝɾ. . .
w̶a̶n̶t̶s̶
. . .ᴊᴀᴇᴍɪɴ. . .

You're My Fear [MARKHYUCK] [CHENSUNG] [NOMIN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant