Chapitre 23

1.1K 79 29
                                    

Jorge

Le 2 janvier 2018, Paris.

Comme tous les matins depuis presque une semaine, je me réveille paisiblement dans mon lit, avec Ylana et Tini à mes côtés. Nous vivons tous les trois comme sur un petit nuage. Ouais, c'est vraiment cliché, mais bon.
Je redécouvre mon premier amour. Dès qu'Ylana dort, nous en profitons pour faire l'amour. Je suis obsédé par elle. On s'est mis d'accord, on emménagera ensemble en rentrant, avec Ylana bien sûr. Ruggero et Camila ont essayé de nombreuses fois de me mettre en garde, ils disent que nous allons trop vite. Ils ont probablement raison, mais je ne veux plus perdre de temps. Tant pis si notre relation ne dure pas toute une vie, au moins on aura profité.

Je caresse la tête de mes deux princesses. Ylana se réveille et me grimpe dessus. Elle vient alors reposer sa petite tête sur mon torse. Je me réjouis d'avoir des enfants, j'adore ça. Je m'imagine en avoir avec Martina, car pour moi elle a toujours été la fille avec laquelle je ferais toute ma vie. Je pourrais adopter Ylana pour devenir son père légal, elle aurait ainsi un vrai papa pour elle, au lieu de ce psychopathe de Peter.

Elles s'en vont toutes les deux demain soir, Tini avait réservé les billets depuis un moment, et les annuler nous coûterait trop cher.

Elle roule et vient se coller à moi, posant tendrement ses lèvres sur les miennes. Je souris comme un abruti, mais je m'en fiche.

- Salut toi.

Je remets une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Elle sourit à son tour, la frimousse toute endormie.

- Coucou.

L'hiver bat son plein ici. Le paysage s'est recouvert d'une tendre couverture blanche, et la température a baissé. L'avantage d'être à trois dans un lit pas énorme, c'est qu'au moins on a bien chaud. Je sens sa tête peser plus lourd sur mon épaule, je tourne alors la tête. Elle s'est déjà rendormie. Elle est trop mignonne. Elle est à moi.
Je la pousse délicatement et la repose sur le coussin. Elle ne se réveille même pas. Je prends Ylana contre moi, me lève et sors de la pièce.

- Je veux des crêpes.

Elle fait la moue et pose son menton sur mon épaule. Je me dirige vers la cuisine.

- On peut en faire, si tu veux.

- Oh oui papou.

Je la dépose sur le plan de travail, comme à notre habitude et sors les ingrédients. Ylana adore préparer la pâte avec moi. Elle rigole à chaque fois que je casse les œufs. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi, mais j'ai toujours trouvé ça mignon. Je m'occupe maintenant de cuire les crêpes. La petite reste silencieuse puis relève la tête.

- Papou, quand je rentre à la maison, tu viens aussi ?

On ne lui en a pas encore vraiment parlé avec Tini. Nous n'avons pas encore trouvé d'appartement. Du coup, je ne sais pas trop ce que je suis censé lui répondre.

- Oui princesse.

- Cool.

Elle se fait glisser du plan de travail et vient se poster debout à côté de moi.

- Pourquoi tu la fais pas sauter ?

- De ?

- Ben la crêpe.

Elle rigole.

- Ce n'est pas une bonne idée.

- Allez, s'il-te-plaît. C'est trop drôle. Maman elle le fait des fois.

Maintenant c'est moi qui m'amuse. Imaginer Tini envoyer une crêpe en l'air et tenter de la rattraper est vraiment très drôle.

- Ta maman fait ça ?

- Oui.

Bon, si ça peut l'amuser.

- Bon d'accord.

- Génial !!

Elle se recule un peu. Je retire la poêle d'au-dessus de la plaque de cuisson. Je lance la crêpe en l'air et fais tout pour la rattraper. Malheureusement, elle retombe sur le bord et se casse en deux. Un morceau restant dans la poêle et l'autre tombant à terre.
La petite éclate de rire et je l'imite.

- Ne dis rien à maman hein.

- Promis.

Je continue de rire et ramasse la crêpe cassée.

- Pas besoin, j'ai tout vu.

Je sursaute et me retourne. Tini est appuyée dans l'embrasure de la porte, les bras croisés sur la poitrine.

- C'est pas moi, c'est lui !

Ylana me montre du doigt. Je dépose la poêle et lève les mains innocents.

- Quoi !? C'était son idée !

Et là, Martina explose de rire.

- Du calme les enfants.

Je rigole aussi.

- J'ai tenté, mais je ne suis pas vraiment doué.

Elle nous rejoint en rigolant. Elle porte la petite et la repose sur le plan de travail. Elle vient ensuite vers moi, et enroule ses bras autour de ma taille.

- Alors comme ça, vous préparez des crêpes.

- C'était mon idée.

Ylana lui fait un grand sourire.

- Ça ne m'étonne pas.

Je la prends entre mes bras en cuisant la dernière crêpe. Je suis tellement bien. On dirait une petite famille cliché digne d'une telenovela, mais je n'en ai rien à faire. Je suis heureux, et j'ai l'impression que je n'avais pas été comme ça depuis un long moment.

- Bien dormi ?

Je dépose un baiser sous son oreille. Elle sourit et se colle un peu plus à moi. Elle hoche la tête, complètement détendue. Ylana nous dévisage, je crois qu'elle ne comprend pas trop ce qui se passe entre nous deux, j'espère que ça ne la perturbe pas trop. Surtout avec toute l'histoire qu'il vient d'y avoir avec son père, elle doit être assez traumatisée.
Je dépose la dernière crêpe sur l'assiette et les dépose sur le plan de travail. Je range tout vite fait dans le lave-vaisselle et sors des assiettes et des couverts.
Nous mangeons tranquillement notre petit-déjeuner dans le calme, entre éclat de rires et sourires.
Aujourd'hui, Martina a prévu de faire ses valises. Je n'ai pas envie qu'elles partent, je vais m'ennuyer la dernière semaine qu'il me reste sans elles. Je m'occupe de débarrasser, pendant que Tini commence à tout rassembler dans la chambre, et qu'Ylana regarde la TV. D'habitude elle n'aime pas trop qu'elle soit scotchée devant des écrans, mais là ça lui permet d'être tranquille pour tout remballer. Je passe à mon tour par la chambre pour prendre quelques affaires et aller me doucher. Je dois m'occuper de revendre ma voiture le plus tôt possible. J'ai mis une affiche depuis un moment déjà, mais je n'ai pas reçu beaucoup d'offres.
Je suis affairé à la salle de bain, quand j'entends Martina m'appeler.

- Jorge ?

Sa voix est super étrange. Je ne la reconnais pas.

- Ouais ?

- Tu peux venir une minute, s'il-te-plaît.

Je le sens mal, vraiment très mal. Soudain, je me retrouve projeté quelques années dans le passé. Elle m'avait appelé de cette même voix, pour me dire ensuite que c'était fini entre nous, car elle avait quelqu'un d'autre et qu'elle ne m'aimait plus. Je secoue la tête, enfile vite un caleçon, et ouvre la porte donnant directement dans la chambre.

Je tombe des nues. Elle est assise sur le rebord du lit avec ça en main. J'aurais dû m'en débarrasser putain ! Au lieu de ça, je l'avais bêtement balancé au fond de la garde robe. Je n'avais pas pensé une seconde au fait qu'elle la trouverait...

¿Dónde está tu mamá ? {JORTINI} Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant