Chapitre 34

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Jorge

Tout est là. Elle a tout dit. Tout ce que j'espérais qu'elle m'explique est couché sur ces feuilles.
Je me sens nettement moins en colère contre elle, parce que dans un certain sens je peux comprendre pourquoi elle a fait ça. Mais elle a commis une erreur, que je ne peux pas effacer du jour au lendemain, et ça on le sait tous. Elle me rend fou, littéralement. D'abord elle me quitte, puis elle revient, et maintenant j'apprends ça. Mais le pire dans tout ça c'est que je l'aime quand même. Je ne peux pas m'en empêcher.
J'ai besoin de temps pour réfléchir, même si cette lettre tend énormément en sa faveur. C'est la mère de mon bébé... J'ai perdu beaucoup de temps avec elles c'est sûr, mais je ne pourrai jamais retourner en arrière. Alors est-ce utile de continuer à le gaspiller ?
Je souffle un coup et me laisse tomber sur mon lit.
Ces derniers temps ont vraiment été épuisants, je ne sais vraiment plus où donner de la tête. Je fixe le plafond, comme si une réponse allait me tomber dessus subitement.
Elle m'aime, je le sais. Et moi aussi je l'aime. Mais ça ne dépend pas que de ça, si ? Cela serait tellement plus simple.

Je vais pouvoir me vider l'esprit en travaillant. Je remplace quelqu'un à l'hôpital de la ville aujourd'hui. Je fais une garde de 14h à 22h alors je vais pouvoir m'occuper.
Je me change rapidement et file travailler.

Je reviens du boulot mort crevé. L'ambiance était géniale là-bas, et je remets tout en question. Est-ce que c'est mieux que j'ouvre mon propre cabinet ou alors de travailler à l'hôpital ? Je peux peut être alterner les deux ? Ça m'a énormément plu, et le chef de service était très content de moi. Ils ont une place à m'offrir, une très bonne place.
Je passe sous la douche en vitesse et vais directement me coucher. Une fois glissé dans les draps, j'attrape mon portable et je souris en voyant Ylana sur mon fond d'écran. Ma petite fille. Elle me manque tellement déjà. J'irai la voir demain, même si c'est Tini qui la garde, j'ai besoin de la voir.
Inconsciemment, je fais défiler plusieurs photos dans ma galerie et je tombe quelques unes qui datent des fêtes. Mon cœur se serre. Un cliché de nous trois me saute aux yeux. On dirait une petite famille... En soi on l'est. Ça pourrait être tout le temps comme ça.
Je le repose sur la table de chevet. Je ne vais jamais pouvoir m'endormir.
Alors comme un con, je me redresse et ouvre mon tiroir pour en sortir ces feuilles. Et je relis la lettre.

Martina

Je tiens ma fille contre moi, mais je guette mon portable toutes les cinq minutes. Toujours rien. Il a eu toute la journée pour réfléchir et il ne m'a donné aucun signe. Est-ce qu'il l'a lu ? Il ne se sentait peut être pas prêt à le faire ?

- Pourquoi papa reste pas à la maison ? Il va encore partir comme tu m'avais dit ?

Ylana me sort de ma rêverie. Mon cœur se serre, parce qu'un de mes mensonges me claque encore dans la figure.

- Non, il ne va pas partir. Et papa il fait dodo chez lui parce qu'il avait des choses à faire.

Je passe les doigts dans ses cheveux. Oh mon bébé je suis tellement désolée. Tu mérites d'avoir une famille unie. Mes yeux me brulent mais je lutte pour ne pas craquer devant elle. Je me sens tellement mal. Elle aime tellement son papa, comment je peux encore me regarder en face après tout ça ?

- Je t'aime mon bébé, tu le sais ça pas vrai ?

Ylana reste collée contre ma poitrine avec son lait chocolaté dans les mains.

- Moi aussi maman.

Elle est captivée par les dessins animés. C'est notre routine à toutes les deux, mais tout me parait beaucoup plus triste dorénavant. Rien ne sera plus jamais pareil après ce qu'il s'est passé à Paris.

¿Dónde está tu mamá ? {JORTINI} Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant